Chapitre 3

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On est dimanche, donc techniquement ce matin j'aurais pu faire la grasse matinée, pourtant j'ai été réveillé à neuf heures par les cris de mon père. Et non, ce n'est pas une grasse matinée digne de ce nom pour un dimanche, je suis de celle qui ne se lève pas avant onze heures en général. Bref, cris plus porte d'entrée qui claque à en faire trembler les murs, impossible de faire comme si je n'avais rien entendu. Je m'étire donc de tout mon long et bâille à m'en décrocher la mâchoire avant de me lever. Vu le calme de la maison, je ne me casse pas à la tête et descends, dans ma tenue actuelle, les escaliers pour me diriger directement vers la cuisine. Je ne sais pas contre qui mon père à crier, mais apparemment tout le monde a déserté, je sors le lait du frigo, cherche le paquet de céréales, puis me mets sur la pointe des pieds pour attraper un bol dans le placard, ce qui fait remonter mon t-shirt.

— Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour, mais sexy la petite culotte Jones.

Je sursaute et me retourne en fusillant Liam du regard, cet abruti a les coudes appuyés sur l'îlot central de la cuisine et son visage de sale gosse est posé sur les paumes de ses grandes mains. J'ai beau tenter de garder la face devant son regard qui parcours mon corps, je sens mes joues rougirent et son sourire satisfait ne fait que me le confirmer.

— Va te faire voir Evans !

— Visiblement vous n'êtes pas du matin dans la famille Jones.

— Évidemment, c'est toi qui as fait enrager mon père... Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ? Elles sont où ta mère et ta sœur ?

— Au marché.

— Ha.

Je me retourne vers le placard et attrape une tasse, une étagère plus bas que les bols, avant de me préparer des céréales. Liam reste quelques secondes à m'observer, puis va se servir un grand verre de jus de fruits, qu'il boit d'une traite avant de s'adosser contre le rebord de l'évier, pendant que je m'installe pour prendre mon petit déjeuner. Quelques minutes de silence passent et finalement, je ne peux pas m'empêcher de lui demander :

— Alors, tu lui as dit quoi pour le mettre en rogne ?

— Il est revenu à la charge avec son règlement.

Je grimace :

— Houlà, dès le matin ?

Nos regards s'accrochent et je crois que pour la première fois depuis qu'on se connaît, nous nous sourions réellement.

Mince, ça voudrait dire que l'adage est vrai, l'ennemi de mon ennemi est mon ami ?

Comme si lui aussi venait de se rendre compte de ce moment d'égarement, il se retourne pour déposer son verre dans le lave-vaisselle, puis s'ébouriffe les cheveux avant de reprendre :

— Je l'ai coupé assez rapidement, ce qui l'a fait enrager, puis je lui ai expliqué pourquoi ses règles sont archaïques et stupides.

— Ouche... Je lui ai plus ou moins dit qu'il était stupide pas plus tard qu'hier ! T'as mal choisi ton timing pour lui balancer ça.

Et puis je tique, je me redresse rapidement sur ma chaise, un peu paniquée.

— Attends... C'est quoi ta sentence ?

Son sourire insolent et sa fossette apparaissent.

C'est mauvais signe !

Il s'avance de sa démarche nonchalante, j'ai d'abord l'impression qu'il va partir sans même me répondre, mais quand il arrive dans mon dos, ses bras bronzés passent de chaque côté de mon corps pour venir s'appuyer à l'îlot, je sens son odeur de gel douche, de soleil et de cigarette, cette dernière est plus forte que d'habitude. Après sa joute verbale avec mon père il a dû sortir pour fumer, c'est pour ça qu'il n'y avait plus un bruit dans la maison. Son torse ne touche pas mon dos, en fait aucune partie de son corps ne touche le mien, mais je sens sa chaleur dans chacune de mes cellules. Je tourne à peine la tête et son visage apparaît à quelques centimètres du mien, le bleu de ses yeux plonge dans le gris des miens, puis il me dit, presque à voix basse, comme s'il s'agissait d'un secret :

Jeux de mains... (Tome 1) - Sous contrat d'édition [Cherry Publishing]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant