Frissons 🌹

La nuit 🌃

Polymnie, adossée au mur, et les bras croisés, fixait Gary, qui était allé demander une clope, à un passant. Elle pensait à la guerre, à la douleur de tous ceux qui dans le monde, se battaient pour leur liberté.
La belle brune rit faiblement en voyant son ami revenir avec une cigarette, et rater le trottoir, lui tomber à moitié dessus.
Elle le rattrapa gentiment, habituée, et jeta un regard au ciel étoilé. Au moins elle n'était pas seule. Oui c'était cela, Gary, c'était un garçon seul qui avait trouvé une fille seule. Ils étaient seuls ensemble.
"Comment qu'on allume ça ?
-T'as jamais fumé ?
-Que des cigares de mon oncle quand j'étais petit... "
Elle haussa un sourcil, et rit doucement. Elle empestait peut-être l'alcool mais peu importait, tout le monde puait l'alcool dans cette boîte de nuit bondée.
"Gary, tu dois utiliser du feu pour l'allumer.
-Ah..."
Il lui lança un regard qui voulait dire qu'il refusait de manipuler le feu sous quelque forme qui soit.
La jeune fille secoua la tête, et des mèches de ses cheveux s'échappèrent d'un chignon grossier.
"Dis Poly...
-Mh ?
-Tu fréquentes encore ce mec bizarre ?
-Peut-être, répondit-elle évasivement.
-Tu vas arrêter ?
-Peut-être ..." Sa voix était devenue plus grave. C'était loin d'être une promesse.
"Je ne comprends pas.
-Personne ne comprend... souffla-t-elle. Mais je l'aime... Et on en contrôle pas l'amour. Il nous détruit de l'intérieur, si nous ne détruisons pas les autres... Son énergie est l'essence même de la douleur, mais dis moi, Gary, tu connais quelque chose de plus puissant que la douleur de l'Etre Humain ?"
Elle avait raison. L'Homme souffrait constamment, dans toutes les situations et personne n'y pouvait rien.
Gary baissa la tête, et polymnie s'approcha de lui, lui releva le menton, pour qu'il lui fasse face.
"Mais ce n'est pas parce que tu souffres que tu es comme tous les autres." Comme dans un rêve, elle fit apparaître une papillon lumineux dans le creux de sa main. Qui aurait cru que le noir pouvait être si brillant ? Il s'envola en laissant une traînée rouge derrière lui, des gouttes de sang qui s'évaporaient au contact de l'air. Elle claqua une fois des doigts et le papillon se transforma en une nuée de bulles aux nuances sombres, qui se déposèrent au sol en une flaque disgracieuse aux allures de pétrole. La flaque se réforma, et dansa longuement, un serpent devant le joueur de flûte, animal magique qui s'enroula autour de la jambe de polymnie, puis planta ses dents aiguisées dans la main de celle-ci. Elle souffla dessus et il disparut en une fumée aux relents de roses.
"Poly, rit Gary avec un air désabusé, je crois que j'aurai pas du fumer..."

Polymnie sourit doucement et croisa à nouveau les bras. Ce monde, c'était le sien, celui de la nuit, de la drogue, de l'alcool, des criminels, des rejetés, des pouilleux, des ratés  et de l'illégalité. Et ce monde, il était magnifique.