La Bête

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Je regardai autour de moi soudain alarmé que quelqu'un ait pu assister à ça. Avant de me tourner vers la source pour rincer frénétiquement la preuve de ma honte.

Je n'avais jamais aimé...été attiré...enfin même conçu l'idée de trouver un rapport entre... une bête...un animal et un-un... humain... ! Bordel j'étais pas porté sur la zoophilie merde ! Sans parler de jouer le rôle de passif dans une relation homosexuelle ! J'étais même pas gay pour commencer !

Je ne pouvais pas avoir imaginé une chose pareille, c'était inconcevable. Mais ce qui m'était encore plus abominable était que je ne pouvais pas avoir tiré du plaisir d'une chose pareille.

Je me frottai frénétiquement les mains sous l'eau comme si je cherchais à m'arracher la peau. Un autre sujet fit monter mon angoisse ; j'étais pas du tout calmé. J'aurai dû être soulagé et pourtant la tension n'avait pas quitté mon corps.

Le hurlement d'un loup s'éleva à nouveau dans la nuit et je bondis sur mes jambes. J'avais encore sentit le pic d'excitation me traverser le corps. Je fis alors la seule chose que je savais faire dans ce genre de moment, je me mis à courir. Courir pour laisser derrière moi ma honte, mon horreur, mon trop plein émotionnel. Je ne pensais à aucun moment que c'était absurdement dangereux de courir dans une forêt en pleine nuit, alors que la tête me tournait et que j'avais toutes les chances de trébucher sur une racine, de tomber dans un fossé, de me casser une jambe ou de me briser la nuque.

Je freinai brusquement ; j'avais vu quelque chose d'énorme passer devant moi.

Je sondai la nuit tous les sens en alerte et me retournai d'un bond quand j'entendis quelque chose glisser sur le tapis de feuilles mortes. Un grondement s'éleva derrière moi et je virevoltai à nouveau sans rien voir.

Je me pétrifiai tendu, le souffle court. Dans les films d'horreur c'était le moment ou le protagoniste tournait doucement la tête parce qu'il savait que la chose était juste derrière. Je le savais aussi, je sentais sa présence écrasante grandir lentement derrière moi. Je voulais me retourner, je voulais le voir. Je savais qu'il s'agissait des mêmes créatures qui m'avaient poursuivi dans la forêt, qui m'avaient chassé jusque dans l'arbre où j'étais suspendu. Mais je savais aussi que si je me retournais maintenant et que je la regardais la peur allait enlever tout ce qui me restait de courage.

Je bondis en avant. Mon esprit n'avait pas eu le temps de le penser mes jambes avaient agis. J'avais parcouru quatre mètres quand j'entendis le râle de colère de mon prédateur qui ne comprenait qu'à l'instant que je m'enfuyais. Je sentis le martèlement de ses pattes frappant le sol alors qu'il s'élançait à ma poursuite.

J'avais peur. Je ne voulais pas mourir. J'avais peur.

Je bondis par-dessus un rocher, dévalait une pente, courus encore plus vite et fort, y mettant toute l'énergie de mon désespoir.

Une autre créature surgit devant moi.

Je fus incapable de m'arrêter et ne put impuissant que relever les bras pour me protéger alors qu'elle me bondissait dessus. Mais le choc que j'imaginais n'arriva jamais et à la place je sentis quelque chose me frôler alors que le mouvement d'air déclenché par son passage balaya ma peau. Je vis comme au ralenti la bête percuter celle qui me poursuivait et je sentis résonné dans mes os le choc de leurs deux corps entrant en collision. Je continuais ma course tandis que retentissait derrière moi les grognements et grondements des deux bêtes. La terre tremblait sous leur pas et les troncs craquaient quand ils les heurtaient. Je couru encore une quinzaine de mètres avant de me résoudre à me retourner. Dans l'obscurité je ne discernai que des silhouettes flous une blanche et une noir qui parfois s'entremêlaient avant de se séparer et l'éclat blanc de long crocs.

La tanière du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant