L'année 1532

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Du haut de ses 8 ans, Aurore était une jeune fille choyée par ses nourrices. Toujours très bien vêtue, bien coiffée, bien parée on eu dit qu'elle ressemblait à une poupée. Elle ne s'adonnait qu'à la musique, la danse ou la poésie et toujours de manière très raisonnable. En somme, c'était une jeune fille tout à fait disciplinée qui savait se tenir parmi le beau monde. Elle ne parlait jamais ou presque et rigolait encore moins souvent, cet étalage sentimental étant trop outrancier pour une jeune fille de son rang. Tous les nobles du duché lui prédisaient un avenir radieux et beaucoup de ceux qui avaient eu un fils avaient d'ors et déjà fait leur proposition aux parents de la petite en prévision d'un fastueux mariage. Cependant, c'est avec une remarquable diplomatie qu'elles avaient toutes été déclinées. Le duc et la duchesse de Bretagne, trop conscients de la valeur que représentait leur fille, attendaient bien davantage d'une telle union. À vrai dire, ils avaient même déjà leur petite idée. 

C'était l'année 1532. Anne de Bretagne, reine de France, venait tout juste de rendre l'âme et se jouait alors un terrible combat d'influence pour préserver les privilèges de la Bretagne face au royaume de France. Le duc de Bretagne se rendit en personne à la cour du roi de France pour négocier des arrangements convenables aux deux parties. Après de longues heures à discuter des affaires, le duc aborda l'une des raisons de sa présence à la cour : la main de sa fille chérie. Elle était sans nulle doute un parti idéal pour fortifier les liens entre la France et la Bretagne aussi le roi de France n'eu pas beaucoup de mal à accepter une telle offre. Aurore de Bretagne serait donc l'épouse du jeune neveu du roi et vivrait à la cour le jour de ses 20 ans. Ainsi fut décidé du destin de la jeune fille.

Lorsque Henri de Bretagne rentra chez lui, quelques semaines plus tard, et qu'il annonça l'heureuse nouvelle, tout le château fut prit d'une vague de frénésie bienheureuse. La rumeur s'était répandue comme une traînée de poudre dans toute la Bretagne et on chantait déjà les louanges des deux jeunes fiancés. L'honneur du duché était sauf, les avantages financiers aussi ce qui rendait le mariage à venir d'autant plus important. 

Quant à Aurore, si on lui avait posé la question, ce qu'on ne fit d'ailleurs pas, elle aurait sûrement dit qu'elle se satisfaisait fort bien de cette union et qu'elle n'aurait put espérer meilleur parti que le jeune neveu du roi de France. En vérité, comme tout le reste de son entourage, Aurore était très excitée à l'idée d'épouser un membre de la famille royale et de vivre, plus tard, à la cour. C'était le rêve de toutes les petites filles issue des familles nobles. 

Quelques semaines plus tard, on organisa une rencontre entre les deux enfants afin qu'ils puissent échanger quelques mots et faire connaissance. Aurore était toute excitée à l'idée de rencontrer son futur époux. Elle se surprenait à rêvasser, à l'imaginer ou à le fantasmer. Était-il grand ? Était-il valeureux ? Était-il beau ? Était-il courageux ? Son petit coeur battait à tout rompre dans sa poitrine à l'idée qu'il fut tout cela à la fois.

La rencontre eu lieu à distance raisonnable entre les deux châteaux, au beau milieu d'une forêt traversée par un chemin quelque peu tortueux. Aurore avait été particulièrement pomponnée pour cette entrevue tant attendue. Vêtue d'une jolie robe en satin bleu clair, elle ressemblait à s'y méprendre à un ange avec ses longs cheveux bruns tressés dans son dos et sertis de fleurs blanches. Lorsque le carrosse arriva sur le lieu de rendez-vous son coeur se mit à tambouriner fort dans sa poitrine. Un deuxième carrosse était déjà présent sur les lieux entourés de gardes en armures argentées. Sa mère, assise en face d'elle dans la diligence, lui lança un regard bienveillant et lui saisit les mains comme pour lui donner un peu de courage. Un garde vint se poster à l'entrée de son carrosse et ouvrit la porte. Il tendit sa main à la jeune demoiselle qui s'en saisit et descendit les petites marches en bois. C'est alors que la porte du carrosse en face s'ouvrit à son tour. 

Les amants mauditsWhere stories live. Discover now