J'arrivai enfin devant une maison. Il y avait de la lumière à une fenêtre et un feu brillait dans la cheminée. Tremblante de froid, j'avançai avec ma valise jusqu'à la porte et je sonnai.
La pluie battait mon visage et deux mèches de mes cheveux, collées par l'eau à mon visage, dépassaient de mon capuchon. Mes genoux tremblaient si fort qu'ils s'entrechoquaient et ma main qui portait ma valise était transie de froid. Il devait être très tard et j'étais si fatiguée que j'eus soudain envie de pleurer.
Au moment où une larme fugitive commençait à couler sur ma joue et le long de mon nez, la porte s'ouvrit et la silhouette d'une homme apparut, tenant une lampe à la main. Je ne voyais pas son visage qui se trouvait derrière le faisceau lumineux de sa lampe et éblouie je clignai des yeux avant de bégayer un bonsoir inaudible.
L'homme leva sa lampe plus haut et je dus couvrir mes yeux de ma main libre pour pouvoir le regarder. Il s'appuya contre le chambranle de la porte, attendant visiblement des explications sur ma présence à la porte de sa maison.
- Bonsoir, euh, je.. j'ai dérapé dans le fossé avec ma voiture, un peu avant le motel et je n'ai pas réussi à redémarrer le moteur. »
Je souris stupidement en guise d'excuse et il s'approcha de moi. Il était blond et une mèche folle barrait son front. Enfin il parla:
- Vous avez marché depuis le motel... jusqu'ici? »
Sa voix était grave et chaude et je repris confiance:
- Oui, depuis avant le motel.
- Vous n'y êtes pas allée? Pour demander de l'aide ?
- Si, répondis-je, ils m'ont dit qu'ils n'avaient plus de chambre.
- Et pour la voiture?
- On m'a répondu qu'ils ne pourraient pas m'aider et qu'il fallait aller jusqu'aux habitations... et je suis arrivée chez vous en voyant de la lumière à une fenêtre. »
J'étais extrêmement gênée d'arriver dans cette région que je ne connaissais pas, chez des inconnus et surtout à une heure pas très correcte pour se présenter ainsi chez des gens.
- Entrez, dit-il, vous devez être exténuée n'est-ce pas ? Et vous êtes trempée, venez vous réchauffer avec nous. »
Je le remerciai et entrai dans la maison. Je posai précautionneusement ma valise par terre et remuai mes doigts gelés avec une grimace. Je me tournai vers l'homme qui m'avait ouvert et lui jetai un regard reconnaissant. J'ôtai mon manteau trempé et il le prit pour l'accrocher au portemanteau.
Je vis enfin son visage. Il était blond et ses yeux étaient brun vert. Il était plutôt beau et avait un sourire charmant. Il était bien bâti, grand et large d'épaules. Je me souviens qu'il portait une chemise bleue à carreaux et un jean.
- Vous n'êtes pas trop mouillée?
- Oh non, dis-je en rajustant les mèches collées à mon front, juste un peu les jambes mais c'est tout.
- Vous avez quelques affaires ? Vous voulez vous changer?, demanda-t-il.
- Volontiers, soufflai-je, mais je ne voudrais pas vous déranger trop longtemps...
- Mais non, dit-il en riant, Marilyn va s'occuper de vous. Marilyn, appela-t-il, viens! »
Je fus très surprise de voir qu'il n'était pas seul et il dût s'en apercevoir car il me dit:
- Nous sommes six ici.
- Oh, parfait, c'est vraiment super... ah bonsoir madame, je m'appelle Emilie Marti... et je suis très reconnaissante de votre hospitalité.
- Mais c'est normal! Pauvre chou, montez à la salle de bain vous changer et redescendez vous réchauffer au coin du feu avec nous. Je vous apporte un linge. »
Elle était très enjouée et un peu plus loquace que l'homme dont je ne connaissait pas le nom. Je montai donc, ma valise à la main, jusqu'à la salle de bain. J'entrai et ôtai de suite mon gilet. J'ouvris ma valise et en sortis un pantalon de training avec une veste à capuche assortie.
Marilyn frappa et entra en me tendant un linge.
- Merci beaucoup ! Euh... c'est votre mari?
- Qui? Christian? Oh non, rit-elle, c'est mon frère. »
Je fis un signe de la tête et je me changeai rapidement. Avant de sortir je jetai un oeil au miroir et je vis mon visage rougi par le froid. Je détournai les yeux, comprenant pourquoi Christian m'avait dévisagée ainsi. Je bouclai ma valise et descendis.
Marilyn m'attendais au bas des escaliers et je la suivis dans la pièce à gauche de l'entrée. Il y avait une cheminée et une table à manger à laquelle se trouvaient deux enfants, Christian et un autre homme. Je comptai: cinq.
- La femme de David est en ville, me dit Christian.
- Vous lisez dans mes pensées...
- Possible. Installez-vous avec nous, dit-il en prenant une chaise et la plaçant en bout de table, vous avez mangé?
- Oh oui oui, j'ai déjà mangé merci. »
Ce fut le plus gros mensonge que j'eus dit. En vérité, je n'avais pas mangé depuis plus d'un jour. Mon estomac confirma ce mensonge en émettant un gargouillement qui me fit rougir et je baissai les yeux.
Christian rit et me donna une assiette et des couverts en me donnant une tape amicale sur l'épaule. Je souris. Ce fut mon premier repas chez les Cooper.
- Emilie? Racontez nous votre périple si cela ne vous dérange pas? »
Je posai les couverts à salade et, prenant une grande inspiration je commençai mon récit.
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Il était une fois dans le Montana
RomanceLorsqu'Emilie Marti, 20 ans, perd sa soeur et ses deux neveux dans l'incendie de sa riche maison de New York, elle se retrouve seule au monde. Elle arrive dans le Montana un mois et demi plus tard, abandonnant du jour au lendemain sa ville natale...