35. Vider le sac

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- William -

Cela fait maintenant plus d'un mois qu'Emily a commencé les séances de chimiothérapie. Les médecins l'ont rapidement prise en charge au Mémorial Sloan, ils lui ont fait quelques tests et, par chance, aucun autre organe n'a été touché. Elle doit donc pratiquer deux séances de chimio par semaine, et je suis présent à chacune. Je ne peux pas la laisser faire ça toute seule, surtout dans un moment où elle a le plus besoin de moi.

Il ne lui en reste plus que deux la semaine prochaine, et le premier cycle sera fini. Ils lui feront donc des tests pour observer la taille de la tumeur, et peut être envisager une opération selon les résultats. Mais je ne veux pas me faire de faux espoirs, alors je me contente de vivre au jour le jour. Malheureusement, les chimio ont beaucoup affecté Emily. Elles sont très lourdes et puissantes, la fatiguant au quotidien. Les médecins lui ajoutent d'autres médicaments à côté, ce qui n'arrange rien.

Dès le début, j'ai senti qu'elle commençait à perdre de l'énergie, mais elle gardait tout pour elle. Je savais que tout ceci l'affectait, mais elle essayait de le cacher derrière des sourires. Et puis, à un moment, je me suis absenté un petit moment pour aller faire quelques courses, c'était après sa troisième chimio, et quand je suis rentré je l'ai trouvée dans la salle de bain, une paire de ciseaux à la main, son visage ravagé par les larmes. Ses cheveux tombaient par poignées, et elle a tenté de se les couper pour les raser, mais elle n'en a pas eu la force. Elle ne pouvait tout simplement pas faire ça toute seule, et je la comprends. Je l'avais donc prise dans mes bras, essayant de la calmer, et par la même occasion, tout en retenant mes larmes, je me suis occupé de lui raser la tête. Ca a été extrêmement dur pour elle, et c'était mon rôle de lui remonter le moral. Je lui répète chaque jour à quel point elle est belle et que je l'aime comme un fou. Je sais que ce n'est pas grand-chose, mais je ne suis pas un magicien, je ne peux rien faire pour la guérir.

Petit à petit, elle perdait sa joie de vivre, elle se renfermait sur elle-même. Encore aujourd'hui, elle ne rit et ne sourit plus. Ca me brise le cœur de la voir comme ça, j'ai l'impression de ne plus la reconnaître. Mais c'est le cancer qui parle, ma Emily est toujours là, je le sens. Alors je fais tout ce que je peux pour lui remonter le moral, même si ça ne marche pas à chaque fois.

Le seul moment où elle a retrouvé un peu de joie de vivre, c'est lorsque nous avons fêté mes vingt et un ans, dans un petit restaurant italien. Je sais qu'elle n'était pas très à l'aide de sortir, alors que son crane était rasé, mais je l'ai rapidement mise à l'aise, et nous avons bien ri. J'ai l'impression que nous sommes sur la bonne voie.

On vient tout juste de rentrer d'une séance, et Emily m'a averti qu'elle allait prendre une douche. Après un rapide baiser, je la vois disparaître dans la salle de bain, et j'entends l'eau de la douche se mettre à couler. Ce soir, c'est soirée films, on en fait une à chaque fois que nous rentrons d'une séance de chimio. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour lui faire oublier tout ça pour un moment.

Mais, au bout de vingt minutes, je me rends compte de quelque chose. Je n'ai pas entendu l'eau s'arrêter. Pas à un seul instant. Je me dirige alors vers la salle de bain, et toque à la porte.

— Emily ? Tout va bien ?

Aucune réponse. Ce n'est pas son genre, elle ne veut jamais m'inquiéter, peu importe la raison.

— Emily ? tenté-je à nouveau. Je peux entrer ?

Toujours rien. Je commence sérieusement à m'inquiéter. Je tente alors d'ouvrir la porte, mais elle est fermée à clé. Je pose le creux de ma main sur cette dernière, ainsi que mon front. Mes yeux sont fermés, j'essaie de comprendre ce qu'il se passe et ce que je peux faire. Mais rien ne me vient. Je suis complètement perdu face à ce qu'il nous arrive. Je lâche un soupir, me rendant compte que je suis, à nouveau, impassible. J'essaie de faire tout ce qu'il faut pour elle, pour lui remonter le moral, mais j'ai toujours l'impression que ce n'est pas suffisant.

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