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Nos pas frappent le métal des escaliers à chaque enjambée, nos respirations rythmées par l'ascension et les cris de souffrance de nos corps nous accompagnent tout au long de notre montée vers le second étage de la Tour Eiffel. Au fil des minutes qui s'égrainent, nos espoirs de victoire s'amenuisent.


Après avoir déployé des efforts surhumains, nous voyons enfin la plateforme se rapprocher. Pensant que notre calvaire arrive à sa fin, nous utilisons nos minces réserves d'énergie pour tenter de doubler notre vitesse. Le sourire aux lèvres quand finalement nous voyons la dernière marche, disparaît très vite à la vue de la bataille qui fait rage entre les joueurs adverses. Le vent qui s'engouffre entre les plaques de métal camouflait jusqu'ici le bruit des armes.


A mes côtés, mes camarades dégainent à leur tour et, sans plus attendre, se lancent dans le combat. 315 m'empoigne le poignet et m'entraîne à sa suite en courant vers un endroit bien moins exposé. Cachés derrière une plaque de fer, je m'assois et me concentre sur ma respiration. Une bonne douche ne serait pas du luxe. Mon camarade s'accroupit à son tour et analyse la situation.


Intriguée, je me retourne et regarde la scène depuis le coin de mon poste d'observation. Cela ressemble à une guerre de position où l'espace devant les deux ascenseurs serait un no man's land.


"L'un des deux est en panne, déclare Luka.

— Tu en es sûr ? le questionné-je en plissant les yeux.

— Tu vois l'écartement de la porte à cet endroit ? Elle a été repoussée de manière à rester bloquée si on tente de la forcer de l'extérieur.

— Ils se battent donc pour rien...

— On doit apprendre à reconnaître nos amis de nos ennemis, murmure-t-il. C'est le but de cette épreuve selon les rapports de la Coalition.

— Et pour cela on doit gagner leur confiance par nos actions dans les situations difficiles", complété-je.


La pièce manquante du puzzle s'assemble dans nos esprits. Nous nous retournons l'un vers l'autre, sur la même longueur d'onde, et nous faufilons discrètement à travers le réseau de barres de fer.


J'aperçois dans un coin stratégique deux capitaines d'équipe en pleine bataille. L'un comme l'autre semble à bout de force, je souris, prête à saisir ma chance. Je m'approche d'eux, leurs armes se tournent vers moi mais je lève les bras pour leur montrer que je ne suis pas armée. Je vois dans leurs regards que cela les étonne et je profite de cette brèche dans leur concentration pour m'y engouffrer et éveiller leur curiosité. Je leur étale ma stratégie, la vends comme la seule valable pour arriver à nos fins, et en peu de temps, les deux acquiescent. Intérieurement je saute de joie et la fierté m'envahit, néanmoins je n'en montre rien et poursuis ma quête d'alliés.


***


Seule dans mon abri de fortune, je tente de calmer ma respiration. La main droite sur la poitrine, je la sens monter et descendre au rythme de mes inspirations et expirations. Je me persuade que mon stress et ma peur ne sont que des signes de mon courage et de mon excitation. Je rouvre les yeux, me redresse et regarde par-dessus mon épaule.


A quelques pas, l'une de mes nouveaux alliés se bat à l'épée avec un garçon d'une équipe adverse. Aucun des deux ne semble avoir remarqué ma présence, ce qui me laisse le champ libre pour l'exécution de mon plan. Suis-je un génie qui s'ignore ou une folle en puissance ? Je ne préfère même pas connaître la réponse.

Collision - T1 TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant