3, 2, 1... J'ouvre les yeux et découvre avec stupeur le mail que j'attendais depuis des jours qui s'avère positif à ma requête. Encore un projet finement mené et bravement réussi une fois de plus. Sans vouloir être vaniteux, quoique ce serai finalement un trait de caractère à ajouter à la longue liste des défauts français d'après mes collègues, bien que Nevada, la société qui m'emploie depuis presque 7 ans, avait tout de même un remarquable positionnement sur la scène new-yorrkaise elle déplorait malgré tout une affreuse communication, mon arrivée à pu faire bouger les choses et lui à permis de s'afficher de toute part dans The Big apple. Un fin sourire sarcastique se dessine sur mon visage lorsque je répond toujours avec tacte à la société que nous convoitons depuis des mois et qui accepte enfin de travailler avec nous. Je fais quelques manipulations informatiques lorsque Andrew, mon collègue, me sort de mes pensées en m'apportant un chaï latte brûlant du nouveau café branché d'en bas. J'ai le détestable avantage de recevoir avec ma collation une "petite viennoiserie française", tous mes collègues me charrient avec ce qu'ils appellent le "diabète français", qui soit dit en passant doit certainement être plus sain que leur fameux hamburger avalés sur le pouce. Mes merveilleux collègues raffolent des pains au chocolats nommés "chocolatine" aux États-Unis, qui n'ont d'ailleurs rien à voir avec la célèbre vienoiserie française. Ce moment de partage culturel reste par ailleurs un prétexte pour critiquer les français qu'il traître de "couilles ramolies" pour être précis. Parmi mes extraordinaires acolyte de travail il y a Zack, si il pouvait m'enterrer vivant et danser sur ma tombe en récitant des prières sataniques il serait le plus heureux, il ne supporte pas qu'un petit français ait une place plus importe que lui, je ne risque pas de recevoir un quelconque croissant de sa part, ou alors avec de l'acide dessus... Pour le faire encore plus chier que ce n'est déjà tous les matins je fais un crochet par son bureau et lui fait un check, ça a le don de le faire sortir de ses gonds, je le vois dans ses yeux qu'il veut m'arracher les organes. Il est l'archétype même du new-yorkais, hautain, perché sur mocassins effet croco et ses pantalons trop court, le tout assaisonné par un accent caractéristique de la ville particulièrement saccadé et peu inarticulé.
Je remonte mes lunettes sur le haut de mon nez et reprends enfin le travail que j'ai laissé inaccompli hier, certainement trop pressé de rejoindre mon lit douillet et d'oublier l'effervescence de New-York ainsi que le brouhaha incessant de cette ville qui ne dort jamais.Pour déjeuner c'est Ashley qui va devoir me supporter, je vais enfin pouvoir écouter ses nouveaux déboires amoureux et c'est bien la seule que je connaisse qui à une once de vie « normale », pas encore démesurée par New-York. Depuis quelques années cette dernière remporte un franc succès grâce à son blog mode-beauté-lifestyle, elle s'est lancée récemment dans la création de lingerie sexy.
-Non mais je te jure, quand il a baissé son slip y a un truc de la taille d'un knacki ball qui a apparu.
Nous rions aux éclats, cette situation résume bien Ashley, naturelle, spontanée mais surtout addict aux beaux p'tits de mecs bien gaulés. De toutes les personnes que je connaisse c'est l'unique qui est au courant de mon homosexualité, j'ai été obligé de lui en parler lorsque qu'elle voulait par tous les moyens me foutre dans son lit. Je me rappelle encore quand je lui ai annoncé, nous étions tous les deux allongé sur un lit, je ne sais même pas chez qui nous étions mais en tout cas la fête était... beaucoup trop arrosé, ça c'est sûr! C'est à moitié débraillé et complètement bourré que je m'étais lancé. Elle avait seulement lâché un « wouah » puis elle avait repris par « j'aurais dû m'en douter quand tu m'as conseillé sur quel collant porter avec ma jupe verte sapin et que tu avais réussi à différencier les nuances de coleurs de ma palette de fard à paupière », elle m'avait par la suite avoué qu'elle craquait pour mon côté efféminé, elle avait alors renchéri par « c'est cool, comme ça si tu te tapes des bi on pourra partager! » une vraie terreur cette fille! Je lui dois quand même toutes les petites découvertes que nous avons fait ensemble à New York, les cinnamons rolls du 9 Nostrand avenues, les bruchs au printemps sur la Montague Street, les comédies musicales plus qu'étranges à Brodway et les rendez-vous sportifs qui finissent toujours par un crochet à la boulangerie française à côté de Central Park.
