Chapitre 14

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Je suis dos à la porte, me je l'entends s'ouvrir violemment, laissant apparaitre James.

- J'ai entendu du bruit, tout va bien ?

Je ne réponds rien et continue de fixer cette boite sur le sol. Des millions d'idées traversent mon esprit à cet instant, et je commence à imaginer des tonnes et des tonnes de scénarios possibles, mais seulement deux ressortent. James, voyant que je ne réponds pas, s'avance dans la chambre et suit mon regard.

- May, je...

- Tu en prends ? Le coupé-je.

Aucun son ne sort de sa bouche, mais je remarque tout de même du coin de l'œil qu'il a hoché la tête de gauche à droite.

- Tu en vends ? Continué-je.

Rien. Il ne répond rien et ne bouge pas d'un centimètre. Puis il finit par essayer de se justifier :

- May, je peux...

- Est-ce que tu en vends ?! M'écris-je.

Pour seule réponse, il hoche la tête positivement. Je tourne alors ma tête vers lui, et le fixe avec insistance pendant un moment. Je ne sais même pas ce que je ressens, de la tristesse ? De la déception ? De la colère ? Un peu des trois je pense, mais énormément de colère.

- Tu te rends compte que c'est pire ? Demandé-je en haussant un peu le ton. Tu t'en rends compte de ça ?!

Toujours aucune réaction.

- Là ce n'est pas de toi qu'il s'agit, mais de tout ceux à qui tu vends cette saloperie de cocaïne ! As-tu au moins conscience que tu mets leurs vie en danger ?! D'accord c'est leur choix de vouloir se pourrir la santé, mais en leurs vendant ces sachets, tu les aide et les encourage à continuer ! Crié-je. Et s'ils meurent d'une overdose, hein ?! Tu auras contribué à leur mort et tu devras vivre avec ça le restant de tes jours !

Je m'arrête, reprenant mon souffle. Mes yeux sont humides et je n'arrive pas à contrôler ce sentiment de colère qui m'envahit.

- Et crois-moi, vivre avec la mort de quelqu'un sur la conscience, ce n'est pas facile, mais alors pas du tout ! Parce que chaque seconde, chaque minute, chaque heure, chaque jour, tu te demandes ce qu'il se serait passé si tu n'avais pas été là, tu te demande si la personne serait toujours en vie ! Et c'est le cas de notre mère...

Une larme coule sur ma joue en prononçant la fin de ma phrase. Je ne lui laisse pas le temps de répondre ou de s'expliquer, parce qu'il n'y a aucune explication valable. J'ai beau essayer d'en trouver une, rien ne me vient. Je me précipite dans ma chambre, essuyant ma joue d'un revers de main. Je ne prends même pas le peine de fermer la porte de ma chambre et je sors la valise qui se trouve en dessous de mon lit avant d'y entasser toutes mes affaires le plus rapidement possible. Une fois que toutes mes affaires sont dans la valise, je ferme le bagage et je marche vers mon bureau où j'attrape mon sac à dos ainsi que mon téléphone. Je traverse le couloir, toujours aussi énervée, et me rends dans la salle de bain afin de prendre mes affaires de toilettes.

Quand je reviens dans ma chambre pour attraper ma valise, James se poste dans l'encadrement de la porte, par espoir de m'empêcher de partir.

- Qu... qu'est-ce que tu fais ?

- Je pars, dis-je froidement en mettant mon sac sur mes épaules et en faisant rouler ma valise sur le sol.

Je le bouscule pour sortir de ma chambre et il n'offre aucune résistance. Je descends les escaliers, suivi par mon frère.

- Pou...pourquoi ça ?

Sa voix tremble et ses yeux reflètent toute la tristesse qu'il ressent à ce moment-là.

- Tu te fou de ma gueule là ?! Demandé-je en riant jaune, puis je repris froidement. Il est hors de question que je vive dans une maison dont le loyer est payé avec de l'argent sale !

- Mais...

- Tu croyais sincèrement que je n'allais jamais le découvrir ?! Et bah tu t'es bien trompé ! Tu ferais mieux de trouver du travail au lieu de pourrir la santé de plusieurs dizaines de personne !

Je me retourne et enfile rapidement mes chaussures. J'ouvre la porte, et m'apprête à sortir, pourtant je me stoppe. Dos à lui, je baisse la tête et dis :

- Lui aussi il a commencé comme ça...et regarde ce qu'il est devenu...

Après ces mots, je claque fortement la porte, mettant fin à la discussion, alors qu'une autre larme coule lentement sur ma peau.

Il fait nuit dehors et la température a considérablement chuté. J'ai décidé de partir sur un coup de tête, mais je me rends compte que je n'ai aucun endroit pour dormir. Je n'ai aucune envie de déranger les gars avec mes problèmes. Je pourrais dormir chez un voisin, mais en réalité je ne les connais pas spécialement et je n'ai pas non plus envie de leur causer des problèmes. Alors voilà, je me retrouve dehors pour un temps indéterminé et je n'ai nulle part où dormir.

- Quelle vie de merde... soufflé-je.

Je marche sans réellement savoir où je vais, et sans m'en rendre compte, je me retrouve sur la plage. Je décide de monter au sommet de la falaise, tirant ma valise dans le sable avec difficulté. Je m'assois sur le rocher et observe la vue merveilleuse. La lune est presque pleine et se reflète sur l'océan, alors que les vagues s'éclatent contre les rochers. C'est un bruit que j'aime, que j'adore même. Il est si simple, si futile, et si apaisant.

De nombreuses minutes plus tard, je m'allonge sur le rocher, observant le ciel recouvert d'un voile d'étoiles. Tout semble si calme, le contraire de ce qu'il se passe dans ma tête. Comment a-t-il pu ? Comment peut-il vivre avec ça sur la conscience ?

Le vent souffle, me faisans frissonner. Je me recroqueville sur le côté afin de me réchauffer, même si ça n'a pas beaucoup d'effet. Je ferme les yeux, et une larme s'en échappe, sans que je ne puisse y faire quoique ce soit. Mais je n'ai pas la force de l'essuyer, je suis épuisée, complètement épuisée. Alors je m'endors, sur ce rocher qui n'a rien de confortable mais qui ressemble le plus à une maison pour moi.

Pourtant, avant que je ne sombre totalement, une sensation de chaleur se repend en moi, et une voix retentie :

- Mais que fais-tu là ?

La voix n'est qu'un murmure à mes oreilles, une voix douce et féminine qui m'est inconnue. Je veux ouvrir les yeux, voir qui se trouve ici avec moi, à une heure aussi tardive. Mais je n'y arrive pas, certainement trop fatiguée pour ça. Alors j'abandonne, laissant la fatigue m'emporter aussi loin que possible de tous mes problèmes.

Hard Love || l.hOù les histoires vivent. Découvrez maintenant