Ce jour-là, tout le village de Dinan s'était préparé à faire la fête. La saison de la chasse venait de s'achever et l'on comptait bien profiter des quelques mets qui avaient été débusqués. Pour l'occasion, le duc de Bretagne invita son frère à venir festoyer ainsi que sa femme et leurs très nombreux enfants. 12 pour être tout à fait exact. Un immense banquet qui longeait toute la cour avait été disposé afin de recevoir tous les invités. Les habitants eux-mêmes, enfiévrés par l'enthousiasme populaire avaient décidés de faire la fête si bien que toute la ville s'était donné rendez-vous dans les ruelles du petit village. On disposait des tables de ci de là. Toutes les tavernes étaient ouvertes toute la nuit et avaient remplies leurs stock de bière pour la soirée. Dans la rue l'on dansait, l'on chantait et surtout l'on s'amusait.
Aurore avait attendue ces festivités depuis déjà fort longtemps. Elle adorait l'ambiance légère et enivrante qui envahissait la ville à ces moments là. Les rires inondaient l'air et semblaient se perdre dans les nuages. Elle arpentait la ville depuis bientôt deux heures et ne se lassait pas d'admirer tout ces gens autour d'elle qui prenaient plaisir à partager un moment convivial. Soudain, Aurore fut interrompue dans ses rêveries. Une main amicale se posa sur son épaule pour l'interpeler. La jeune fille tourna les talons et tomba nez à nez avec sa suivante Rosa.
Rosa était une jeune fille qui avait sensiblement le même âge qu'elle mais elle semblait terriblement plus mûre que sa maîtresse. C'était quelque chose au niveau du regard. Comme si Rosa avait vu de ces choses qui font grandir d'un seul coup. Il y avait au fond de ses douces prunelles brunâtres une sorte de mélancolie déchirante. Mais Rosa était une jeune fille discrète et jamais elle ne s'était confiée sur les blessures de son passé.
- Il faut y aller madame, la pressa Rosa. Vos parents vous attendent pour le buffet.
- Oh le buffet ! Se rappela Aurore. J'ai faillis oublier.
Rosa esquissa un léger sourire et accompagna Aurore jusque dans l'enceinte du château qui surplombait la ville. Bientôt, les festivités purent commencer.
La soirée allait bon train. Tous les invités riaient aux éclats et le dîner fut fort apprécié. Aurore avait été installée entre sa cousine Geneviève et son cousin Louis Auguste. Cependant, tous deux étaient à mourir d'ennui. L'une ne cessait de vouloir discuter de la couleur des derniers rubans que lui avait acheté son père tandis que l'autre semblait déterminé à ne pas prononcer un mot de toute la soirée. Prétextant un mal de tête, Aurore parvint à quitter la table une fois le repas fini.
En réalité, Aurore avait une idée derrière la tête. Elle s'éclipsa hors du château et s'engagea dans les rues animées de la ville. Du regard, la jeune fille cherchait une petite tête brune parsemé de jolies bouclettes, un regard de miel et un sourire angélique. C'était Tristan, son ami d'enfance. Elle alla faire le tour des tavernes mais elle fut déçue car elle ne le trouva pas. Aurore soupira tristement. Un soir comme celui-ci, où pouvait-il bien se trouver ?
Son coeur se serra dans sa poitrine. Se pouvait-il qu'il soit en compagnie d'une jolie jeune fille ? Les joues d'Aurore se mirent à rougir puis devinrent brûlantes. Non, c'était impossible. Aurore secoua la tête de droite à gauche comme pour chasser cette idée. Pas une seule jeune femme de ce village n'était assez bien pour son ami, du moins, s'en était-elle convaincue. Mais... il fallait admettre que Tristan était un joli garçon et que de fait, il attirait bien des convoitises de la part de la gente féminine. Pas plus tard que la semaine dernière, Aurore avait surprise Mathilda, la fille d'un riche commerçant de la ville, en train de vanter les qualités physiques de son ami auprès de ses suivantes. "Comment un fils de boucher peut-il être à ce point séduisant ? S'était-elle écriée tout en gloussant. C'est fort dommage qu'il n'ai aucun titre ni aucune terre. Il finira par épouser une palefrenière ou il deviendra l'amant d'une bourgeoise dont la vie maritale sera devenue morne et ennuyeuse. Ma foi il ne me déplairait pas comme amant." À ces paroles, Aurore avait eue envie d'arracher le sourire moqueur de Mathilda et de le réduire en bouillie. Jamais elle n'avait eue autant envie de sortir de ses gonds. Mais comme à chaque fois, elle s'était retenue et avait fait bonne figure.
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Les amants maudits
Narrativa StoricaAurore et Tristan ont grandis ensemble dans le même petit village breton. Elle est la fille du seigneur qui possède ces terres tandis qu'il n'est qu'un fils de boucher destiné à rejoindre, plus tard, la grande armée du roi. Le temps passe et l'amiti...