[spoo]ustop

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Les premières notes d'une chanson que Yoongi aimait il fût un temps résonnent, assommantes dans le noir de la chambre, comme une sentence qui venait d'être prononcée, fatale, par le portable sur la table de chevet.

Un grognement faible sortit de dessous le tas de couettes grises. Puis il ne se passa rien. Il était 5h45, et dans l'obscurité ambiante des matins de février, il ne se passait rien.

La chambre demeurait un ensemble d'ombres qu'on pouvait distinguer qu'avec grand peine. D'un côté, une grande armoire encastrée dans le mur, portes miroitantes, qui reflétait le peu de lumière que l'écran du smartphone produisait. Au milieu de la chambre, un lit d'une taille moyenne, acceptable sans être un lit de roi, que l'on ne discernait seulement de par le reflet des barres métalliques qui en construisaient le cadre. En face des armoires, une fenêtre, couverte d'un velux automatique, qui était d'ailleurs programmé pour se lever dans quelques secondes. Quand finalement avec un vrombissement mécanique léger, comme quelques abeilles enfermées, les stores se levaient avec une lenteur étonnante, le lampadaire de la rue envoya un peu de sa lumière réveiller l'endormi.

Soudain, les couvertures volent, et debout sur ses deux pieds s'étirant en baillant, se tenait Mr. Min, en boxer beaucoup trop délavé et grand, et en tee shirt dans le même état. Ses cheveux noirs semblaient pointer les quatre points cardinaux, comme une rosace des vents. Ses petits yeux semblaient briller de sommeil encore pendant une demi-seconde avant qu'ils ne redeviennent ternes. D'un pas encore hésitant il avança jusqu'à l'interrupteur pour enfin y voir clair, non sans se taper le petit orteil contre sa table de chevet sur le chemin.

C'était un matin comme les autres après tout.

Une douche, un pull marron, un lit remit en place, et un café plus tard, Yoongi se trouvait à nouveau dans sa voiture en chemin.

A 8h00 tapantes, Mr. Min se trouvait devant son casier à côté de la salle des profs.

A 8h35 il avait bien avancé sur les contrôles à corriger.

A 9h00 il avait terminé son paquet de copies, et se surprenait à divaguer, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps.

Février était un mois avec un nom très beau, qui semblait grésiller, comme le givre sous les chaussures lorsqu'on marchait sur l'herbe des malheureux parterres entourant les rares arbres du lycée.

Février lui rappelait une couleur bleue iceberg, alors qu'en vérité il faisait très vite nuit et la nuit semblait morte ces temps-ci, une balade nocturne n'était d'aucune utilité en ce moment, même si ce n'était pas le cas non plus le reste du temps pour Yoongi. Il pleuvait très souvent, le ciel était souvent lourd de nuages, et le vent soufflait trop fort pour qu'on puisse profiter des espaces extérieurs. Parfois même il neigeait.

Mais ce que Yoongi appréciait en hiver, c'était le manque d'invitation aux mariages, barbecues, et autres festivités estivales auxquelles ses collègues ou des cousins éloignés l'invitaient. Il appréciait aussi le manque de couples de jeunes gens sur les bancs de la cour s'aspirant mutuellement les cavités buccales avec la conviction que tout le monde les enviait, alors qu'ils étaient pitoyables et que tout le monde savait que ce genre de choses durait 2 semaines ou 1 mois maximum. Non pas qu'il les trouvait répugnants, mais plutôt ridicules, ces jeunes qui ne courraient qu'après un partenaire pour pouvoir l'exhiber tels des bagues à chaque doigt.

Il appréciait le manque de vie sociale de février en outre, il appréciait ce calme tout en trouvant celui-ci oppressant parfois.

Une heure plus tard, son premier cours commençait. Yoongi était en effet le genre de personne qui préférait venir deux heures plus tôt pour s'avancer, plutôt que celle qui profitait de ces deux heures pour se relaxer.

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