Lacrimosa

Chapitre V - Un bal chez les Phantomhive

        Je n'ai pas dormi de la nuit. Je suis tourmentée à l'idée de ce bal, je ne sais même pas danser ! Et je n'ai pas de robe à me mettre.... Puis, je ne vois pas quel intérêt le comte a de nous faire danser. Nous devons rester domestiques pour servir les invités, pourquoi donc nous faire danser ? Enfin, je ne peux pas échapper à ce bal...

        La matin arrive plus tôt que je ne le crois. Sebastian nous prie de ranger les fanfreluches que Lady Elisabeth a éparpillé dans le manoir et mettre la décoration traditionnelle. C'est vrai que les peluches, ça ne fait pas très bon effet devant la haute société. Puis nous devons tous préparer les amuse-gueules pour les invités, sortir le champagne, et là... Nous n'avons jamais été si efficaces. D'un côté Bard qui se tue les reins pour porter les caisses de champagnes, May Linn qui calcule au millimètre près où disposer les amuse-gueule sur un plateau, Finny qui porte avec une précaution extrême les verres à pied, et moi qui sort les seaux et les glaçons. Tout est prêt, impeccable, parfait. Un vrai travail d'équipe. Mr. Tanaka n'a pas vraiment aidé, mais dans son côté léthargique, il ne peux pas faire grand chose.

        Puis Sebastian nous explique son plan. Comment faire pour exaucer la volonté du maître, mais en même temps servir les invités ? En portant nos habits de bal sous nos habits de domestiques, et enlever ces derniers une fois la danse commencée. Sous ma robe de domestique, je porte une magnifique robe écarlate sertie de pierres précieuses d'un rouge profond. Je porte aussi un splendide collier doré serti d'ambre, de topaze et d'œil-de-chat et des boucles d'oreilles assorties. Je crois que c'est un peu trop, le maître est tellement généreux ! Quand à May Linn, elle portait une superbe robe mauve avec des bijoux en argent sertis de diamants. Le comte ne nous offre pas ces habits, mais il nous permet de les revêtir. Je pense que les garçons ont hâte de voir nos tenues. J'enfile très difficilement mes habits normaux par dessus ma robe de bal.

        Les premiers invités sont déjà arrivés. Elisabeth est déjà là, dans une robe rouge qu'elle s'amuse à faire virevolter. Un homme attends dans le hall, un asiatique les yeux mi-clos, accompagné d'une jeune fille aux allures de chat en robe chinoise. Apparemment, il s'agit d'une connaissance de Monsieur, Lau, qui est un homme important du commerce britannique. Les suivants ne tardent pas, arrivent en groupe le prince Soma Asman Khadar et son majordome Aghni, tout deux en sari, le vicomte de Druitt, que Monsieur n'a pas l'air d'apprécier, des comtes, des ducs, des marquis, des célébrités... Et en un rien de temps, le hall est rempli. Nous ne savons plus où donner de la tête, entre les verres de champagne et les amuse-gueules, les invités, la musique... J'ai la tête qui tourne. Enfin, Sebastian tape des mains et une musique au violon commence à jouer. La bande de domestiques que nous formons se dirige vers le couloir où nous nous dépêchons d'enlever nos vêtements normaux. J'enlève mes bottines et chausse les chaussures de bal que le comte m'a prêté. Les garçons sont frappés. Je suis si belle que ça ? May Linn est quand à elle terriblement mal à l'aise.

Nous paraissons aux yeux de tous. Personne ne nous voit ou nous remarque. Seul Mr. Lau voit que nous avons changé de tenue.

- Ça alors, Comte, vous ne m'avez pas dit que vos domestiques allaient eux aussi danser !

- Oui, c'est dans l'esprit des Phantomhive, et celui de la reine. Tout le monde, quelqu'il soit, peux participer.

- C'est fascinant, et tellement généreux, monsieur le comte !

        Le comte préfère ne pas répondre et s'en va demander à Mlle. Elisabeth si elle veut être sa partenaire. Et voilà les deux fiancés tournant dans le hall au milieu des autres invités. On ne voit qu'eux. Finalement, May Linn est invitée par le majordome du prince Soma. Elle ne peut pas refuser ! Et la voilà qui part dans une gracieuse valse. Bard préfère ne pas danser. Quand à Finny, il jette un regard dans ma direction, puis se résigne. J'hésite à l'inviter, moi aussi. Il porte un beau costume vert kaki avec un noeud rouge. Finalement, je fait le premier pas.