Rêve

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Je m'éveillai en sursaut et me redressai d'un coup. Autour de moi sur le champ sauvage de la clairière le soleil se levait dardant sa lumière grise sur le paysage.

Qu'est-ce que je fichais là ?

Je frissonnai un peu dans la fraîcheur matinal et un coup d'œil autour de moi me fit retrouver mon T-shirt que je m'empressai de passer.

Je m'étais endormi dans la clairière ?

Je me sentais perdu et confus mais mon esprit analytique prenant les rênes j'arrivai à une conclusion.

Mon oncle allait me tuer.

La nuque parcourue de picotement et le corps lourd et douloureux, certainement d'avoir dormi n'importe comment, je me levai et marchai jusqu'à la ferme d'élevage de mon oncle. Je savais que j'allais le trouver réveillé, m'attendant de pied ferme une rosse à la main. A la place je fus étonné de le voir surgir de la maison et courir à ma rencontre en m'appelant.

-Fils j'étais si inquiet !

Je le laissai me prendre par les épaules pour m'inspecter de haut en bas, trop interdit pour réagir.

-Je te demande pardon oncle Andriy. Je... J'ai...

-Oublions ça ! S'exclama-t-il avec une bonhomie que je ne lui connaissais pas. Entre tu dois mourir de faim.

Et mort de faim je l'étais vraiment. Comme si j'avais passé la nuit à courir un marathon.

-Après une nuit dans la forêt on n'a pas idée ! Me morigéna mon oncle alors que je me levai pour mes corvées matinales. Tu dois être épuisé va donc te coucher !

Je me pliai à l'ordre qui ne souffrait aucun refus. Je dormis toute la journée ne me réveillant qu'au dîner pour trouver une table garni par mon oncle. Il était d'un chaleureux et d'un convivial inédit qui me fit lui pardonner toutes les fois où il avait pu être trop sévère.

Je rentrai chez ma tante deux jours plus tard, et pourtant même alors que j'étais sur le départ je n'arrêtais pas de me tourner vers la forêt avec le sentiment d'oublier quelque chose.

Ma tante et mes grands-parents firent une fête de mon retour multipliant les marques de tendresses et d'amour à mon égard.

-Tes parents seraient si fiers de toi, dit même ma tante en versant quelques larmes.

Ce fut les jours les plus heureux que je passais chez ma famille depuis le décès de mes parents. J'étais aimé et choyé. Bientôt je repris les cours et une routine quotidienne d'étudiant. Pourtant le sentiment que quelque chose avait changé, quelque chose de fondamentale, ne cessait de me tarauder.

Aux vacances suivantes je demandai à ma tante de retourner à la ferme de mon oncle. J'y passai cinq jours sans que pour autant cela n'apaise mon sentiment de vide. Je pris la décision de ne plus y retourner.

J'essayai de reprendre une vie normale en me disant qu'il s'agissait d'un contrecoup de la mort de mes parents. Je m'impliquai plus dans ma vie scolaire me fit une bande de pote avec laquelle je me mis à traîner souvent. Une fille m'intéressait aussi, et je sentais que je ne la laissai pas indifférente non plus. On commença à se fréquenter et au bout d'un mois on sortait presque ensemble. Plus d'une fois elle me proposa mine de rien de coucher avec elle mais à chaque fois je trouvais une excuse.

Je savais qu'elle en parlait avec ses copines parce qu'en quelques temps j'acquis la réputation de lover méga investit dans ses relations. Mes potes se foutaient de ma gueule en me traitant d'eunuque, et moi je me sentais de plus en plus mal. Comment leur expliquer que depuis que j'étais revenu de cette nuit dans la forêt plus rien ne m'intéressait vraiment ? Que je me réveillais parfois la nuit en sueur avec un sentiment de vide affreux au fond du ventre.

J'en étais même arrivé à penser que j'avais changé d'orientation sexuelle.

Un soir alors qu'en deuxième round de soirée ma plus qu'amie moins que petite copine avait réussis à me traîner dans un club Lgbt+ je m'étais même laissé draguer par des mecs pour voir si ça me faisait de l'effet. L'un d'eux m'avait mis la main aux fesses et essayais de me rouler une pelle quand ma presque petite amie nous avait surpris.

-C'est pour ça que tu veux pas coucher avec moi ! C'est parce que t'es gay !

Et elle m'avait versé son verre de bière dans la figure avant de se tirer du bar.

Après ça j'avais eu une vie sociale quasi nulle, ce qui n'avait rien fait pour arranger ma dépression. Je terminai mon année avec difficulté avant d'en prendre une autre sabbatique pour la suivante. J'avais décidé, malgré ma résolution, de retourner chez mon oncle, régler cette histoire pour de bon. Je retrouvais mon oncle vieillis. Lui qui semblait avoir la quarantaine depuis vingt ans avait pris plusieurs décennies dans le nez en quelques mois. Je l'aidai à la ferme où c'était surtout ses employés qui faisaient le travail maintenant qu'il prenait de l'âge. Chaque jour je me disais qu'il fallait que je me rende dans la forêt et chaque jour je le remettais au lendemain. Un jour pourtant je me réveillai à l'aube et décidai de faire un footing dans le bois à côté. Mes pas me dirigèrent d'eux même vers la clairière où je m'étais endormi.

Pourtant je savais que ce que je cherchais était plus loin. Je franchis le ruisseau et m'enfonçait dans la forêt qui me sembla plus belle et luxuriante que jamais. Je marchai un moment avant de franchir un autre cour d'eau d'un bond.

Alors que je me réceptionnais sur l'autre rive je sus instantanément. Tournant la tête je croisais tapis entre les ombres d'un bosquet, deux yeux jaunes.

La tanière du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant