Acte II scène 6

7 1 0
                                    

Le jour suivant, INCIPERE attend. Son journal est à demi ouvert, il épie à l'entour.

LA SERVEUSE
(Elle arrive près d'INCIPERE)
Vous désirez quelque chose, monsieur ?

INCIPERE
Rien pour l'instant, merci, j'attends une personne qui ne devrait pas tarder.

Le TEMPS passe.

LA SERVEUSE
Votre amie n'est toujours pas arrivée ?

INCIPERE
Ce n'est qu'une question de temps.

Le TEMPS passe.

LA SERVEUSE
Je vous mets un café en attendant ?

INCIPERE
Non, ce ne sera pas nécessaire, elle arrivera d'une minute à l'autre.

Le TEMPS passe une ultime fois.

LA SERVEUSE
Vous ne désirez rien pour... (Elle n'a pas la possibilité de finir sa phrase.)

INCIPERE
Mais puisque je vous dis qu'il n'est pas encore temps. Elle est sûrement en route, elle ne va pas tarder, c'est une évidence. Elle n'a jamais été très ponctuelle. (Il regarde autour de lui, remonte et abaisse son journal d'abord lentement, comme pour lui laisser une chance d'apparaitre, de le surprendre) Elle viendra. (Il pose son journal et commence à boire son café fumant, par gorgées rapides et saccadées) C'est trop chaud. Toujours trop chaud ! Ils ne peuvent pas les servir moins chauds ces cafés ? (Sa colère n'est pas destinée à l'enseigne mais au monde) Rien ne me retient plus ici, de toute façon. Plus rien du tout. C'était puéril de toute manière. Totalement et seulement puéril, ces enfantillages grotesques et sots.

Personne ne vient, il attend encore mais perd patience. INCIPERE sort de la scène. LA SERVEUSE reste là, surprise par cet élan d'agressivité soudain. Elle s'assoit à la table et prend le journal. Son air est triste. Elle pose sur la table une tasse de café et la boit en réprimant une grimace derrière un sourire triste. INCIPERE ne l'a pas reconnue.

Coup d'Éclat. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant