Phoenix ~ Reylo

Chapitre #3 : Vacillement dans le coeur

Le chemin me paraît encore si long. Le corps de ma belle fleur repose sur mes cuisses. J'ai fini d'éponger son tendre visage que je fixe à présent en me cherchant de nouveaux prétextes pour la garder là, nu à mon regard indiscret. Mais je n'ai plus rien. J'accroche les menottes à cette sauveuse ridicule et la laisse tomber au sol sans aucune délicatesse. Je croise mes bras contre moi et enfui  profondément tous sentiments étranges qui me menaçaient. 

Un voyant nous indique que nos sommes arrivés à notre destination. Parfait. J'attrape le col de cette fille que je jette sur mon épaule. Je sors en premier du vaisseau et marche fièrement avec ma captive. Personne ne dit rien. Personne ne bouge. Parce que je suis celui qui contrôle. Un subordonné s'approche et me salut avant de m'annoncer :

" La cellule est prête commandant. 

- Inutile, ma chambre aussi. "

Je reprends ma marche glorieuse en ignorant les murmure et autres regards curieux. Une chance que cette gamine gâtée va bientôt se réveiller où j'aurais fait disparaître ce causeur de troubles. 

Mon pas s'accélère au fil de mon ascension dans les couloirs. Mon cœur bat de plus en plus vite. Mon souffle se saccade peu à peu. Et un sourire fleurit sur mes lèvres. Je l'ai enfin ! La hantise de tous mes rêves. Le Graal de tous mes cauchemars ! Je l'ai eu ! Je peux enfin sentir son corps sur mon épaules. Je peux sculpter les formes de ses hanches avec mes doigts. Je peux m'être une odeur sur son parfum envoûtant. Et je pourrais bientôt mettre un goût sur cette douce peau colorée. J'en tremble de désir ! Mon corps frisonne de quelque chose de nouveau. Je me sens vivre à cette simple pensée bien plus qu'en étouffant un de ces idiots pour lui arracher la vie. 

La grande porte de ma chambre me fait face après ce trajet interminable. Je l'ouvre rapidement avec mon esprit puis la verrouille une fois entrer. Je me dirige vers le fond de la pièce, à cet endroit que j'ai aménagé rien qu'en son honneur. Je la jette sur le petit matelas posé au sol et l'y enchaîne. Ce coin doit faire à peine quelques mètres ridicule comparé à ma suite royale. Mais au moins elle a un lit, pour ce qu'il faut. Et elle sera sous MA garde ! Elle ne pourra plus fuir ! Elle ne pourra plus détruire mes nuits ! Il est temps d'échanger les rôles ! Je vais m'asseoir sur un fauteuil en face et la pose mes yeux sur ce corps que j'ai déjà détaillé à la rivière. Et encore bien plus en rêve. Mais maintenant c'est ça la réalité ! C'est elle ici ! Son corps près du mien ! Plus de souvenirs, plus de cauchemars, plus de vision, plus d'hallucination ! Seulement elle offerte corps et âme ! Et j'en détruirais chaque parcelle. J'y ferais brûler ma marque. Qu'elle se souvienne à jamais de ce qu'elle m'a fait. 

Un léger son me tire de mes pensées avec un sourire mauvais. Son corps se mouve lentement avant de rencontrer le fer qui la détient. Elle ouvre alors brusquement ses yeux incendiaires pour regarder dans quel enfer elle se trouve. Je l'observe abîmer ses poignets à tirer telle un folle sur ses liens. Comme si elle avait une chance. Comment cette idiote impulsive, naïve et ignorante a-t-elle pu les convaincre d'un quelconque espoir à suivre !? Elle serait incapable de sauver un insecte ! Alors un essaim de fourmis, ils doivent être bien désespéré et se savoir vaincu pour voir en elle la moindre chose. 

- Laisse moi partir !! Détache moi !!

Bien au fond de leur cachette de rat effectivement.

- Mais bien sûr,  tout de suite princesse.

Mon regard la foudroyant la pousse à la garder fermer cette fois, elle a au moins un instinct pas complètement idiot. 

- Tu devrais commencer à surveiller ton comportement. Tu n'as pas l'air de comprendre. Tu es à moi, tu es ici prisonnière sans aucun espoir et personne ne viendra pour toi ! Parce que tu n'es rien ! Ne te berce pas de toutes leur illusion désespérée ! Tu es loin d'être une sauveuse ! Tu n'as même pas pu te sauver de toi-même sur ta planète misérable !

- Je t'ai vaincu et je recommencerai !!

Immédiatement mes mains serre l'air sous la colère. Ce n'était qu'un  coup de chance cette humiliation !! Je resserre un peu plus et l'entends suffoquer. Son corps est parcouru de tremblement et son regard s'humidifie avec une peur qui l'étincelle. Non, ce n'est pas assez ! Je m'approche et grimpe au-dessus avant de moi-même serrer ce cou si fragile entre mes mains. Je sens sa poitrine pousser affolée contre moi, ce corps se tordre sous moi. Je sens sa peau chaude et son sang pulser contre mes paumes. Je ressens les battements de son petit cœur rapide manquant d'air. J'admire la peau de ses joues devenir rouge. Je souris et regarde ses ongles se décrocher de mes mains. Puis un bruit cingle violemment mon plaisir. Je relève les yeux sur son visage et me fige absorbé par les larmes défigurant son regard. Elle pleure. Elle pleure entre mes mains. L'or brillant de sa malice plein de défis et de joie s'est évaporé pour un bleu nuit perdu dans des ténèbres mortel. Son sanglot est étouffé avec ma prise. Je suis décomposé face à ce regard horrifié qui affronte son bourreau. Cette nouvelle image bien loin sa sa pétillante attitude ordinaire me tourmente. Mais celle-là est étrangement déplaisante. Elle serre mon propre cœur. Comme si c'était moi qui le serrait en étranglant son cou. Puis tout se casse. Tous mes fantasmes s'effondre lorsque sa main se pose sur ma joue et l'électrise. Et que sa voix casser implore mon prénom avant de se briser. Je lâche brusquement et m'éloigne en un clignement d'œil. Je percute le fauteuil qui tombe lourdement au sol. Et je chute violemment sur ce dernier. Mon regard interdit ne la quitte pas à un seul moment. Son corps se cambre pendant qu'elle tousse si fort que j'en ai l'impression qu'elle va recracher son repas. Son sanglot franchit avant sa gorge meurtrie des traces rouges de mes doigts. Elle se recroqueville en serrant ses mains pour tenter de se calmer. 

Et cette vision fantasmée qui devait être ma source de plaisir et de réconfort se transforme sans raison en un spectacle glaçant qui me ronge le cœur. 

Qu'allais-je devenir à l'instant ?