Chapitre 5

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Dean gara l'Impala devant le motel délabré où lui et son frère s'étaient installé la veille. Tessa à ses côtés n'avait rien dit, préférant regarder le paysage qui défilait un peu trop vite à son gout. Tout en coupant le contact, il l'obligea presque à descendre de voiture et à le suivre. Dean laissa la porte de la chambre ouverte, se dirigeant droit sur l'ordinateur de son frère. Il connaissait heureusement le mot de passe par coeur... Tessa referma délicatement la porte derrière elle. Elle aurait voulu lui dire à quel point elle était désolée pour son frère. Mais comment prononcer ces mots quand la responsable de sa perte était sa soeur.

- Dean...

- Nos GPS sont toujours actifs au cas où on se retrouverait séparés.

- Dean.

- Je vais trianguler sa position et j'irai le chercher.

- Dean !

- Je n'abandonnerai pas mon frère !

Leurs voix étaient aussi fortes l'une que l'autre. Elle l'observa un instant les sourcils froncés et les yeux plissés. Il trouva un instant cette expression incroyablement sexy avant de se rappeler ce qu'il était en train de faire.

- Je vais t'accompagner.

Le visage crispé du chasseur ne laissait aucun espoir à une réponse positive. Alors elle tenta une approche axée sur les sentiments.

- Il s'agit aussi de ma soeur. Cette chose...l'a tué. C'est à moi d'en finir.

Dean soupira. Il ne voulait pas risquer de perdre une des leurs parce qu'il lui aura donné son aval pour aller chasser. Mais d'un autre côté, s'il avait été à sa place... et qu'une saloperie de polymorphe avait eu raison de son frangin... Il aurait aussi voulu lui faire la peau.

Il poussa un second soupir, se leva pour aller chercher quelque chose dans son sac et le posa sur le lit. Tessa l'observa comme si elle n'avait jamais vu de trousse de secours de sa vie.

- Si tu veux m'accompagner, commence par te soigner.

Elle obtempéra en remontant son pantalon déchiré. Cinq trous à égal distance les uns des autres avaient d'abord percé sa peau pour la déchirer sur toute la longueur du mollet. Elle préféra retenir un gémissement pour ne pas paraître faible face à Dean Winchester. Même s'il avait déjà remarqué son embarras il en fit abstraction, referma l'ordinateur pour le déposer dans son sac et le jeta sur la banquette arrière de l'Impala. Il s'appuya contre la portière conducteur, se demandant s'il devait revenir aider la chasseuse ou garder ses distances. Depuis qu'il avait commencé la chasse, son instinct s'était affiné avec les années et jusque-là il ne l'avait jamais trompé. Aujourd'hui il lui disait de se méfier de la jeune femme. Quelque chose n'allait pas chez elle et il devait rester sur ses gardes.

Quand elle sortit, elle ne boitait presque plus. Il fallait savoir qu'elle avait été blessé pour s'en apercevoir.

- On peut y aller ?

- Oui.

Elle monta discrètement à coté de Dean le laissant les conduire jusqu'à l'entre des polymorphes. Le trajet se fit dans un silence de mort ce qui laissait tout le loisir à Tessa de se perdre dans ses souvenirs d'enfance au côté de sa petite soeur. La belle journée à la plage s'évanouit pour laisser apparaitre une partie de cache-cache dans la maison de leurs parents. Une larme silencieuse vint rouler sur sa joue puis s'écrasa sur sa chemise. Comment avait-elle pu laisser faire une chose pareille ? Comment en étaient-elles arrivées là ? Si elle lui avait parlé des monstres qui rodent dehors peut-être qu'elle serait encore en vie aujourd'hui. Pire, si elle l'avait recontacté comme elle voulait le faire depuis tant d'années...au moins elle n'aurait pas vécu avec le regret d'avoir loupé la majorité de sa vie. S'il y avait un moyen de faire marche arrière...

Dean gara la voiture en plein milieu d'un chemin de terre battue. Ils étaient sorti de la ville et avaient atteint la campagne. Tessa essuya les larmes qui marquaient ses joues de sillons rougeâtres. Dehors, les champs de blés s'étendaient à perte de vue, le soleil y faisait jouer ses couleurs dorées tandis que le vent d'automne s'amusait à faire tanguer les plantations telles les vagues d'une mer calme. Rien n'annonçait un quelconque danger sous leurs pieds.

Dean ouvrit le coffre, souleva le faux plancher et le cala grâce à un fusil à pompe pour lui permettre de récupérer quelques armes. Il sentit la présence de la chasseuse à ses côtés et releva la tête tout en rechargeant son pistolet. Il avait fait ce geste tellement de fois, qu'il pouvait maintenant le faire les yeux fermés.

- Besoin de quelque chose ?

- Non.

Il ne put s'empêcher de contempler un peu trop longtemps la beauté sauvage qu'il avait en face de lui. Il ne faisait aucun doute qu'elle avait vu des tas d'horreurs à son regard aussi dur que sage. Les larmes qui avaient abimés ses yeux leurs avaient donné la teinte du ciel. Ses longs cheveux blonds négligemment balancés sur un côté lui rappelait le style d'une jeune chasseuse qu'il connaissait bien. Aucun doute que Jo et elle se seraient très bien entendues.

La chasseuse sortit son arme pour faire glisser une balle dans le canon, prête à faire son oeuvre de mort.

- Alors on y va.

Ils continuèrent leur chemin sur plusieurs mètres avant que Dean ne tourne sur sa droite, marchant parmi les blés pour atteindre une sorte de trou dans le sol. Il n'avait rien de naturel et concernant sa profondeur...aucun des deux chasseurs ne pouvait l'estimer.

- Comment tu savais pour l'entrée ?

- Ce n'est pas une entrée, c'est la sortie de secours en cas de danger. C'est pareil chez tous les nuisibles.

Il alluma sa lampe torche pour mesurer la distance qui les séparait du fond. Tessa lui lança un regard dubitatif concernant son intention de descendre. Pour toute réponse, il balança son sac à dos à l'intérieur et fit pendre ses jambes dans le vide, il descendit lentement à l'intérieur à la force de ses bras. A peine trois mètres plus bas, il se réceptionna, éclaboussant son pantalon d'eau trouble. La chasseuse restée à l'extérieur l'entendit jurer et vit le faisceau de sa lampe torche éclairer les longs tunnels qu'ils allaient devoir parcourir.

- C'est bon tu peux descendre.

A son tour elle descendit six pieds sous terre. Elle sentit les mains de Dean frôler sa taille dans le but d'amortir son atterrissage. Elle n'eut pas le courage de soutenir son regard, trop perturbée par ce contact. Elle la catalogua directement dans la case des Playboys, habitué à avoir toutes celles qu'il désirait le vendredi soir pour s'en débarrasser le samedi matin.

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