Jeux de mains... (Tome 1) - Sous contrat d'édition [Cherry Publishing]

Chapitre 1

— Camille, Maeva, votre frère va arriver !

Je dévale l'escalier et rejoins Carole dans la cuisine, attrape une pomme et croque dedans avant de lui dire :

— Hop hop hop, pas de grossièretés ! Ce n'est pas mon frère.

Elle lève les yeux au ciel, mais ne peut pas s'empêcher de sourire. La petite Maeva arrive en courant avec Lili la licorne, sa peluche multicolore, dans les bras et demande à sa mère :

— Liam arrive ?

— Oui ma chérie, il m'a écrit pour me dire qu'il est en route.

La petite de cinq ans n'attend pas que sa mère a finie sa phrase, elle court coller sa frimousse à la fenêtre de l'entrée pour être sûre de ne pas louper l'arrivée de son héros.

Comme elle va être déçue en se rendant compte, qu'en fait, son grand frère n'est qu'un imbécile arrogant !

— Une sur deux qui est contente, c'est déjà pas mal !

Carole me sourit alors que je m'assieds, comme à mon habitude, sur le plan de travail et appuis mon épaule contre le frigo, tout en continuant de manger ma pomme :

— Ce n'est pas que je ne suis pas contente, c'est juste que j'ai envie de l'étrangler avec ses cordes vocales à chaque fois que je le vois ! C'est tout.

Elle recrache la gorgée d'eau qu'elle s'apprêtait à boire et explose de rire. Cette femme est géniale, vraiment je l'adore, et pour info, je parle de son fils, qui n'est pas mon frère et elle n'est pas ma mère et Maeva n'est pas ma sœur. Du coup vous vous demandez sûrement : Mais qu'est-ce qu'elle fout là celle-là alors ?

Hé bien, je suis la progéniture de Maria Murphy et Dave Jones, mariés six mois après leur rencontre, un an après, je vous laisse deviner qui est arrivée, treize ans de vie commune, puis un divorce propre et net. Ne vous faites pas d'illusions, les treize ans ne veulent rien dire, ils sont restés ensemble parce que c'était pratique. Les deux sont avocats, ils passaient le plus clair de leur temps dans leur bureau respectif, les nounous me géraient et quand j'ai été « assez grande pour le supporter », c'est eux qui le disent, ils se sont décidés et ont divorcés. Ils m'ont demandé de choisir et je suis restée avec mon père, mais encore une fois, ne vous méprenez pas, je ne suis pas plus proche de lui que de ma mère, c'est juste qu'il proposait la Floride comme destination, alors que ma mère proposait l'Oregon. Oui, c'est moche de choisir comme ça, mais en même temps je n'avais pas vraiment d'autres critères de sélection...

Un an après notre arrivée, mon père a rencontré Carole, jolie blonde aux yeux bruns rieurs, un mètre soixante-quinze de bonne humeur, souriante et pleine de vie. Carole est la propriétaire d'un petit café juste à côté du bureau de Dave, il y passait tous les matins et un jour où il était moins pressé, il l'a invité à dîner, elle a dit oui et visiblement, depuis ça fonctionne. Dès leur premier rendez-vous, elle a été honnête et lui a raconté son histoire : un mariage qui s'est très vite révélé bancal, la naissance de son fils, un divorce cauchemardesque durant lequel elle s'est transformé en lionne insatiable pour la garde de son bébé, petite dépression, mise en couple avec son meilleur ami, nouveau mariage, essais de bébé, échecs, prises de tête, nouvelle dépression, nouvel essaie, réussite, naissance de la petite Maeva, adultère de monsieur...

Tout ça pour ça !

Du coup, après avoir entendu son histoire, mon père n'a pas été surpris quand elle lui a précisé avec beaucoup de sérieux que, mis à part son fils, elle n'a besoin d'aucun homme dans sa vie. Je ne sais pas ce qu'elle trouve au caractère austère de Dave, mais je sais ce qui a plu à mon père chez cette femme !