Notre repas est rempli de ragots et de souvenirs gênants comme à notre habitude. Sa salade fripée et mon pastrami ne font pas longs feux.-Et toi? Le p'tit mec de l'autre jour, qu'est-ce qu'il t'as emmené faire dans la chambre, m'interroge ma compère.
-Rien de spéciale, réplique ai-je en remplissant mon verre d'eau un sourir malicieux en coin.
La voyant avide de détails je décide de lui expliquer la scène.
-Il m'a lâché une bombe atomique pendant que nous nous déshabillions, reprends ai-je.
-Laquelle, trépigne t-elle.
-Il m'a sorti du plus naturel possible qu'il avait une femme et qu'en plus elle était en bas, je me suis évidement rhabillé.
Elle pouffe de rire avant de me donner une tape amical sur le bras.
-Il t'arrive toujours des trucs de barjo toi!
-Ne m'en parle pas.
Nous avons à peine le temps de d'engloutir notre cheesecake à la vanille toujours autant dégueulasse. Chaque instants passent si vite avec elle. Nous nous faisons une énorme accolade en guise d'au revoir avant de rejoindre chacun notre bureau.
***
Comme toujours je passe mon après midi les yeux rivés sur l'écran de mon MacBook, mon téléphone portable à porté de main je joue avec nos futurs contrats. Pour rien au monde je ne changerais ma vie. Lorsque je relève la tête j'aperçois hébété la lune, mon regard se précipite sur ma montre, elle affiche bientôt vingt-et-une heure, surpris je regarde autour de moi et me rends compte qu'un grand nombre de mes collègues ont disparu. Je boucle le dossier que j'avais commencé plus tôt dans l'après-midi et attrape mon blouson. Je salue les derniers courageux et file dans l'ascenseur, mon bureau est au 32ème étage, autant dire que la descente est plutôt longue.
Un fois à l'extérieur j'empreinte la rue qui mène dans Central Park, je passe devant la Trump Tower puis remonte Park Avenue pour prendre le métro à la station 59 St Lexington Avenue, malgré l'heure, l'affluence est toujours au rendez-vous.
C'est lorsque ma clé pénètre dans ma serrure que la fatigue se fait ressentir. J'écoute les messages sur mon répondeur, rien de bien important, ma mère qui se demande quand est-ce que je leur rends visites, un ami qui m'invite à une soirée dans son nouvelle appartement et enfin Ashley pour me dire que je lui manque déjà. J'appuye sur la télécommande qui se trouve sur ma table ce qui ferme instantanément les volets roulant de ma pièce à vivre. Je prépare mon sac pour demain matin, comme chaque jours je me lèverai à 5H30, j'avalerai un smoothie de fruits de saison ainsi que des flocons d'avoines agrémentés de noix de Pécan et de raisins secs, ce dernier est déjà préparé par Rosie, ma fabuleuse femme de ménage, lorsqu'elle passe remettre en ordre l'appartement au cours de la journée. Après mon petit déjeuner je quitterais mon appartement chaussures de sport aux pied ainsi que mon sac à dos, je me rendrais à piscine en courant et ferais des longueurs dans le grand bassin durant une heure et demie. À 7H30 précisément je repartirai en direction chez moi en courant pour prendre une douche et repartir travailler. Un rituel que j'effectue tous les matins que mon père trouve complement idiot. C'est sûr que lui préfère se lever à l'aube mais pour tenir compagnie à ses veaux.Il est 1h32, je sors de la douche et prépare mes habits pour le lendemain lorsque mon téléphone sonne, l'écran affiche les douces lettres du mot Maman, d'habitude elle ne se trompe jamais avec le décalage horaire. Je réponds en faisant mine de bailler.
-Maman il est une heure et demie du matin, qu'est-ce qu'il y a ?
-Alexandre, il est arrivé quelque chose d'horrible.

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Nous-York
RomansaAlexandre a plutôt bien réussi sa vie. Âgé de seulement 27 ans il quitté sa Normandie natale pour s'installer à New York où il est aujourd'hui trader. Célibataire invétéré et accro aux aventures d'un soir, sa vie est bousculée lorsqu'il reçoit un co...