chapitre 1

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L'eau qui s'écrase contre ma peau résonne dans la salle de bain. Des voix me sortent de ma douce rêverie. C'est papa il parle avec un homme, c'est peut-être le même homme que hier, je n'en sais rien. Il vient toujours au moment de mon bain et comme chaque soir depuis que je suis petite des voix résonne puis se taisent, le planché grince et je me sent observé. Au début ça me faisait peur mais aujourd'hui je crois que j'ai pris l'habitude. C'est l'heure. Le planché grince, plus rien et maintenant cette horrible sensation d'être observé. Pour la première fois je lance un bonjour dans le vent. Rien, pas de réponse. J'aurais du m'en douté.

Je sort de mon bain chaud, prend une serviette moelleuse et me sèche. Lorsque la serviette effleure mon dos je grimasse, ma peau est encore trop sensible après mon passage à l'age adulte. Ma marque me fait encore mal. Je passe un doigt dessus et suit ses contours boursouflée. Elle représente une unique vague. Cette brûlure indique mon importance social ou plutôt l'importance social de ma progéniture. Je suis une porteuse des enfants d'élu, d'après maman cette tâche est la plus noble pour une femme de mon espèce.

- Ella ! Crie maman

- Oui maman ?

- Dépêche toi de sortir ton père et moi devons te montrer quelqu'un d'important.

- Maman je m'habille et j'arrive tout de suite. Maman ne me laisse aucun répit, pourtant je suis la dernière de ma fratrie. J'ai à peine 17 ans et au yeux de mon monde je suis en âge de me mariée, mais moi je ne suis pas prête pour vivre avec un homme de l'autre peuple. Je ne suis pas un objet.

- Ella ! Crie ma mère

Si je ne me dépêche pas elle va finir pas m'arracher la tête.

- C'est bon j'arrive ! Répliquais-je sur le même ton. Ma parole qu'elle peut m'agacer !

Au moment où j'allais toucher la poignée, la porte s'ouvrit avec une telle vitesse que je me la pris en pleine tête. J'atterris nue sur le carrelage froid.

-Aïe ....

Quelqu'un me pris par les cheveux et me releva de force.

-Tu fait honte à notre famille. La voix calme de mon père me fait frissonner de peur.

Je tend les mains vers son visage et étudie son expression. De la colère, papa est en colère.

-Pa..pardon papa je suis désolée. Des larmes chaudes inondent mes joues. J'ai peur, je tremble et mes jambes ne pourront pas supporter mon poids. Mes pieds humide glissent sur le carrelage froids de la salle de bain. Je m'agrippe du mieux que je peux au bras de papa et bredouille pour la énième fois :

-pardon papa, je suis désolé, pardon...

Papa me lâche les cheveux et s'assure que je tient bien sur mes jambes.

-Ella, je vais te présenter ton acheteur, son fils est élu par le grand oracle donc c'est un honneur pour toi de porter ses enfants. La voix de papa sonne comme un avertissement. Si l'acheteur me ramène à la maison papa ne pourra plus rien pour moi car cela voudra dire que le mal grandis en moi et cela signera mon arrêt de mort.

Je me souviens encore de Astrid, elle a fait d'abord une fausse couche, puis a fait naître un mort née et sa troisième chance fut gâchée par un enfant maudit, il ressemblait à un monstre difforme, à la déesse du mal Jahel. Notre oracle en a conclu que le mal était en Astrid et il l'a condamné à l'abysse pour rejoindre sa créatrice. Plus tard sa mère et sa sœur ont été soupçonné de vendre leurs âmes au démon afin de retrouver Astrid donc l'oracle a décider que la famille étais maudite et donc a purgé la terre par le sang et le feu.

Je déglutie difficilement et répond d'une voix qui se veut sûre d'elle.

- Je ne décevrais notre bien aimé dieu Firr. Mon corps est pur et mon âme est aussi limpide que les eau du monde du repos éternel.

