CHAPITRE 7

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Ca fait maintenant deux mois.
Deux mois que je vis un enfer.
Deux moi que je vis avec cette boule au ventre en arrivant à l'école.
Deux mois que j'ai décidé de me renfermer dans le silence.
Deux mois que j'ai peur.
Deux mois que je commence à prendre en compte tous ces horribles mots que l'on me dit.
Je n'arrive plus à étudier, je ne le veux plus. Je ne fais plus mes devoirs, ne souris plus, et n'écoute plus de musique. Je ne parle plus à ma famille, à personne d'autre d'ailleurs.
Je suis seul. Si seul.
Et si c'est simplement ce que je mérite ?
Je me regarde dans le miroir, comme tous les matins. Comptant comme à mon habitude ces cernes sous mes yeux qui tracent mes nuits blanches.

Je me déteste.

Je suis un monstre.

Je détourne rapidement les yeux du miroir, par dégoût, attrape mon sac sans un mot, et sors de la maison sous le regard inquiet de ma mère.
Je fixe mes pieds tout le long de la route.
Pourquoi c'est si dur, d'être moi ?
J'arrive devant la grille, et reste figé devant. Je ferme les yeux, essayant du mieux que je le peux, de me rassurer.

*Ca va aller Mika. Juste un jour comme les autres...*

Oui, un jour comme les autres.

Je rouvre les yeux, et entre dans la cours du bâtiment, tête baissée. Je marche le plus vite possible vers l'intérieur, essayant d'éviter un maximum les personnes que je croise. Je me réfugie dans un coin où il n'y a personne, près des casiers, comme maintenant tous les jours. J'attends que tous les élèves partent, et sors enfin rejoindre ma classe.
Mon professeur ne me dit plus rien, et me laisse arriver en retard.
J'entre en classe, m'installe seul au fond, et essaie de déchiffrer les choses qu'il écrit au tableau
J'ai l'impression d'être un étranger. J'ai de plus en plus de mal à lire, et à écrire.... Et mes profs me le font bien remarquer. Ils disent que je suis idiot.

La matinée est affreusement longue.
Une fois les cours du matin terminé, je cours le premier vers la sortie. Aujourd'hui, j'ai décidé de ne pas manger.
Je n'ai pas envie d'avoir à subir ces paroles.... Ces regards
Je traîne dans la cours, profitant qu'il n'y ait personne..
Et je rentre en cours l'après-midi, une nouvelle fois en retard.
Je dessine sur le coin de ma feuille, comme à mon habitude. Ca m'aide à m'échapper de ce qui m'entoure... La dernière heure de cours arrive. Je suis le premier sorti, comme toujours, mais me fais rapidement arrêté par Bryan et sa nouvelle bande.
Forcément, je ne pouvais pas leur échapper toute la journée.
Je n'ai aucun collier, ni bracelet pour moi. Et j'ai mis un pull sobre, pour éviter de m'en prendre pleins à la tête.

Bryan : C'est qu'il fait des efforts, Mikette.

Je ne dis rien. Je ne lui offrirai jamais ce privilège.

Bryan : Bon, on va t'épargner aujourd'hui, puisque t'as l'air un peu moins toi.

Les autres rient. Je les hais.
Il passe à côté de moi et me pousse très fort. Je touche mon épaule qu'il vient de heurter, et pars vers la sortie sous le regard moqueur de tout le monde. Je sors enfin du lycée. Je vérifie qu'il n'y a personne autour de moi, et retire mon pull noir.
En dessous, j'ai un tee-shirt avec absolument toutes les couleurs que l'on peut trouver. Je souris, en le voyant.

*Je ne perds jamais.*

Me moquer d'eux comme ça, est à vrai dire la seule chose qui me rend heureux. J'arrive enfin chez moi, et pars rejoindre ma famille dans la cuisine. Maman me sourit, en voyant le tee-shirt que je porte.
Chez moi, c'est habituel. Les vêtements font toujours parti de la maison, même à Londres.
Je mange avec eux ce soir. Sans un mot, comme d'habitude. Mes soeurs essaient comme tous les soirs de me faire parler, mais elles n'y arrivent pas. Nous étions à table, et Paloma s'approche de moi pour me chuchoter quelque chose à l'oreille.

Paloma : Mika.... Petite beauté, ton tee-shirt est magnifique. Pourrais-tu me le prêter ?

Je ne regarde pas ma soeur, et me contente de lui faire un fuck par dessous la table.
Je le fais en douce, car si ma mère voit ça, je suis mort.
Elle m'attrape le doigt et le tord ce qui me fait un peu rire. Yasmine approche ses mains et appuie avec sur mes côtes pour me chatouiller.
Je ris un peu, et décale sa main.
Heureusement que je les ai. Heureusement que j'ai ma famille, car s'ils n'étaient pas là, je ne sais pas ce que je serais.
Fortuné nous regarde et rigole, ce qui me fait sourire.
A la fin du dînner, nous débarassons tous, puis partons prendre une douche avant d'aller dormir.

J'ai du mal à dormir, comme tous les soirs. Je fixe mon plafond, essayant de trouver un ordre à tout ça. Demain je sais que ça recommencera, et je ne peux rien faire pour l'arrêter.
Je soupire tristement, avant de laisser couler une larme sur ma joue.
Je me tourne dans tous les sens afin de trouver le sommeil..

Il était une fois, Mika.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant