Chapitre 8 Partie 2

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Après que Julien soit parti, j'ai travaillé comme un acharné. Je me sens bien seul dans mon ancre. Je pose mon stylo, joins mes mains sur mon torse et installe mes pieds sur mon bureau. Je libère le nœud de ma cravate pour enfin respirer normalement. Je déteste ce truc. Tout est trop calme, c'est bizarre. Je sais que Julia m'évite depuis ma bagarre et mon sous-directeur aussi. Je ne peux pas lui en vouloir. Jonathan est un mec bien, seulement quand il sent que je suis d'une humeur massacrante, il s'enferme dans son bureau et n'en sort qu'une fois que je suis parti. Il a repris tous mes rendez-vous sans rechigner et il doit certainement me maudire à l'heure actuelle. Il était déjà dans l'entreprise au temps où mon père était encore là. Quand j'ai repris la direction, j'ai mis dehors l'ancien sous-directeur qui faisait tout son possible pour reprendre les rênes. À sa place j'ai mis Jonathan. Il avait beaucoup d'expérience, même plus que moi, et son aide m'a été extrêmement précieuse. On s'entend super bien et nous avons le même objectif : nous étendre encore plus. Mon entreprise a une bonne réputation et je m'évertue à la garder à flot en proposant constamment des nouvelles prestations de service.

Je n'étais pas prédestiné à reprendre le flambeau. Quand il y a eu le scandale qui a explosé dans la figure de mon père, je pensais qu'il m'aurait mis hors-jeu. Sa réputation en avait pris un sacré coup. J'étais tellement mal pour lui, il avait travaillé des heures entièrement pour que je ne manque jamais de rien. J'ai fait le con à l'époque et même si j'en connaissais les conséquences, je n'en mesurais pas l'ampleur. J'ai eu beaucoup de remords vis-à-vis de mon paternel. Par chance, il ne m'a pas lâché et il m'a appris qu'il fallait toujours savoir remonter à cheval après une chute. Il est mort il y a un an et depuis tout ce temps je fais en sorte qu'il soit, malgré son absence, fier de moi. Je tente de prendre les bonnes décisions quand elles s'imposent et j'apprends à reconnaître mes erreurs. Je gère, pas moins de cinq cents personnes, alors je me dois d'être droit dans mon travail. Ce n'est pas évident tous les jours, seulement je ne suis plus le gamin de vingt ans qui s'en fout des responsabilités. J'assume tout et j'assure plutôt bien. Du moins, je l'espère.

Je me lève pour sortir de mon bureau pour trouver Julia. J'espère que la soirée sera plus cool que la précédente.

- Julia ? l'appelé-je dans l'espoir qu'elle se montre.

Pas de réponse. Son silence me pèse. Je comprends qu'elle soit furieuse contre moi, je le serai tout autant. Je me dirige vers l'accueil, personne. Je regarde d'un peu plus près et je trouve un post-it, ancré de son écriture.

- « Je rentre ».

Je souffle bruyamment. En rentrant, il est certain que je vais me prendre une engueulade.

Je descends au sous-sol pour accéder au parking quand je croise Jonathan au téléphone, un grand sourire orné sur son visage. Il me demande silencieusement de patienter en me faisant un signe de la main, ce que je fais sans contester. Je n'ai franchement pas envie de rentrer maintenant.

- Demain, vingt-heures et je passe te chercher. Envoie-moi ton adresse par texto, ça sera plus simple... Parfait ! À demain Lola.

Je me crispe instantanément. C'est quoi cette connerie ? Je regarde Jonathan du coin de l'œil, la mâchoire serrée alors qu'il range son téléphone dans sa poche de veste.

- Un rancard ! s'esclaffe-t-il. J'ai préparé les dossiers pour le gala de charité des Daurates.

- Lola qui ? ne puis-je m'empêcher de demander.

Là, tout de suite, je me fous royalement du boulot. Jonathan fronce les sourcils tandis que je prie intérieurement pour que ce ne soit pas la Lola à laquelle je pense.

- Une bombe ultra-sexy mec ! Tu l'as sans doute croisée, cheveux bleus ? Regard pétillant ? Une bouche à faire rétrécir un nain ? Et ne me dis pas que tu l'as trouvé fade, même moi, je ne te croirais pas !

Lola Où les histoires vivent. Découvrez maintenant