» CHAPITRE V «

100 5 1
                                    



6 A N S P L U S T O T :

— Vous êtes enceinte.

Les paroles du médecin résonnent dans ma tête alors que mon visage s'est naturellement décomposé. Je suis là, assise sur lit, face à cette jeune femme qui m'annonce qu'elle va me laisser seule le temps de quelques minutes. Mes yeux fixent un point invisible et je n'arrive pas à réaliser ce qu'elle vient de m'annoncer. Je n'ai pas fait attention à moi, je n'ai pas pris de précautions, j'ai agi sans même imaginer une seule seconde les conséquences que pourraient avoir mes actions. A présent je suis toute seule, l'homme que j'aime a disparu de la circulation et à présent, je me retrouve avec un petit être qui quittera mon corps dans neuf mois. Je suis jeune, perdue, avec trop peu d'argent, j'ai un toit grâce à ma meilleure amie, sans elle, je serai encore à la rue. J'ai décidé de quitter mon énième famille d'accueil il y a des mois, elle m'offrait tout le confort qu'une personne sans famille, sans toit pourrait rêver. Sauf que je ne me sentais plus à place, je ne me suis jamais sentie à ma place en réalité, j'ai simplement été trainer de famille d'accueil en famille d'accueil depuis ma naissance. Ainsi, j'ai passé la plus grosse partie de mon enfance et de mon adolescence à fuir, à trainer dans les rues. Cela n'a jamais été facile, mais je peux dire que y vivre m'a permit de me forger, de me rendre plus forte. J'ai toujours fait en sorte de survivre bien que la plupart du temps, je pensais à la mort et remettais en question ma misérable vie. J'ai fait mon possible pour survivre même si cela voulait dire passer par le vol, la drogue et tout ce qui suit. Aujourd'hui, je continue encore. Certes, je vais en cours et je travaille à côté, mais ça n'est pas suffisant pour m'offrir la stabilité. C'est pour quoi, je ne peux pas devenir maman, je n'ai rien pour elle ou pour lui. Je pense alors à l'avortement parce que je ne peux pas l'abandonner dans neuf mois, je ne peux pas lui faire ce que l'on m'a fait. Il/elle ne mérite pas ça, personne ne le mérite et je ne me permettrai jamais de commettre cet acte, de faire souffrir ce petit ange comme je souffre aujourd'hui.

Alors que mes yeux sont à présent remplis de larmes, la porte de la chambre s'ouvre et je ne tarde pas à découvrir le visage d'Aliyah. La seconde d'après, elle s'installe à mes côtes et viens serrer ma main dans la sienne. Mes yeux croisent finalement les siens, elle hoche légèrement la tête et maintenant, je peux relâcher tout ce que j'ai en moi. J'ai le droit, elle me le fait bien comprendre, à travers un simple regard et la seconde d'après, je fonds en larmes tout en baissant la tête. Aliyah ne s'arrête pas d'exercer cette pression sur ma main, elle continue en me laissant vider tout ce qui repose sur mes épaules. Non, pas qu'elle ne souhaite pas me réconforter, mais bien parce qu'elle sait que c'est ce dont j'ai besoin maintenant.

— Je ne sais pas quoi faire, je finis par annoncer entre quelques sanglots. Je ne sais pas si je vais réussir à avorté, je ne peux pas l'abandonner à sa naissance, mais je ne peux pas non plus le garder. Je suis jeune et je n'ai rien à lui offrir.

— Je sais que c'est dure Bella, mais si tu veux le garder, je serai toujours là pour t'aider. Tu n'es pas seule et tu as quelque chose à lui offrir, ton amour. Tu es une personne formidable, Arabella.

— Je ne sais pas, c'est quoi d'avoir une mère, comment je pourrai m'y prendre avec ce bébé ?

— Ça s'apprend Bella. Cela va être difficile, mais tu vas réussir. Je te promets que je serai toujours là pour toi, même si cela implique que je dois me lever en plein milieu de la nuit.

Ma meilleure amie vient embrasser ma joue alors que je me contente de fausser un faible sourire. Elle m'annonce ensuite que peu importe ma décision, elle la respectera et ne me laissera jamais. Finalement, elle quitte la pièce pour me laisser réfléchir quelques minutes et je ne tarde pas à me lever pour me mettre face à la fenêtre où je peux légèrement apercevoir mon reflet. Ma main glisse naturellement sur mon ventre encore plat, mais mes yeux à présent fermés, me montrent le contraire. Puisque grâce à mon imagination, je peux me projeter dans quelques mois. J'ai l'impression que ce bébé pourra m'apporter tout ce que j'ai toujours voulu, le véritable amour et je sais qu'après sa naissance, je ne me sentirai plus jamais seule. Je sais que ce bébé peut être tout ce qui me manque et peut même être ma plus grande force.




Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Feb 12, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

The  Q U E E N  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant