Envie

566 31 16
                                    

Elle finit par abandonner sa tentative de mettre ses cheveux en ordre, ses gestes étant bien trop fébriles pour ça. La faute à Nathaniel qui la mettait dans tous ses états.

- Pas besoin de te faire belle pour moi, même sans rien je te trouverais parfaite.
- Naaaaaath !
- Bon d'accord, surtout sans rien.

La brune sortit de la salle de bain en riant, ce qui permit à l'étudiant de la reluquer. Amusée, Lysa tourna sur elle-même comme pour un défilé.

- Aloooors ?
- Alors, c'est la première et dernière fois que je t'autorise à sortir avec ce truc aussi moulant.

Il finit par se lever et alla se placer debout derrière elle, commençant à lui faire une natte.

- T'as un élastique ?
- Yep. À combien de filles tu as fait cette coiffure pour t'en sortir aussi bien ?
- Sois pas jalouse. Juste à ma frangine.

La jeune femme hocha la tête, tout en enlevant l'élastique autour de son poignet pour le lui tendre.

- Quand et comment tu as connu le barman ?
- Aidan ? Dès mon arrivée ici. Je suis arrivée ici à dix-huit ans ici, mais j'étais majeure en Europe, pas ici. Du coup, j'ai créé une fausse carte d'identité pour pouvoir bosser dans un bar, et il était déjà employé. Au début, il pouvait pas me saquer. Quand le patron m'a grillée, Aidan m'aurait laissé passer la nuit en taule sans soucis si.. Si un ami commun ne l'avait pas ramené à la raison.
- Un ami commun ?
- Disons qu'on était pas que deux à bosser dans ce bar.

Lorsque le blond lâcha ses cheveux, elle comprit qu'il avait fini, et elle se tourna vers lui, un léger sourire aux lèvres.

- Tu as épuisé toutes tes questions d'avance, beau gosse.
- J'en aurais d'autres. C'est du joli d'avoir falsifié une pièce d'identité, n'empêche.

La jeune femme lui tira la langue, puis se dirigea vers la sortie, vite suivie par Nathaniel. Ils marchèrent en silence jusqu'au gymnase, mais c'était loin d'être pesant. Ils étaient juste.. Sereins. Une fois sur place, l'étudiant partit au vestiaire pour se changer, et Lysa en profita pour aller trouver Kim, près des tapis roulant.

- Salut toi. Alors comme ça on parle de ses clients à d'autres ?

La propriétaire des lieux haussa un sourcil, intriguée.

- De quoi tu m'parles ?
- Nathaniel m'a dit que tu lui avais parlé de moi, genre tu m'as décrit, et il a capté que c'était moi.
- J't'arrête tout de suite, c'est lui qui a commencé. Il s'est ramené hier, tout joyeux, en m'parlant d'une fille différente, belle, mature, intelligente, puis il a commencé à m'décrire tes ch'veux en m'disant qu'il voudrait y passer sa main, puis il est passé à tes yeux qui lui faisaient penser aux nuages pendant une averse, bref c'est devenu un peu malaisant. M'enfin, y a pas trente femmes brunes aux yeux gris dans le coin, du coup j'ai balancé ton nom.

Lysa observa sa coach, bouche bée par les paroles qu'elle lui disait. Bon, d'un côté elle était soulagée de pas être la seule que cette histoire rendait débile. Elle finit par détourner les yeux en rougissant, un léger sourire étirant ses lèvres.

- Hm, je vais t'épargner les détails niais..
- Ouais, j'veux bien.
- Tu veux bien quoi ?

Les deux jeunes femmes sursautèrent, puis se tournèrent vers le blond qui revenait, en simple jogging. Sans pouvoir s'en empêcher, le regard de Lysa dévia sur le torse du jeune homme, ce qui lui valu un coup de coude de Kim.

- Y a qu'une seule raison pour laquelle j'accepte que tu restes plantée sur place à regarder Nath, c'est qu'il t'file un cours de boxe.
- Mais c'est ce que j'allais justement faire, ma chère Kim. Tu viens, Lysa ?

L'étudiante en littéraire s'apprêtait à lui demander si elle en avait vraiment besoin de ce cours, mais il lui tourna le dos à ce moment, et montra ainsi un immense tatouage qui recouvrait son dos. Il représentait un arbre mort, dont le tronc recouvrait sa colonne vertébrale, et les branches s'étendaient sur ses omoplates et ses épaules. Il n'y avait que deux feuilles qui subsistaient. Poussée par la curiosité, elle le suivit jusqu'à l'un des punching-ball.

- Que représente ce tatouage ?
- Un arbre.
- Oui, merci, je suis pas débile. Je voulais dire, que représente-t-il pour toi ?
- Je sais que c'est ce que tu voulais dire, mais ça me fait maintenant deux questions.

La brune se traita mentalement de nulle de s'être faite avoir aussi facilement, alors que Nathaniel lui adressait un regard moqueur.

- Pour te répondre, l'arbre mort me représente, seul, triste.. Les feuilles représentent Ambre et Kim, qui sont les seules à être encore là pour moi.
- Bien trouvé.. Mais je n'y suis pas.
- Pas encore.

La jeune femme sentit son coeur louper un battement, puis elle s'approcha de lui, sans lâcher son regard.

- Arrête de faire battre mon coeur plus vite..
- Alors arrête de faire pareil avec le mien..

La respiration de Lysa s'accéléra, son envie d'embrasser Nathaniel grandissant de plus en plus. Celui-ci se pencha d'ailleurs vers elle, comblant peu à peu l'espace entre leurs lèvres.

- Hey, vous deux ! C'est pas les muscles de la langue que vous devez bosser !

Les deux étudiants se figèrent, puis s'éloignèrent, tous deux se forçant à détourner le regard. Finalement, le blond attira la jeune femme contre lui, dos contre son torse.

- Premier truc, tu veux balancer ton poing à quelqu'un, quel est le réflexe à avoir ?
- Rentrer ses pouces à l'intérieur de ses poings pour éviter de se les casser ?
- Bien vu. Ces cours servent-ils vraiment à quelque chose ?
- Ouais. À te donner un contexte sur lequel te toucher ce soir.

Elle se cambra légèrement contre le blond, laissant ses fesses appuyer doucement sur son entre-jambes, et pour toute réponse, elle entendit la respiration du jeune homme se couper.

- Mais dites le si vous voulez que j'vous vire, bordel !

La brune ricana légèrement, puis resta sage durant le reste du cours. En même temps, Nathaniel s'était éloigné d'elle pour une obscure raison. Deux heures plus tard, Kim les mit réellement dehors, mais parce qu'elle devait fermer la salle cette fois-ci. Naturellement, le blond la raccompagna jusqu'à la porte de sa chambre.

- Tu sais que tu m'as frustré tout à l'heure ?
- Oh, crois moi, j'aurais aussi aimé bosser les muscles de ma langue.
- Je parlais pas de ça.
- Je sais.
- Tu sais quoi ?
- Je sais pourquoi tu es frustré. Et tu vois que moi aussi je peux ruser pour notre jeu des questions, je viens de niquer les deux que tu avais économisé.

Le blond serra la mâchoire, l'air à la fois agacé et amusé par la manoeuvre de la jeune femme. Celle-ci se mit sur la pointe des pieds afin de déposer un léger baiser au coin des lèvres de l'étudiant, puis s'éloigna.

- Pour me faire pardonner.

Elle lui fit un clin d'oeil taquin avant de retourner dans sa chambre, où Yeleen l'attendait, impatiente de connaître les détails.

Réinventer nos viesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant