Prologue

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Renjun prit en main l'une des petites tourtes qui tronaient sur le buffet. Il l'a porta à son nez, la renifla avant de la reposer dans la seconde.

Toute cette nourriture, amer, fade, désagréable à la vue... Rien ici ne semblait apte à la dégustation.
Et pourtant les invités se goinffraient en sirotant d'innombrables boissons alcoolisées qu'on lui interdisait.
Ils riaient grassement à des blagues qu'il ne comprenait pas, discutaient de sujets qui ne l'intéressaient pas et ne lui offraient de l'attention seulement pour lui demander ce qu'il comptait faire de sa vie.
Or Renjun ne savait pas, il n'était pas si jeune mais pas non plus adulte. En fait, il était seulement à l'âge où tout le monde nous pressait de concevoir un avenir. Cet âge où l'on préférait pourtant profiter de la vie avant que de multiples responsabilités ne nous tombent dessus. Cet âge qui était le seul moment où l'on pouvait s'octroyer un peu de liberté avant de devoir entrer dans les rangs de la société.
Renjun avait horreur qu'on le pousse ainsi à devenir un adulte, ressembler à toute ces personnes imbues d'elles-mêmes, présente à cette fête, ne le tentait pas.

Dans un autre soupir, il enfonça ses mains dans les poches de son pantalon en soie avant de tourner le dos au buffet.
Il traîna des pieds dans l'herbe tout en observant les invités de cette horrible fête où l'avait traîné ses parents.
Elle se trouvait dans un beau jardin, celui d'un vieil ami à son père. Il suffisait d'observer la taille du domaine, ainsi que les décorations en tout genre et les mets plus que coûteux pour deviner la richesse de l'hôte, habillé d'un costume trois pièces absolument remarquable. Encore un homme aimant afficher sa situation financière, des plus aisées, à tous pour s'en vanter.

Renjun passa entre quelques personnes en essayant de se faire discret, il souhaitait s'éloigner de l'atmosphère étouffante et désagréable qui se dégageait de ce lieu. de toute manière, tous l'ignoraient, même ses géniteurs.
Ses pas le menèrent dans la petite forêt environnente, elle n'était pas bien grande, pas suffisement pour s'y perdre en tout cas.
Dommage, lui qui aurait aimé passer des heures à "tenter" de retrouver son chemin.
Cela aurait été une bonne idée pour manquer l'entièreté de la fête. Il aurait sortie une excuse un peu stupide à ses parents, dans le genre: "j'ai suivi un lapin".
Et ils l'auraient cru.
Ils le croivent toujours, car pour eux il n'est qu'un idiot.
Un enfant un peu trop naïf, un peu trop bizarre, un peu trop tête en l'air, un peu trop stupide...
Un enfant bien capable de se perdre n'importe où.
Si seulement la forêt était plus grande...

- Excuse-moi petit, aurais-tu vu mon terrier ?

Le visage d'un inconnu apparu dans son champ de vision. C'était un jeune homme, le visage rond et un air un peu perdu et innocent.
Rien de bien impressionnant en soit, excepté les oreilles blanches, similaire à celle d'un lapin, qui trônaient sur le haut de son crâne.

- Tu es muet ? Dommage, je demanderais à quelqu'un d'autre.

L'homme lapin s'éloigna, murmurant dans sa barbe, inexistante, des phrases telle que:

"Je suis tellement en retard"

"je dois me dépêcher"

Renjun mit un petit moment avant de sortir de sa stupeur.
Il observa la silhouette qui s'éloignait et, au moment où elle disparut entièrement de son champ de vision, ses pieds se remirent instantanément en marche et il courut dans la direction de l'inconnu.
Mais étrangement l'homme semblait s'être évaporé.

Il avança encore sur quelques mètres, espérant tout de même revoir l'homme-lapin, mais ses efforts lui semblaient vain.
Alors qu'il s'apprêtait à faire demi-tour, abandonnant sa quête, le sol se deroba soudainement sous ses pieds.
Renjun n'eut pas le temps de crier, il se sentit seulement tomber et ne vit que le noir autour de lui.
Ses bras et ses jambes s'agitèrent, comme s'il tentait de voler ou de se raccrocher à quelque-chose. Mais seulement un vide sinistre l'entourait.
Finalement les hurlements réussirent à surmonter la surprise et il cria presque tout le long de sa chute.
Il n'était pas si stupide, personne ne pourrait lui tendre la main, personne ne pourrait le sauver à cet instant. Mais il ne pouvait rien faire d'autre que d'espérer de l'aide.

~ Wonderland ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant