CHAPITRE III : Les glaïeuls de jais

4 0 0
                                    

Elle sortit en direction du jardin. Celui-ci entourait l'ensemble de la bâtisse. Il était grand et plutôt bien entretenu au vu de sa taille.

Toutes sortes de fleurs et arbustes avaient été planté : des rosiers rouges et blancs, du lierre sur les façades, des tulipes et autres espèces en tout genre.

Cependant, Akaru n'avait d'yeux que pour une seule.

-Tu les aimes vraiment beaucoup ces fleurs, n'est-ce-pas ?

Lorsqu'elle entendit cette voix, Akaru sursauta et fit un bond en arrière.

-Tu m'as fait peur, Néra !

Elle repris son souffle et répondit à la question :

-Oui, ce sont des glaïeuls. Je ne m'y connais pas trop en plante mais je les trouve magnifiques.

-Savais-tu que leur nom dérivant du mot gladius faisait référence aux glaives ?

-Les armes ?

-C'est ça. Je ne pensais pas que tu serais attachée à ce genre là.

- Tu me voyais plus vers quel style ?

- Mmmmh.....En y réfléchissant..... Je n'en sais rien ! Les pâquerettes peut-être.

Akaru la regarda un peu hébétée puis rigola.

-Je m'attendais à tellement plus épique de ta part !!

La jeune fille avec qui Akaru était en pleine discussion se prénommait Néra et avait le même âge qu'elle. C'était une personne très cultivée et intéressée par tout les sujets. Elle possédait une longue chevelure blonde platine, avait les yeux bruns d'une intensité rare et portait des lunettes trop grandes pour elle, ce qui l'obligeait à les remettre en place régulièrement. Ces deux là s'entendaient plutôt bien et elles appréciaient l'une comme l'autre de passer du temps ensembles.

Malheureusement, elles n'en avaient pas souvent l'occasion.

-Je dois te laisser, on m'attends pour surveiller les enfants et je suis déjà en retard.

-Aucun problème. Ça m'a fait plaisir de te voir.

-Moi aussi, dit elle en souriant doucement.

Elle se retourna et rentra dans le batiment.

-Bon ! Je ferais mieux de m'y mettre !

Sur ces mots, Akaru se rendit au fond du jardin où se trouvait une petite cabane en bois qui servait de débarra. Elle empoigna les outils dont elle avait besoin et se mit au travail.

N'étant pas très qualifiée, son rôle se résumé à défricher la terre pour ensuite planter et entretenir. Cela avait beau être physique, Akaru ne se plaignait pas. Au contraire, elle préférait ce genre d'activités à celles qui demandaient de la précision. Elle n'étaient pas de nature patiente. C'est pour cela qu'elle détestait tourner autour du pot. Quand elle avait quelque chose à dire, elle ne s'en privait pas.

Deux heures passèrent.

-Mmmmmh !!!!! J'en peux plus !! Demain, je vais avoir des courbatures partout.

Elle s'arrêta et réfléchit à ce qui lui restait à faire. Il ne lui manquait plus qu'à arroser les carrés fleuries arrières et elle aurait terminé. Elle longea le mur latéral de la bâtisse et déboucha à l'orée d'une forêt. La zone était assez sombre et on ne pouvais rien discerner à plus d'un mètre.

-Toujours aussi bien eclairé ici.

Elle s'occupa de tout les plans et s'apprêtait à rentrer quand tout à coup, elle frissona de la tête jusqu'aux orteils.

-Ça caille ! On est pourtant quand septembre et c'est quasiment midi. Pourquoi il fait aussi froid ??

- Tu veux le savoir ?

-Hein ??

Surprise, elle regarda autour d'elle s'en rien remarquer.

-C'était quoi ça ?

-Hihi ! Tu veux le savoir ?? Répèta la voix en ricanant.

Akaru se retourna violement et observa à nouveau les alentours.

-Qui est là ?

-Hihi ! Tu veux le savoir ??

-Achilles si c'est toi, c'est vraiment moche d'essayer d'effrayer une fille dans un endroit sombre.

Aucune réponse.

-Qu'est ce qui se passe ?

-Hihi ! Tu veux le savoir ?

-Écoute, là ça me fait plus rire! T'es qui à la fin ?

-Hihi ! Tu veux le savoir ??

-Oui je veux savoir !

-Hihi ! Tu veux VRAIMENT savoir ?

-OUI !

C'est à cet instant que le cours de son existance bascula à tout jamais, sans possibilité de retour en arrière.

-Hihihi ! Choix accepté !



Des flammèches se mirent apparaître le long d'un sentier qui s'enfonçait profondément dans le bois. Notre héroïne hésita l'espace de quelques minutes mais intriguée, elle fini par suivre les flammes. Chose encore plus étrange que la situation, ces dernières étaient bleus et ne brûlaient pas la végétation aux alentours.

Elle marcha durant de longues minutes puis, sans qu'elle s'y attende, les feux follets s'éteignirent brutalement. Par chance, elle aperçut de la lumière. Elle la suivit et atteint le coeur du bois.

C'est à cet endroit qu'Akaru, bouche bée, la vit pour la toute première fois.

Elle était étendue là, le corps dans le cresson frais. Les haillons qui lui avaient autrefois servi de vêtements ne dissimulaient désormais que le stricte nécessaire. Ils semblaient pourtant être fabriqués avec des étoffes d'excellentes qualités. Ces lambeaux laissaient entrevoir une peau semblable à de la porcelaine.

Quand à son visage, aucun mots n'aurait pu exprimer sa magnificence. Des traits extrêmement fins, de longs cils, des paumettes rosées et des lèvres écarlates ne demandant qu'à être embrassées. Le soleil berçait de ses rayons cette bellâtre qui semblait inconsciente.

Enfin, ses cheveux, aussi noirs que du charbon, se dispersaient à travers l'herbe, des violettes et....des glaïeuls.

-On dirait presque....des glaïeuls de jais.

Monochrome TranseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant