LEGITIME DEFENSE

3-Accouchement de Codou

Arrivées chez Saltigui Wagane,il les installa dans sa chambre. Elles étaient assises sur une vieille natte.
Partout dans la pièce, on y trouvait des cornes de vaches et de chèvres, emballées dans des morceaux de tissus rouges comme du sang,une peau d'animal qui servait de natte,des milliers de cauris attachés dans des morceaux rouges et des bouteilles qui dégageaient une odeur nauséabonde.

Quelques minutes plus tard, Saltigui Wagane s'installa devant elles avec un long chapelet à la main. Après les avoir salué, il dit:

-Fary!lou donónn sénii tank?

-Ah sama thiaméñ,mann dh sa diérbatt bi lalaa andi wón,répondit Mame Fary

-lou ko dàll mbaa jám?demande Saltigui Wagane

-Móm dh,nénaa bir bii moy métii.

-Enh,biir bouy métti!Codou, fànn moy métti?Biir bi!dit-il,le regard fixé sur Codou.

-Wa-ou-w!répliqua Codou qui secoue la tête en caressant le ventre.

Saltigui Wagane prit une bouteille d'eau et de racines qu'il donna à Mame Fary.

-Naa ci goukh ñaari yón!Insh'Allah daay sédd,rassura Saltigui Wagane.

-Waouw!fit Mame Fary en aidant Codou à se lever.

Après quelques mots de remerciement, Mame Fary et Codou  retournèrent à la maison. Codou prit deux gorgées comme lui avait indiqué Saltigui Wagane et sa douleur s'est calmée.
Trente minutes après,son ventre lui faisait encore mal. Elle demanda à Mame Fary d'appeler Moussa pour qu'il vienne.

Suite à la mort de Souleymane, Moussa était devenu le chef de la famille. Il commandait tout et ses frères exécutaient sans réplique. Il bougeait tout le temps. Il était partout où un membre de la famille vivait. Moussa était le cordon ombilical de la famille.

Ce jour là, lorsque Mame Fary l'appela pour l'informer de la maladie de Codou, il était à Dakar chez son cousin Ameth Diagne, professeur de mathématiques au lycée Blaise Diagne. Loin de son village,il appela Oumy, la seule fille que leur maman avait mis au monde,pour qu'elle aille voir Codou à Gokh.
Oumy était une jeune étudiante à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Elle était une taille fine,de teint «café au lait», rendu visible par le climat de Dakar. Partout où elle passait,les yeux sont fixés sur elle et les garçons sont ébahis par sa belle beauté bien entretenue. Elle était très rattachée à Codou après la mort de ses patents. On peut dire même que c'est elle qui l'a éduqué,parce qu'elle était très petite. C'est pourquoi elle avait une bonne entente avec Codou, sa «mère adoptive ».

Keur-Marème, le village de Moussa était à 2km de Gokh, on pouvait le faire à pieds. Mais Oumy avait préféré payer une moto pour arriver un peu tôt.
Arrivée, elle trouva Codou couchée sur le sol,avec son ventre ballonné. Sa santé devenait de plus en plus fragile. Oumy décida alors de l'amener à l'hôpital de la ville où l'âme de Souleymane a pris fin.

Dès qu'elles traversèrent le grand  portail de l'hôpital,l'esprit de Codou fut envahit par les souvenirs de son défunt mari. Des larmes coulèrent de ses yeux,son accompagnatrice la consola sans rien comprendre.