-Bien ma fille. Prépare tes habits de cérémonie tu vas passer les tests de pureté et l'oracle va vérifier si tu est bien digne de porter des élus de dieu.

  J'acquiesce vigoureusement et part avec ma mère à mon bras. Elle me guide à travers les couloirs et tourne à divers endroit qui me ramène dans ma chambre. J'entends des personnes s'affairer autour de moi, les tiroir s'ouvrir, les étoffes voleter dans la pièce avant d'être plié et ranger dans diverses valises. Dans ce bal silencieux je peux apercevoir des pardons pleins d'émotions. Je fini par m'affaler dans mon lit et me tourner vers le plafond. J'attends que les professes viennent me chercher afin de purifier mon corps de toute souillures. Les minutes passent et les bruits cessent brusquement, Elles sont là, je le sens dans l'atmosphère. Je me lève et attends que tout le monde sortent. Elles m'entourent et me jugent je sens leurs regards sur mon corps nu.

L'odeur d'encens viens chatouiller mes narines, une des professe murmure un chant religieux en l'honneur de Firr et de la fécondité abrité dans mon corps. Une grommelle et une autre fait tinter un grelot avec approbation la dernière prend la parole. Il paraît que sur les trois une seule peut se permettre de parler. Car l'une a la langue coupé, l'autre les dents arraché, et la troisième la plus jeune et donc la favorite possède le privilège de parler tant que sa beauté ne se fane pas.

-Chez toi tout est pur mon enfant, et tout défauts a été corrigé par la sang. Maintenant viens vers moi.

Je m'avance doucement vers cette voix tendre et chaleureuse, la pieuse me tend une main douce que je touche timidement et l'une des deux autres professe me noue un voile de soie sur les yeux tendis que la dernière des Trois fait glisser une étoffe soyeuse le long de mon corps.

-Ce voile, me dit-elle en touchant le bandeau est d'un rouge sombre et profond il symbolise ta fertilité. Il te faudra le porter en présence de l'homme qui te sera présenté afin de ne pas l'effrayer. N'oublie pas, ta tâche est sacrée mais toi tu n'es rien d'autre qu'une enveloppe charnelle.

J'acquiesce en entendant ses paroles. Je me sent inutile et vide, partir me fait horriblement souffrir.

-Ne t'en fais pas mon enfant tu sera bien traité là où tu ira maintenant va rejoindre ton maître.

Le bandeau sur les yeux je me dirige lentement accompagné de chant religieux vers l'entrée de la maison familiale. Mes doigts frôlent le mur de gauche, cela m'aide à me retrouver dans ces longs couloirs. La tradition veux qu'une fois l'entrée franchie ma mère m'accompagne jusqu'à la voiture qui me servira de moyen de transport et qui est à mes yeux le corbillard de ma liberté. Maintenant j'appartiens à l'autre peuple et ma vie n'a que pour but que de donner naissance à un garçon.

Je descends les marches au cotés de ma mère qui pleure doucement, l'extérieur sent le lilas et des abeilles bourdonne autour de nous. La chaleur écrasante me fait transpirer, le poids dans mon coeur menace de me faire craquer et mes larmes sont absorbé par le bandeau qui couvre mes yeux mais je reste droite et fière lors de mes adieu avec ma famille et mon libre arbitre.

Une fois à l'abri dans l'habitacle rendu frai par une ventilation puissante je m'éffondre. Ma vie viens de s'achever sur le pas de ma porte et j'en ai pas assez profité. J'aurais tellement aimé qu'une boucle se forme maintenant et ainsi arrête le temps, exactement comme dans les dessins animés de mon petit frère. Je suis en colère, triste, et tellement anxieuse. Le moteur bourdonne et le chauffeur annonce son départ à une radio qui crépite et qui répète des ordres impossible à comprendre. Afin de rendre le voyage plus supportable il me met la radio, une musique jugé permise par le ministère de la culture et de la religion commence, je m'endors avec pour la seule idée d'une vie perdu.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 28, 2019 ⏰

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