Chapitre 1

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I hope someday we'll sit down together

And laugh with each others about these days, these days

All our troubles, we'll lay to rest and

We'll wish we could come back to these days, these days

Je jette un regard par la fenêtre. Le ciel s'est voilé de nuages, barrière contre les rayons du soleil qui ne parviennent même plus à percer cette masse grise. Les branches des arbres alentour se plient aux rythmes des bourrasques de vent, ne résistant pas à ce début de tempête. Les rues, désertent à cette heure de la nuit, ne tardent pas à être balayées par de petites gouttes d'eau tombant du ciel. Une nuit d'orage. Parfaite représentation de ma vie. Je détourne les yeux du spectacle qui se joue à l'extérieur et observe d'un air morne mon petit chez-moi.

Je vis dans un appartement à la frontière de Danville, dans l'État de l'Arkensas. Il y fait plutôt chaud, mais lorsqu'il pleut, c'est souvent de gros orages qui s'abattent sur la ville. Aujourd'hui ne va pas faire exception. L'immeuble est situé près de la route, la seule à des kilomètres qui mène au centre-ville, et aux abords d'un petit bois. Ce bâtiment en plus d'être extrêmement mal situé est presque totalement délabré. La gérante est à deux doigts de mettre la clé sous la porte et seul le fait que je lui loue mon appartement le double de son prix initial semble la dissuader de me mettre à la rue. Je n'ai pas à me plaindre. Malgré que je paye bien plus qu'originellement, cela reste tout de même acceptable. C'est la seule raison qui me retienne ici.

On ne peut effectivement pas dire que je vive dans le grand luxe. Mon appartement est composé en tout et pour tout, de seulement trois petites pièces ridicules. Je laisse mes yeux vagabonder dans la pièce principale. Au fond, une petite cuisine composée d'un plan de travail et d'un frigo est séparée du salon par une table en bois entourée de deux chaises. De l'autre côté, je ne possède qu'un fauteuil et un petit meuble sur lequel repose ma télé qui, à mon plus grand désarroi, ne capte qu'une chaîne sur deux de temps à autre. Quand elle en capte. Je lève les yeux vers le plafond pour observer mon ampoule qui pend mollement avec plusieurs fils électriques apparents. Depuis qu'elle s'est cassée, je n'ai pas trouvé une minute pour la réparer. Heureusement pour moi, la fenêtre sur laquelle je suis accoudée, diffuse assez de lumière pour éclairer toute la pièce.

Je me déplace avec indolence jusqu'à ma chambre. Je passe près de mes placards dans lesquels je range le peu de vêtements que je possède et contourne mon lit double qui est très certainement l'endroit le plus confortable de cet appartement. Une petite fenêtre sur le mur d'à côté est la seule source d'éclairage de la chambre. Je me dirige vers une porte située à l'opposé de celle-ci. La dernière pièce est ma salle de bain. Ne pouvant résister à l'humidité ambiante, les murs s'effritent. La douche, miteuse, ne lâche qu'un faible écoulement d'eau permettant tout juste de me laver. Les toilettes se trouvent à côté, et en face, le lavabo est surplombé d'un miroir fissuré. Ce n'est clairement pas un palace tout confort !

J'ouvre le robinet et me passe un coup d'eau sur le visage dans le faible but de me réveiller. Je me redresse et observe mon reflet dans le miroir. Mes cheveux tombent en belles boucles brunes, sur mes épaules, m'arrivant un peu en dessous de celles-ci. Ma peau blanche marque un contraste saisissant avec les cernes noirs qui s'étendent sous mes yeux. Ces derniers, d'un vert clair presque gris, encadrés par mes longs cils bruns, ne reflètent qu'une fatigue profonde.

Je sors de la pièce et m'écroule sur mon lit, le ventre contre le matelas. J'enroule mes mains dans la laine de ma couverture et respire le parfum de vanille qui s'y est imprégné. Je ferme les yeux et tente de reposer mon cerveau embrumé. J'ai travaillé toute la journée et je dois m'y remettre cette nuit. Je n'ai déjà pas beaucoup dormi la nuit dernière et mon corps, en manque de sommeil, peine à suivre le rythme imposé par mon boulot.

De plus, mon travail est particulièrement épuisant. Je passe mes journées et mes nuits à traquer toutes sortes de créatures surnaturelles à travers tout l'État. On nous considère comme des chasseurs, mais en réalité, nous sommes plutôt des tueurs. C'est ce que je suis, une tueuse, traquant mes proies avant de les tuer froidement, sans une once de sentiments. Je ne suis pas quelqu'un d'insensible, mais il vaut mieux pour moi que je reste neutre lorsque je chasse mes proies. Si je me mettais à éprouver des sentiments pour mes victimes, je ne pourrais pas effectuer mon travail correctement, mettant de surcroît ma vie en danger mortel. Voilà la principale raison pour laquelle je ne possède aucun effet personnel. Cela m'est totalement inutile, la mort est un danger constant, tous les chasseurs en sont conscients. Moi, la première. Je n'ai jamais appris à craindre la mort. Je me bats pour vivre, luttant contre cette ombre ténébreuse, mais je n'en ai jamais eu peur. C'est un sentiment que je ne connais pas. Cela me rend plus forte. Forte, à tel point que je ne recule pas face à elle. Jamais. Je me retourne entre mes draps et observe mon plafond blanc. Il n'y a pas un bruit dans l'appartement. Seul le silence m'enveloppe. Un silence que j'ai appris à côtoyer, par la suite, à aimer. Il est représentatif de ma vie. Une vie silencieuse que je suis seule à briser. C'est ce à quoi nous, les chasseurs, sommes contraint. Une vie de solitude.

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Hi,
Voici le premier chapitre de ma toute première histoire. J'espère que cela vous plaît déjà et je vous dis à demain pour la suite.

Âme-Sœur : La Flamme De L'insurrectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant