Androïde AU | Yoonmin

Partie 1

Yoongi lâche un rire moqueur devant son écran et essuie ses mains tachées d'huile. Le visage d'un androïde est partout dans les news depuis trois jours maintenant, si bien que tous les habitants des bas-quartiers sont à présent désensibilisés face à la situation. Personne ne prend au sérieux la mine inquiète qu'affiche la journaliste à chaque fois qu'elle adresse ce sujet terrible.

Tout le monde se fout qu'un androïde défectueux ait tué une bande de scientifiques et de riches privilégiés en tentant de s'échapper du laboratoire.

L'un des survivants — son créateur — s'adresse avec émotion à la caméra afin d'essayer de convaincre l'audience que l'androïde fait simplement face à un dysfonctionnement et qu'il est possible de le réparer.

— Jiminie est simplement effrayé ! Il n'est pas méchant !

C'est marrant, cette façon qu'il a de parler de lui comme s'il s'agissait d'un humain, se dit Yoongi.

Le vieil homme ridé implore quiconque trouverait l'androïde de le signaler pour qu'il puisse lui être retourné. Il va même jusqu'à offrir une récompense — il doit être vraiment désespéré. Mais Yoongi le comprend — un androïde complètement fonctionnel, ça en jette. Personne n'a encore jamais réussi à en construire un qui ressemble et agit comme un humain à ce point. Le visage juvénile de l'androïde le fixe avec de grands yeux innocents, un regard de biche, mais Yoongi secoue la tête.

Après avoir diffusé une série de numéros à composer pour signaler le moindre renseignement et avoir fortement déconseillé d'entrer en contact avec la machine, les informations changent enfin de sujet.

— Qu'est-ce que j'donnerais pas pour mettre la main dessus, soupire d'un air songeur l'homme plutôt robuste à côté de lui. Ça a l'air d'être un modèle très prometteur. Je me demande jusqu'à quel point ce vieux fumier l'a rendu humain, dit-il en levant les sourcils d'un air entendu vers Yoongi, qui lui répond par un rictus.

Yoongi récupère son argent et le congédie avec une liste des choses qu'il aimerait bien obtenir si jamais le prochain braquage du voyou était exceptionnellement fructueux. Il claque ensuite la porte rouillée du garage, sans vraiment faire attention, et regrette instantanément son action lorsqu'il entend le cri perçant d'un enfant rompre la tranquillité du soir. Il oublie tout le temps que la pauvre femme du troisième étage a un bébé maintenant. Il s'enfonce dans son minuscule appartement et se dirige rapidement vers le balcon pour se pencher contre la balustrade.

Yoongi observe la femme bercer dans ses bras le ballot agité qui s'accroche fermement à son cou. Elle tente d'apaiser le bébé en le nourrissant — Yoongi détourne les yeux et allume une cigarette. Ce n'est qu'une fois le bébé calmé que la femme le remarque. Il lui présente une grimace d'excuse et articule un « désolé » silencieux. La femme cligne plusieurs fois des yeux, pour dissiper la fatigue, puis lui offre un sourire indulgent en retour.

  

  

Yoongi est réveillé en pleine nuit par les cris du bébé. Étrange, pense-t-il en écartant les stores du bout des doigts pour inspecter l'extérieur. La femme berce encore le petit mais elle ne cesse de jeter des coups d'oeil en bas. Il passe la tête par le balcon en fronçant les sourcils. Elle le regarde et fait un signe vers le rez-de-chaussée, l'air inquiète. « Des voleurs » articule-t-elle sans parler. Yoongi hoche la tête et s'empare de son pistolet, posé sur la table, avant de sortir sans un bruit de son appartement et de descendre les escaliers.

Quelqu'un est clairement entré par effraction — Yoongi plaint le pauvre type parce qu'il est vraiment tombé sur le mauvais coin à cambrioler. Chacun applique ses propres règles dans cette partie de la ville et Yoongi a déjà fait face à suffisamment d'emmerdes dans sa vie, ce n'est pas un peu de sang qui le fera reculer.