Voie Lactée

Juste un grain

Sans fin ses grains s'écoulaient, elle roulait et tonnait dans les dunes

Et s'ancrait à cet espoir d'un soir décrocher la lune.

Elle rêvait qu'enfin les marées cesseraient de marquer sa peau

Pour que vieux chêne jamais elle ne devienne, à vie reste roseau

Mais faute de pouvoir s'élever, la lune elle ne put décrocher

Le vent creusa la plaine, fit d'elle des vallées impossibles à surmonter

Comment atteindre le ciel et gravir ces innombrables escaliers?

En torrents se déversa sa peine, elle ravala sa fierté

Un soir plus tard je l'ai vue contempler l'horizon

Et ses yeux brillaient dans la nuit plus que de raison

Oublié le temps où elle n'était qu'une amorce

Sans crainte elle exposait sa peau, son écorce

Son regard attirait les papillons, sa sagesse leur évitait les collisions,

De ses lumières elle éclairait les âmes perdues, celles qui pensaient que le miel leur était dû

Et avec cœur elle avait fait des ridules qui la parcouraient,

Autant de points d'ancrage pour ceux qui au secours appelaient

Désormais sur son corps elle laissait le temps écrire,

L'histoire d'un voyage, long de drames, long de rires

Son âme en virevoltait, dévorait les pages,

Jamais elle ne fut plus heureuse que lors de ce parcheminage

Elle ne cherchait plus à décrocher la lune

Elle avait saisit que cela ne ferait que l'attirer vers l'urne

Phare dans la nuit, boussole à midi, elle vivait

Et devant la beauté d'une dune au loin elle se pâmait

Ses yeux brillaient de cette contemplation

En eux germait une nouvelle floraison

Celle que la graine et l'eau de la peine semèrent une nuit

Et qui, sous le feu du soleil brulant toute vanité, s'était épanouie

Elle vit aujourd'hui légère et le vent l'emporte comme il emporte le temps

Mais dans ses yeux brille ce grain, un diamant, la beauté d'une âme dans le firmament