Le roi

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La bête avait fermé les yeux. C'était le meilleur moment pour fuir, je le savais, mais l'esprit et le corps baignant dans une douce torpeur post orgasmique je n'arrivais pas à rassembler suffisamment d'énergie pour le faire. Et puis même si je ne voulais pas me l'avouer, je n'avais pas vraiment envie de fuir. La bête ne m'avait fait aucun mal, il m'avait protégé des créatures dans la forêt, m'avait amené en lieu sûr nourrit, soigné et m'avait...fait du bien.

Je me mis à rougir.

« Du bien ? Oui il t'a fait jouir deux fois ! Son pénis bien profond dans ton cul tu as crié de plaisir et t'es tortillé en gémissant. Tu as même aimé quand il t'a pénétré plus fort ! »

Je secouais vivement la tête pour chasser ses pensées. Non ça ne pouvait pas être vrai ! Ce n'était pas moi. Je n'étais pas comme ça ! Ce corps si embarrassant ne pouvait pas être le mien ! Je n'étais même pas gay... je je...

Je me rendis compte de l'absurdité de mes pensées, mon hétérosexualité n'avait rien à voir là-dedans. J'étais un lâche qui essayais de se voiler la face et de se cacher derrière de faux prétextes. Il n'y avait qu'une chose qui comptait ; homme, loup, bête ou peu importe, il m'avait baisé et j'avais aimé. C'était aussi simple que ça.

Comme si le bruit de mes pensées l'avait alerté la bête rabatis sa main en travers de mon torse comme pour me recoucher. J'attendis mais il ne bougea pas d'avantage. A demi allongé sous moi il était dans une posture détendu, qui laissait penser qu'il était endormi, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration lente et régulière. Les dessins bleus qu'il s'était fait, s'adaptant étrangement à son changement de physionomie, brillaient sur le noir de sa fourrure et de la nuit. Mes propres tatouages au suc bleu résistant à mon bain forcé, mon passage méticuleux sous la langue du loup et à ma récente partie de jambe en l'air illuminaient ma peau. J'en suivis le dessin des yeux qui se découpait clairement contre les résidus de poudre doré et de pollen. Là où chez la bête ce n'était qu'arabesque moi c'était des tracés rectilignes. J'en devinai sur mon visage à la manière dont mon nez me semblait luire.

Quel était la signification de ces tatouages ? Faisaient-ils partie d'une sorte de cérémonie ? Depuis mon entrée dans la forêt les événements étranges n'avaient cessé de se succéder, des papillons à ma course dans la forêt jusqu'à l'île où je me trouvais, tout semblait s'inscrire dans une sorte de parcours rituel.

La bête avait parlé d'élu.

-Pourquoi je suis là ? Demandai-je brusquement.

La bête poussa un grognement comme si j'avais interrompu quelque chose de particulièrement agréable.

-Tu dis être le roi, mais le roi de quoi ? Et c'est quoi cette histoire d'élu ?

-Humain aime trop parler, grogna-t-il en se redressant néanmoins.

-Et toi pas assez ! J'ai l'impression que tu en sais plus que ce que tu ve...Eh ! Tu fais quoi là ?

Il s'était penché sur moi pour m'attraper les épaules.

-Si humain énergie parler, humain énergie pour autres choses.

-Hein ? Autres choses ?

Il me passa son énorme langue sur le visage.

-Non ! Pas autre chose ! Tentai-je de le repousser. Répond à mes questions d'abord ! Qu'est-ce que...

-Loup attendu assez. Humain reposé maintenant.

Je reculai vers l'arrière en remontant contre la branche.

-Quoi ? De... ? Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne...

La tanière du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant