Une véritable armada. Et lui, il est là, au milieu. Avec un putain de sourire sur les lèvres, le dos droit et pas une once de peur sur son visage. Mon ventre se tord et je serre les poings, me redressant déjà. Je refuse qu'on lui fasse du mal. Personne n'a le droit de poser ses doigts sur lui, personne.
- Allez vous faire foutre. Je suis gay et alors ? Ca change un truc à ta vie ?
J'écarquille vivement les yeux lorsqu'il lâche ça, plantant son regard farouche dans celui de son agresseur. Il n'est pas terrorisé, il ne flippe pas, il n'a pas conscience d'à quel point ses mots peuvent détruire sa vie. Et ça, seulement parce que les personnes qui lui font face sont fermées d'esprit. Les gens sont cons et j'aurai dû l'écouter, lorsqu'il m'a dit qu'on saurait se défendre face à des imbéciles pareil. J'aurai dû le croire mais je n'ai pas eu les couilles d'assumer.
- Tu ferais mieux de t'écraser la tapette, gronde l'espèce de gorille. Les mecs malades comme toi sont censés se faire interner.
Je le fixe froncer ses sourcils et tout en m'approchant, je vois qu'il est blessé. Que d'entendre ces mots le fait souffrir. Sûrement autant que moi car je ne supporte pas ça, je n'accepte pas qu'on dise qu'il est malade. Que je le suis aussi. C'est faux, si faux. Il est sûrement le gars le plus pur que j'ai pu rencontrer. Blanc comme neige.
Merde. Pourquoi j'ai fait ça ?! Je sens mon cœur battre sourdement dans ma poitrine, la terreur me ronge le cerveau, mon organe vital. Il est là, devant tout ces élèves, à faire son coming out alors que je l'ai quitté pour ça. Il fait face à tout ce que je voulais fuir en le quittant. Et il sourit, parce qu'il assume pleinement qui il est. C'est si beau de le voir comme ça, et je rêve de le retrouver, de le prendre dans mes bras.
De l'aimer à nouveau. De me faire pardonner pour ma lâcheté.
Mais je n'y arrive pas. Je ne peux pas traverser la bande qui s'est formée entre nous pour l'humilier lui. Alors que c'est de ma faute si il en est arrivé là. Il m'avait prévenu : lui se montrerait, il allait arrêté de se cacher, même si c'était sans moi.
Et je m'en veux de le regarder affronter ça tout seul alors que mon cœur bat follement pour lui. Que mes sentiments se battent en duel parce que je ne peux pas le laisser seul. Mais je ne veux pas devenir la personne ciblée et frappée, jugée, insultée. Je ne pourrais pas le supporter.
- Je t'emmerde enfoiré, siffle-t-il alors sans perdre son sourire. Tu n'as...
Tout mon corps se fige, mon cœur s'arrête de battre pendant une seconde. Et le hurlement qui fend l'air me refroidit. Putain.
Je suis terrifié.

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Choisir d'aimer
Storie breviNéo n'a eu besoin de personne pour se briser le cœur. Il a mis fin à une relation qui le rendait vivant pour ne pas avoir à affronter les jugements, les critiques, les regards haineux. Il a fui. Mais lorsqu'il réalise que la personne qu'il aime est...