10. l'ombre

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C'était un doux après-midi d'été lorsque je l'ai croisé.

Je revenais du café et j'avais fait un détour par la place de la mairie pour profiter d'une petite balade en ville.

En cette saison, la place était bondée de touristes.

Je n'ai jamais compris pourquoi, d'ailleurs... C'était juste un petit village perdu sans intérêt.

    Au milieu de la foule, je la voyais distinctement, comme à part des autres, malgré le fait que ses habits la rendait invisible aux yeux de la plupart des passants.

Pourtant, elle n'avait vraiment rien d'exceptionnel... Cheveux bruns longs, yeux marrons, un mètre soixante-cinq maximum, un vieux sweat gris assez décoloré, un pantalon noir sans grand intérêt et des chaussures noires.

  
Ce qui sortait le plus de l'ordinaire était la mitaine noire qu'elle portait à la main gauche.

Absolument rien d'intéressant, et pourtant... Tout semblait terne chez elle.

Aucun reflet dans ses cheveux, son teint semblait grisâtre, ses yeux étaient dénués de joie et de vie, elle avait la tête basse et le dos courbé en avant, la rendant encore plus petite et elle marchait comme un jouet cassé, de manière régulièrement irrégulière.

    Je l'avais observée pendant un instant. Rien d'intéressant, si ce n'était que l'atmosphère autour d'elle... Plus je la regardais et plus je me sentais fatiguer.

J'étouffai un bâillement.

A ce même moment, ses yeux qui ne voyaient que le vide, s'éclairèrent soudain pour me regarder... Et j'eus l'impression que son ombre avait changé. Pas elle, mais son ombre.

Je me sentis mal à l'aise quand ses yeux rencontrèrent les miens.

Un frisson me parcouru l'échine lorsqu'elle me souris. Je détournai aussitôt le regard puis pressai le pas et me hâtai de rentrer chez moi.

Je n'avais presque pas arrêté de penser à cette fille étrange de la journée...

 
La nuit suivante, j'avais fait un rêve où j'étais constamment observée et épiée.
J'errai dans les rues, chez moi, partout où j'allais, j'avais l'impression de ne pas être en sécurité.

A un moment, je m'étais retrouvée dans un étrange endroit vide, tout noir.

Vous voyez la salle d'entraînement où une journée devient une année dans le manga Dragon Ball Z ?

Voilà à peu près, mais sombre. Très sombre. Et la seule lumière semblait venir de moi, si bien que la lumière éclairait à environ cinquante centimètres et s'arrêtait assez brusquement.

  J'étais perdue dans ce monde, mais en même temps, j'avais l'impression que mon véritable chez-moi était ici.

J'avais aussi l'impression d'être seule et en même temps, entourée de monde.

Ce qui m'avait fait sortir de ce rêve, c'était une main, posée sur mon épaule, et quelques mots :

"Bienvenue dans le Monde des Ombres, là où est ta place.".

Je me étais réveillée en sursaut, j'avais juste eut le temps de voir quelque-chose quitter ma chambre en sautant de ma fenêtre.

D'habitude, je ne m'inquiète pas plus que ça car mon chat fait souvent ça, mais là, j'ai eut un gros doute. Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit.

    Le lendemain, je ne voulais pas sortir. Je l'avais vu marcher dans la ruelle en bas de chez moi.

Depuis la fenêtre de ma chambre, on pouvait voir une ruelle juste en face qui débouchait sur la rue où je vis.

Chair de poule 1 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant