Chapitre 2 partie 1

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Une semaine. Une putain de semaine de merde. Sept longs jours que j'ai écoulés, enfermée, dans ma chambre, à ruminer, à tourner en rond, à me faire passer pour malade. Tout ça pour éviter le sujet « Tim ».

Pourtant, j'y pense sans arrêt, jour et nuit. Ça me hante et me rend complètement folle. Cinq années. Pendant tout ce temps, j'ai refoulé le passé, en me répétant qu'à l'époque, j'étais jeune et naïve. Beaucoup trop naïve. Et aujourd'hui, alors que je me prends ces années en pleine gueule, je me dis que tout ce que j'ai fait, c'est d'éviter l'inévitable. Lui. J'étais certaine d'avoir tiré un trait sur tout ça. Sûre de l'avoir oublié. Convaincue qu'il ne me toucherait plus jamais physiquement et mentalement. Mais c'est faux. Totalement, et archi faux ! Je suis en colère contre lui, contre moi. Putain ! Je le déteste. Je suis en rogne de l'avoir aimé, de lui avoir fait une confiance aveugle et de mettre faite berner aussi facilement. Ce type est un poison dangereux, mortel, alors que j'aurais donné ma vie pour lui. Il a fait de moi celle que je suis maintenant. Il a fait de moi une personne sans cœur et sans amour.

À cause de lui, je me suis fermée comme une huître. J'ai changé toutes mes habitudes, ma façon de voir les choses. Qui pourrait me blâmer ? Personne. Qui pourrait le comprendre ? Personne. Je suis seule face à la situation. Même mon père n'a pas su gérer mon chagrin, malgré qu'il faisait tout son possible pour me sortir la tête de l'eau. Le pauvre, en plus je lui en ai fait voir de toutes les couleurs. Je me suis rebellée contre lui alors qu'il n'y était pour rien. Je l'ai rejeté quand il venait me rendre visite.

Voilà pourquoi je ne parle jamais du passé et encore moins de l'avenir. Je suis bien placée pour savoir que le futur ne peut pas se programmer. Alors que putain ! Avant, j'y croyais dur comme fer. Je croyais en plein de choses. Et c'est parti en fumée le jour où j'ai reçu le message de Julien. J'ai pris un virage à cent quatre-vingts degrés. Violent. J'ai foncé droit dans le mur. Blessée dans mon cœur, dans mon âme. Il a fallu que j'accepte la situation, que je soigne cette douleur qui me pompait toutes mes envies et mon énergie. J'ai mis du temps. Des années de convalescence. Je dois me rendre à l'évidence : certaines blessures ne guérissent jamais. J'avais juste pansé un peu le mal qui me submergeait, sans savoir que finalement je ne m'en remettrais pas complétement.

Quand j'ai revu mon ex à la boutique, le monde s'est totalement arrêté de tourner. Je n'ai pas sorti un mot, alors que la rage coulait dans mes veines. Je voulais hurler toute ma haine que j'avais envers lui et lui cracher toutes ses vérités en plein gueule. J'ai juste baissé les yeux et je suis partie après avoir dit à ma meilleure amie que je ne me sentais pas bien. Elle n'a posé aucune question et m'a laissée, le regard inquiet. Elle ne m'avait jamais vu dans cet état. D'habitude, je suis joyeuse, pleine de répartie, mais à ce moment-là, j'étais sous le choc. Je le suis encore d'ailleurs. Tim est dans les parages et même si je m'en doutais, j'avais omis la possibilité de le croiser un jour.

Mon téléphone sonne, je l'ignore, comme je le fais depuis une semaine. Pierre me harcèle pour savoir quand je compte revenir travailler sans discontinuer. Demain. Mon arrêt maladie touche à sa fin, alors que j'ai joué des pieds et des mains pour le faire prolonger. Mon connard de médecin me refuse cette seule demande. Bon, je ne vais pas lui en vouloir, une gastro ne dure pas quinze jours. Déjà, avoir eu autant de jours de repos pour si peu, c'est pas mal. Il ne manquerait plus que je la chope pour du vrai. Je serai dans la merde.

Bien sûr, Agathe sait que je ne suis pas malade au point de passer ma vie dans les toilettes, alors pas d'autres choix que de reprendre mon super job qui tue. Demain, je vais devoir repartir dans ma routine et faire comme si de rien n'était. J'en suis capable. Enfin, je pense.

Je suis sortie ce matin. J'avais besoin de changement. Résultat, j'ai une nouvelle coupe de cheveux et pas que... Je crois que mon amie va faire des bons de dix mètres quand elle va me voir. Mais, je dois avouer que j'adore l'effet que me renvoie mon miroir. Je souris à ce dernier, fière de me montrer sous un autre jour. Lola est de retour et Lola va faire chier son monde. Ouais ! Ça, c'est moi. Une guerrière et une vraie emmerdeuse !

Lola Où les histoires vivent. Découvrez maintenant