Collision - T1 Terminé

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Mes parents sont devant le vidéoprojecteur et commencent à présenter leurs recherches sur les caractéristiques et la manière de vivre de nos deux sociétés, mais moi, je bouillonne intérieurement. Je me sentais enfin à ma place, acceptée dans cette nouvelle ville et dans l'élite de ce lycée, mais là je n'éprouve que de l'amertume et de la faiblesse. Si les autres apprennent qu'ils sont mes parents... j'ai peur de perdre tout ce que j'ai acquis si durement.

"Bien, reprend le professeur, comme vous le savez notre ville est une des seules qui autorisent la mixité. Bien sûr à certaines conditions, ajoute-t-il avec un regard entendu. C'est pour respecter le désir des Grands qui nous ont sauvé en séparant notre population de cette manière, que nous allons participer à une expérience de vie de quelques mois.

— Tout à fait, enchaîne le directeur, vous êtes l'une des trois classes de ce lycée à avoir la chance de pouvoir y participer.

— Nous entrons donc dans le vif du sujet car certains commencent à s'impatienter, continue le professeur de sociologie. Vous allez être répartis en binômes..."

A ces mots, les Physiques commencent à bouger pour se mettre par deux et nous, les Cerveaux, nous accordons grâce à des regards et des signes de tête. Tout cela bien sûr sans mélange entre les deux genres.

"Une minute ! Vous serez obligés de former des binômes mixtes, un Cerveau avec un Physique. Vous serez comme des parrains l'un pour l'autre, vous allez devoir vous entraider, passer du temps ensemble et toutes les semaines une partie du cours sera consacrée à un bref débriefe. Quelqu'un a-t-il des questions ?"

Mais cette dernière phrase s'est perdue dans le capharnaüm des protestations. Tout le monde est contre ce projet, moi la première, mais je ne peux pas mener la rébellion contre mes parents. Pour une fois, les Têtes et les Superficiels sont d'accord, cela ne signifie-t-il pas que l'idée est mauvaise ? Quoi qu'il en soit, nos protestations restent vaines et, bientôt, mes géniteurs et le directeur quittent la salle de classe, puis quelques minutes plus tard, la sonnerie de fin de cours résonne. Le professeur sort en nous souhaitant une bonne journée à tous et en nous rappelant de bien remplir la fiche qu'il venait de confier à 315, avant vendredi. Je l'observe d'un très mauvais œil et vois son sourire à l'instant où il passe devant l'encadrement de la porte. Il est étrange, comme si toute cette organisation cachait autre chose de plus important, un projet de plus grande importance... C'est sûrement mon esprit qui analyse des choses là où il n'y en a pas... Mais je suis une Cerveau après tout.

Je rejoins 478, la brune aux cheveux courts rencontrée au self les premiers jours, et nous filons à notre tour hors de la salle. Malgré son air peu avenant, c'est un esprit très éveillé et désormais une bonne amie. Nous nous dirigeons vers le bâtiment principal et passons chacune à nos casiers respectifs tout en discutant de ce fameux projet, de ses pour et de ses contre. Ma camarade y était opposée évidemment, mais elle ne semblait pas voir que cela pouvait n'être que la partie émergée d'un projet d'une plus grande ampleur; j'ai donc naturellement conclu que cela n'était qu'une hypothèse sans fondement.

En descendant les escaliers, nous croisons 315, lui aussi en grande discussion avec d'autres Cerveaux de notre classe. Nous nous arrêtons donc tous dans un coin de la coursive du premier étage pour débattre et partager nos opinions respectives sur ce fameux sujet de discorde. Mais nous sommes malheureusement coupés quand nos montres sonnent pour nous prévenir que le cours suivant se déroule dans cinq minutes exactement.