1. La fille en noir

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J'étais une fille banale, qui vivais une vie heureuse avec une sœur et une mère aimantes.

Le seul point qui me dérangeait, était cette fille dans ma classe.

Quand je repense à elle — ou plutôt à cette chose — j'en ai des frissons et je n'arrive plus à dormir la nuit.

Je n'avais jamais entendu une seule phrase sortir de sa bouche.
Quand j'arrivais en classe, elle était toujours là, toute seule au fond, à ce bureau tout sale, rempli d'écritures malsaines comme meurt, ou encore le diable viendra cette nuit chez toi, et assise à une chaise horriblement bancale.

Personne ne faisait attention à elle, pas même les professeurs, ce qui me surpris grandement.

Personne ne connaissait ni son nom, ni qui elle était.

Sa peau était tellement blanche que l'on pouvait apercevoir certaines de ses veines. Ses cheveux noirs tressés et ses cernes lui donnaient le visage de la fille possédée dans les films d'horreur. Sa robe noire lui descendait jusqu'aux genoux, et ses chaussures... Elle n'en avait pas.

À midi, j'allai manger à la cantine avec mes amies quand elle passa à côté de moi et murmura ces quelques mots :

« Tu verras nous rigolerons beaucoup, toi et moi. »

Je ne sus pas si ce message​ m'était adressé, et à vrai dire, je ne m'en souciais pas. Mais, j'étais étonnée car je ne l'avais jamais entendu parler.

Mais tout commença un samedi après-midi. Je faisais mes devoirs quand j'entendis frapper à la porte d'entrée. J'ouvris la porte et me crispai presque aussitôt : c'était la fille bizarre dans ma classe.

« B... Bonjour. Qui es-tu ? Bégayais-je »

Aucune réponse mis à part un petit sourire mesquin se dessinant sur ses lèvres.

« Tu... Tu es dans ma classe, non ? Continuais-je en essayant de garder mon calme »

Toujours ce sourire qui s'agrandissait au fil des secondes et qui me faisait terriblement peur. Je finis par perdre mon sang froid et lui claquai la porte au nez avant de retourner dans ma chambre, terrifiée.

Je découvris alors, posé sur mon lit, un bout de papier sur lequel avait été écrit un numéro de téléphone contenant uniquement les chiffres 0 et 6. Je commençais à trembler de peur sachant très bien que ce numéro, c'était la fille qui l'avait laissé ici.

Comment était-ce possible ?

J'allais alors de suite prévenir ma sœur en lui montrant le numéro de téléphone et en lui racontant toute l'histoire.

« On a toqué ? me questionna-t-elle, l'air surprise.

— Oui ! Tu ne vas pas me dire que tu n'as rien entendu ?!

— Et bien, je n'ai rien entendu. »

Sa réponse me faisait froid dans le dos, elle était pourtant dans une pièce si proche de la porte d'entrée !

« Appelons ce numéro, dit-elle d'un ton enjoué.

— Surtout pas ! Et si c'était un numéro hanté ?

— Ce n'est pas possible voyons ! Les numéros hantés, tout ça, ça n'existe pas. »

Après avoir réussi à trouver les bons arguments pour me convaincre d'appeler, j'effectuai le numéro marqué sur le bout de papier, les doigts tremblants.

« Chut, ça sonne... murmura ma sœur, un peu effrayée elle aussi. »

À ce même moment, une voix sinistre prononça les mots "Game Over" et les répéta sans cesse.

Simultanément, des pleurs de bébé et des bruits de pas se firent entendre dans toute la pièce. Nous avions beau raccrocher, débrancher le combiné, ça n'en finissait pas. Nous étions pétrifiées.

Soudain, notre mère arriva en marchant bizarrement et s'arrêta à la porte, un long couteau à la main et, en nous observant, commença à se mutiler, encore et encore, jusqu'à s'arracher les cheveux, se crever les yeux, se couper les doigts en criant Non arrête ! Ne fais pas ça, je t'en supplie ! Et quand elle ne parlait pas, elle criait.

Le choc et le dégoût s'installaient sur nos visages d'enfants pendant que la fameuse phrase de l'autre jour se répétait dans ma tête. "Tu verras, nous rigolerons beaucoup, toi et moi."

Tout semblait plus clair maintenant. C'était cette fille... en noir.

D'un coup, je sursautai dans mon lit. Ce n'était donc qu'un rêve ?

Je m'assis, et constatai avec effrois que ma peau était bien plus pâle que d'habitude.

L'espèce de chambre dans laquelle je me trouvais était horriblement vide. Cette chambre, qui n'était pas la mienne.

Je me rendis le plus vite possible à l'école dans l'espoir de retrouver cette fillette. Mais sur le chemin, je vis une personne, qui me ressemblait étrangement.

Je m'approchai un peu plus d'elle et me rendis compte avec effrois que cette personne c'était moi. C'était mon corps !

La personne, enfin... moi, me souriait d'un air mesquin. Ce sourire m'était familier. Il me rappellerait atrocement celui de la fille en noir.

Elle passa a travers mon corps, et je la vis s'en aller au loin.

C'est à cet instant que j'ai compris que je n'existais plus. J'étais devenue, la fille en noir.

Chair de poule 1 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant