Chapitre II - Les Domestiques

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C'est quoi, ça ? Je suis dans un endroit tout noir, je suis trempée et épuisée au sol. Je rente de me relever, mais mes jambes ne répondent plus. La lumière commence à apparaître autour de moi... J'aurai préféré rester dans le noir à tout jamais. Je suis sur une pile de cadavres, de toutes les époques, ensanglantés, mutilés, tous différents , tous morts. Je veux sortir d'ici, mais je ne rend compte sur quel cadavre je suis juchée. C'est ma mère ! J'hurle à la fois de dégoût et de désespoir, puis je tombe du haut de la pile et je plonge dans une masse noire dans laquelle je m'enfonce de plus en plus...

Pour atterrir dans des draps blancs immaculés. J'ouvre les yeux en grand. Trois visages me fixent de leurs grands yeux étonnés. Une jeune fille en habit de domestique et aux énormes lunettes, un cuisinier mal rasé une cigarette à la bouche et un jeune jardinier aux yeux verts et au chapeau de paille. Etonnés comme ils sont, ils me font un peu peur. Je sursaute et leur demande prestement.

- Où je suis ? Que s'est il passé ?

- Vous êtes dans le manoir du Comte Phantomhive, mademoiselle, me répond la domestique avec un large sourire.

- On ne sait pas trop ce qui s'est passé, seulement que le majordome et le maître vous ont trouvé et ramené ici, poursuit le cuisinier.

- Ne bougez pas trop, surtout, vous avez une cheville tordue, me souffle le jardinier.

- Alors, c'est le comte qui m'a trouvé et ramené ici ? J'aimerai le voir pour lui parler...

- Vous ne parlez pas sérieusement ? Vous êtes trop faible pour aller où que ce soit ! me retiens la domestique.

- Et puis, Monsieur n'est pas là, son majordome non plus, d'ailleurs.

- Il nous a chargé de veiller sur vous jusqu'à ce qu'il revienne.

Je soupire dans mon lit. Je n'ai pas le choix, j'attendrais donc la venue du comte de Phantomhive. Ce nom ne m'est pas inconnu, c'est le plus grand fabricant de jouets et de friandises qui existe de la Grande-Bretagne. En attendant, les domestiques ne vont pas me laisser m'ennuyer, j'ai l'impression. Ils sont si souriants, mais maintenant, je ne sais plus comment faire. J'ai perdu ma mère hier, et ce pour toujours. Plus jamais elle ne me chantera ma chanson avec sa voix claire.

- Je vais aller m'occuper de mes tâches ménagères ! s'exclame la domestique en sortant.

- Et moi, je vais vous concocter un bon petit déjeuner pour vous remettre d'aplomb !

La domestique et le cuisinier partis, je reste dans ce grand dortoir avec le jardinier. J'essaye de chasser mes larmes en sa présence, mais ma tristesse a besoin de sortir. Je m'effondre sur moi même en pleurant tout ce que mon corps peut pleurer. Le jardinier est surpris, il panique un peu en se demandant ce qu'il doit faire et me demande prestement :

- Que... Qu'est ce qui ne va pas, mademoiselle ??

- Je n'ai plus rien... Plus de mère, et plus de sourire... Les deux choses les plus précieuses pour moi sont parties à jamais...

Le jeune homme a l'air profondément et sincèrement touché par ce que je viens de dire. Il porte des gants de jardinage mais les enlève pour essuyer les larmes qui coulent. Ses mains sont chaudes et rugueuses. Lorsque je parviens enfin à me calmer, il me demande :

- Comment vous appelez-vous, mademoiselle ?

- Je... Je m'appelle Makka.

- Enchanté, je m'appelle Finnian, mais tout le monde m'appelle Finny. Vous voulez que je vous apporte quelque chose ?

- Non, merci quand même.

- Vous avez dit que vous avez perdu votre mère ?

- Snif... Oui, hier, ma mère m'avait dit qu'elle rentrerai plus tôt. Quand je suis arrivée chez moi, il faisait déjà nuit. Et c'est la que je l'ai trouvée, inanimée sur le sol de la cuisine...

- C'est affreux... Je suis véritablement désolée, mademoiselle. Moi aussi j'ai perdu mes parents pour toujours. Mais vous n'avez pas de père ?

- Non, je ne l'ai jamais vu, il s'est enfuis avant ma naissance.

-Euh... Désolé...

-Ce n'est rien...

Un moment passa sans que l'un d'entre nous ne prononcions un mot. Je priais intérieurement pour que quelque chose intervienne pour briser la glace.

La porte s'ouvre en grand, laissant apparaître le cuisinier en piteux état, recouvert de fumée et les habits déchirés. Il apporte un délicieux plateau de petit déjeuner avec des toasts, du beurre, du miel et un chocolat chaud. Brûlant, même. À cet instant, je goûte... Et quelque chose d'inimaginable se produit. Je souris ! J'en suis la première surprise. Malgré le fait qu'il soit brûlant, c'est le meilleur chocolat chaud que j'ai jamais bu. Je me met à manger et à prendre des forces, sous l'œil des domestiques. Je me sens beaucoup mieux. Tout à coup, la porte s'ouvre en trombe et la jeune femme domestique (en piteux état, les mains couvertes de pansements) entre pour m'annoncer que le comte et son majordome sont rentrés au manoir. Je veux me lever ! J'ai quelque chose à leur dire !

Sans demander l'avis de qui que ce soit, je sort difficilement de mon lit à cause de ma cheville et me dirige vers la sortie. Les domestiques se ruent vers moi, en m'aidant à marcher. Je boite, mais ils me laissent m'appuyer sur leurs épaules. J'ai mal, mais je ne montre pas ma douleur. Nous arrivons en face de l'escalier, que nous gravissons lentement. Une fois devant la porte du bureau du comte, les domestiques me laissent. Je m'apprête à toquer à la porte, mais le majordome en noir a été plus rapide. Il m'ouvre la porte froidement et me laisse entrer. Le comte de Phantomhive...

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