Ok donc absolument rien n'avait changé depuis son départ en fait, la même gentille dame à l'accueil, la même décoration sobre de l'open space, pareille pour celle de la cantoche, il n'avait pas de quoi être déstabilisé et pourtant, alors qu'il s'apprêtait à prendre l'ascenseur pour aller fumer une clope bien méritée juste devant le grand bâtiment, les portes s'ouvrirent sur son patron en personne, Yann Barthès himself et un malaise immédiat s'empara de Martin, il se sentait toujours aussi coupable même après ces douze mois passés loin de France, loin de lui, de ce regard de velours, de ce sourire si doux.
- hey Martin, ça va ?
Un regard gris fuyant, une voix mal posée, un sourire crispé, cette attitude faussement nonchalante à son égard finirait sûrement par l'achever pour de bon, tôt ou tard, voire tout de suite en fait.
- ça va et toi Yann ?
- ça va.
Il appuya sur le bouton 0 de l'ascenseur avant de se placer à côté du poivre et sel, à une distance raisonnable de lui avant que les portes ne se referment derrière eux, la tension était palpable dans toute la cabine et le reporter poussa un énorme ouf de soulagement dans sa tête quand son aîné le brisa enfin.
- t'as vu, on a profité de ton absence pour changer plein de choses ici.
- ouais, j'ai vu ça, c'est dingue.
- surtout fais gaffe à pas te perdre en chemin, tout est tellement nouveau et inattendu.
Il était tellement heureux de retrouver cette légendaire ironie Barthèsienne qu'il ne put réprimer un sourire au passage et quand les portes s'ouvrirent à nouveau, le plus jeune vit le plus vieux hésiter à poser une main complice sur son épaule pour finalement se raviser au dernier moment, jamais il ne se serait freiné avant, surtout envers lui et cette réalisation frappa le reporter de plein fouet, elle le rendit soudainement triste aussi.
- bon retour parmi nous Martin.
- merci Yann.
Le poivre et sel s'éloigna sans dire un mot de plus et le reporter le suivit des yeux jusqu'à ce que les portes ne se referment derrière lui, ce n'était pas comme si lui et Yann n'avaient plus eu de nouvelles par personnes interposées durant ces derniers mois, sans compter les innombrables « passe lui le bonjour » de temps à autre mais ils ne s'étaient jamais retrouvés seuls tous les deux, dans une même pièce, et surtout d'aussi près, depuis cette fameuse nuit d'août dans la chaleur de la grande Pomme, cette fameuse nuit qui avait tout changé entre eux, bon sang, il avait vraiment besoin d'une clope, et vite, ça urgeait carrément là.
Lorsqu'il rejoignit Hugo et Vincent dans leur petit café habituel pour une pause déjeuner bien méritée sous les coups de midi, une lueur amusée brillait dans les yeux des deux amants, cela n'annonçait clairement rien de bon, à quelle sauce allait-il encore être mangé par ces deux-là ? Telle était la question.
- alors, mec ?
- alors quoi ?
Martin leva un sourcil interrogateur en direction de son ami surfeur slash boxeur alors qu'il prenait place sur une chaise en face de lui, il craignait le pire, la gazette Clément slash Dedienne était des plus impitoyables quand elle s'y mettait.
- oh arrête, Étienne nous a tout dit.
- il vous a dit quoi ?
- ben Yannou et toi, il vous a vu entrer dans l'ascenseur. Ça avait l'air chaud d'après lui.
Agacé, Martin soupira, non mais quelle idée avait eu Étienne de rester en contact avec l'humoriste depuis qu'il se faisait de plus en plus rare dans l'émission ? Ça n'arrangeait clairement pas ses affaires, c'était le moins qu'il pouvait en dire.
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Ce qui se passe à New York...
Fanfiction... reste à New York, pas vrai ? Après un an passé à jouer les correspondants dans la Grosse Pomme pour la première chaîne d'Europe, la maison mère, le vaisseau amiral, il est de retour à la rédac' de Q, bien décidé à laisser le passé derrière lui...