Un personnage, visiblement le principal, attend à la terrasse d'un café, attablé devant une tasse remplie et encore fumante. Il fixe la chaise vide qui lui fait face.
PRINCIPALIS
J'attends.DEIN
(Il attrape la chaise vacante par le dossier et s'y assoit) Je comprends. C'est fâcheux.PRINCIPALIS
Non. Tu ne comprends pas. C'est une certitude.DEIN
Une certitude ?PRINCIPALIS
Oui. Je me suis fait une raison. Cette chaise restera vide, quoiqu'il arrive. Vide.DEIN
(Il reprend le dernier mot de PRINCIPALIS sur un ton étonné, presque moqueur) Vide ? (Il continue sur un ton plus inquisiteur) Et je ne compte pas moi ? Je suis là, et je l'occupe cette chaise, quoi qu'on en dise.PRINCIPALIS
(Le ton est froid, PRINCIPALIS rejette DEIN) Non. Toi tu ne comptes pas. Je pensais que tu serais arrivé à le comprendre avec le temps.DEIN
(La réponse se veut enjouée, bien que teintée par la solitude) Et bien non figures-toi ! Je ne l'ai pas compris ! Je ne comprends jamais rien de toute façon, c'est toi-même qui l'as décrété. (Il marque un silence) Tu t'en souviens. (Ce n'est pas une question)PRINCIPALIS
Oui. Bien sûr, et il n'a jamais été question que je l'oubli. C'était de ta faute. (Il hausse le ton) De ta faute ! Tu t'en souviens ?DEIN
Toujours. (Rêveur) Comment l'oublier ?PRINCIPALIS
Toujours. (Irrité) Comment l'oublier ?DEIN
On y arrivera pas tu le sais.PRINCIPALIS
(Irrité) De quoi tu me parles ?DEIN
À l'oublier. On n'y arrivera pas. Soit en certain.PRINCIPALIS
Je sais tout ça. Je me le répète sans cesse. Toi aussi d'ailleurs, tu me le répètes sans cesse. Pourquoi on n'y arrive pas ? Pourquoi on ne peut pas oublier ? L'OUBLI, c'est le rôle du TEMPS non ? Pourquoi ne fait-il pas son travail ?DEIN
Pourquoi tu cherches à oublier ? Oublier quand on peut réécrire ? Remanier ?PRINCIPALIS
Parce que je ne vis pas dans ton monde, dans le mien on vit, puis on oubli et on recommence. Il n'est plus question de changer ce qui s'est passé.DEIN
ELLE était belle, tu t'en souviens.PRINCIPALIS
Bien sûr. Et c'est justement ça que je veux oublier. Je veux l'oublier, passer à autre chose, qu'elle ne parasite plus mon existence.DEIN
Ca ne tient qu'à toi. À toi seul. Ce n'est pas ELLE qui parasite ton existence, ELLE, elle est loin. Mais tu rappelles son souvenir, toujours...PRINCIPALIS
Car je ne peux pas l'oublier. Quand on n'a pas oublié, on continue de se rappeler, même si ça fait mal. J'attends juste qu'il passe.DEIN
(Cite PRINCIPALIS) On vit, puis on oubli (il marque un silence) et on recommence. C'est ta logique, pas vrai ?PRINCIPALIS
Vrai.DEIN
Elle est un peu bancale, non ?PRINCIPALIS
Non.DEIN
Il faudrait que tu penses à ouvrir les yeux parfois. À s'obstiner à ce point, tu fonces dans un mur.PRINCIPALIS
Non.DEIN
Tu ne pourrais pas me suivre un peu pour une fois ? Rien qu'une seule ?PRINCIPALIS
Non. (Silence) Enfin...DEIN
On pourrait commencer par le réécrire. Faire en sorte que tout recommence, le vivre une seconde fois peut-être ? Une ultime fois... Et ensuite...
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Coup d'Éclat.
RandomPRINCIPALIS et DEIN, à la terrasse d'un café, se rencontrent autours d'une table et ressassent le passé. Ils ont connu la même femme et n'arrivent pas à l'oublier, malgré des caractères radicalement opposés. C'est un essai théâtral et l'intrigue es...