REGRETS

1.4K 220 5
                                    

Mes pieds m'amènent jusqu'au parking des bus. Le mien arrive dans une demi heure et étant donné que nous sommes dans une grande ville, c'est aussi le cas de la plupart de nos transports scolaires. Alors je me pose contre une barrière, en retrait des étudiants qui font un brouhaha incessant. J'aimerai tellement leur dire de se taire, d'arrêter de crier. De vivre. 

Mes yeux fixent la masse informe et je grimace lorsqu'un mec attrape une blonde par la hanche et l'embrasse furtivement, la faisant rire. Pire que dans un navet romantique. Je détourne le regard et m'arrête plutôt sur le groupe de mec qui ont un jeu de carte dans les mains, assis autour d'une table en pierre. 

Au fond, rien ne peut m'occuper l'esprit. Depuis la semaine dernière, je suis rongé par les regrets. Il ne méritait pas que je le lâche de cette façon, que je le quitte sous le coup de la panique. On aurait pu en parler, décider de prendre notre temps mais je n'ai pas réussi à avoir ce recul. J'ai paniqué, j'ai rompu et aujourd'hui, je baisse la tête au lycée pour ne pas l'apercevoir. D'habitude, il traînait avec nous mais ce n'est plus le cas : nos potes ont compris qu'il y avait eu un soucis. Sauf qu'ils ne savent pas lequel. Même moi, je ne le sais pas.

Je soupire et tire mon téléphone de ma poche, ouvrant la galerie photo. Et une à une, je les fais défiler lorsque j'ai rentré le code de déverrouillage de l'application. Personne sauf lui ne le connaissait : il était le seul à avoir l'autorisation de fouiller dans mon portable. Il était le seul à me connaître par cœur. Il était unique et j'ai tout foutu en vrac.

Mon cœur se serre l'espace d'une seconde, avant que je ne soupire. Je ne peux rien lui reprocher, c'est de ma faute si je me sens aussi minable aujourd'hui. Je ne dois en vouloir qu'à moi-même et à cette trouille. C'est si lâche cette façon que j'ai de me comporter, de le fuir, de ne pas assumer avoir pris délibérément cette décision.

- Alors la tapette, tu fais quoi là ?

Brusquement, je relève les yeux, la peur au ventre. Parce que justement, si je l'ai quitté, c'était pour éviter ce genre d'agression. Ne pas avoir à affronter ces gens qui n'acceptent rien. Devoir se battre pour aimer. 

Sauf que mon regard tombe sur une scène désastreuse et la suite me broie le cœur comme jamais auparavant.

Choisir d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant