Acte I scène 4

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DEIN est seul, il n'arrive pas à oublier non plus.

DEIN
Elle. Elle. Elle. (Il répète frénétiquement son nom) Je n'y peux rien. Fichu. Perdu. Il faut réécrire. Rien de plus. C'est la solution à tous nos problèmes. Se rappeler puis modifier. Repartir tant qu'il en est encore temps. Il nous suffit d'un grain de sable, d'un dernier effort. Nous y sommes presque... (La dernière phrase est quasiment suppliante)

TEMPS
(Regarde rapidement le cadran d'une montre à gousset puis la ferme d'un coup sec, pour faire claquer le couvercle) Il est bientôt l'heure.

DEIN
L'heure de quoi ? Tu sais bien que la mécanique dans laquelle je suis empêtré est bien plus complexe que celle de tes pauvres horloges. Pourquoi maintenant ?

TEMPS
Parce qu'il est bientôt l'heure. Je déteste me répéter. Mes aiguilles avancent inlassablement, elles effacent, créent, détruisent et créent à nouveau.

DEIN
(Avec une pointe d'ironie) Elles effacent, tu dis ?

TEMPS
Elles y parviennent à coup sûr.

DEIN
Je n'en ai pas l'impression.

TEMPS
Parce que tu es trop occupé à changer la réalité.

DEIN
Je n'ai encore rien fait.

TEMPS
Encore...  Tu y penses... Encore...

DEIN
(Brusquement) Et encore ! Et encore ! Et encore ! (Le mot a perdu son sens)

TEMPS
Tu ne crois pas que cette réécriture est vaine ? Que c'est justement à cause d'elle que tu ne peux pas oublier ?

DEIN
J'oublierai quand je le voudrai ! Je ne suis pas de ceux qui se laissent dicter leurs actes, je ne suis pas le personnage d'autrui, ni même le tiens.

TEMPS
Si tu le penses alors soit.

DEIN
Soit.

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