II) Une impression de déjà vu

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Le froid est la première sensation qui le pousse à se réveiller, avec le frottement désagréable d'un tissu rêche contre sa peau. Ses yeux s'ouvrent et se confrontent à une lumière éblouissante dont il n'arrive pas à déterminer la provenance. Son corps semble engourdi, il lui est impossible de faire le moindre geste. Il se rappelle enfin qu'il s'est endormi sur son canapé et se dit que la lumière doit être celle de son ordinateur qui tourne encore. Pourtant, alors que ses yeux arrivent à s'accommoder de la clarté, il distingue ce qui l'entoure et, soudain, la panique commence à l'envahir. Il n'est pas chez lui. Ni dans son canapé. Ni devant son PC. Il est allongé sur une paillasse à même le sol, la lumière n'est autre que le soleil passant à travers le tissu fin devant ses yeux.

Il est dans une petite pièce, le sol est fait en terre battue et la porte qui délimite l'ouverture n'est qu'un morceau de tissu jauni. La première pensée qui l'assaille est : « Où suis-je ? ». Son cœur se met à battre plus fort, sa salive prend un temps fou à s'enfouir dans sa gorge, des gouttes de sueur apparaissent sur son front et ses yeux cherchent maladroitement une réponse. Il n'arrive pas à comprendre, il est perdu.

C'est à cet instant qu'un nouveau personnage entre, un garçon aux cheveux noirs et aux yeux tout aussi sombres. Ses lèvres sont crispées, il fixe Thomas avec méfiance et reste silencieux. Il se penche lentement pour attraper un arc et des flèches, qui gisaient sur le sol. L'écrivain prend donc le temps de le détailler, ses vêtements semblent fait, en partie, avec du coton et sont modestes, il porte des bottes qui montent jusque sous ses genoux et leurs semelles sont particulièrement boueuses. Le jeune homme enfile l'arc et son carquois par dessus ses épaules, sans quitter du regard Thomas.

- Qui es-tu ? demande l'étranger.

Notre héros reste muet, il n'arrive toujours pas à bouger, son regard fou essaye de chercher une solution et alerte l'inconnu.

- Peux-tu parler ?

Il n'arrive toujours pas à émettre le moindre bruit et il se sent soudainement très vulnérable.

- Peux-tu bouger ?

Devant cette troisième question, Thomas panique davantage, il se surprend à imaginer que cet homme n'est qu'un assassin et qu'il n'a aucune pitié. Pourtant, sans réellement savoir pour quelle raison, il a la désagréable sensation de l'avoir déjà vu.

- Bon je crois que nous n'avons pas le choix...

L'étranger s'approche de Thomas en soupirant, il passe son bras droit sous ses genoux et le gauche sous ses épaules pour le soulever. L'écrivain écarquille les yeux, n'ayant pas envie d'être porté de la sorte, il se sent terriblement ridicule. Cependant, au vu de la situation très étrange dans laquelle il se trouve, Thomas décide d'observer tout ce qu'il y a autour de lui.

Dès que l'étranger sort de la pièce, le décor qui s'expose devant ses yeux devient une source d'émerveillement. La petite maison, d'où ils viennent de sortir, est faite de bois sombre, un champ, garnit de fleurs de toutes sortes, s'étend à perte de vue et une dizaine d'autres petites chaumières similaires sont posées çà et là. Le paysage est à coupé le souffle pour l'écrivain, son cœur se calme enfin et ses yeux retrouvent leurs éclats, il est subjugué par toutes ses couleurs.

L'inconnu continue de marcher en direction de l'une des autres maisons, il semble n'avoir aucun mal à porter Thomas qui n'est pourtant pas spécialement léger ou petit. Le trentenaire se demande d'ailleurs comment ce jeune homme, qui doit avoisiner les vingt ans, peut le soulever sans haleter ou suer, car celui-ci ne semble pas très musclé. Cette question, il la garde dans un coin de son esprit, ne pouvant qu'attendre de retrouver la parole et sa mobilité pour la poser.

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