III

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Il finit par rentrer chez lui en fin d'après-midi, lorsque le soleil commence lentement à se coucher et qu'il faut commencer à se préparer pour cette stupide soirée.

Je pars prendre une douche, me lave les cheveux et retourne dans ma chambre, la serviette autour du corps et mon enceinte, avec de la musique à fond, dans la main. Je cherche des vêtements à mettre mais je n'ai aucune idée de ce que je peux porter.

Lorsque je relève la tête, mes yeux tombent droit dans ceux d'Elijah qui me regarde, accoudé à sa fenêtre. Je manque de trébucher, mon visage chauffe en quelques secondes et je m'empresse de fermer les rideaux, carrément gênée. J'enfile des sous-vêtements, un t-shirt long qui traîne sur mon lit et tire légèrement les rideaux. Il est toujours là, un sourire collé sur le visage et la tête en l'air à regarder le ciel. Je baisse le son de ma musique et ouvre ma fenêtre, sérieusement mal à l'aise et son regard se repose sur moi, interpelé. Il me sourit et reste silencieux, les coudes sur le rebord de sa fenêtre et un peu penché en avant.

– Je ne te savais pas aussi pervers.

Il rit légèrement, secouant la tête, ses cheveux se balançant de temps à autre dû à une douce brise de vent.

– Désolée, à la base je venais juste à la fenêtre pour fumer.

Il m'indique d'un regard sa main, où se situe entre son index et son majeur une cigarette à peine entamée. Il reprend:

– Puis tu es arrivée en te dandinant, les cheveux mouillés, c'était fascinant.

Je me mords la lèvre en détournant le regard. Je n'arrive pas à le regarder quand il a ce regard aussi intense. Il rit encore et continue:

– Enfin, je me disais que des cours de danse t'étaient carrément nécessaire.

Mon visage change radicalement d'expression et si je pouvais, je lui en ficherai une. Je me contente de lui montrer mon majeur.

– Tu te crois drôle blaireau, aide-moi plutôt à choisir ma tenue au lieu de dire des conneries.
– Personnellement, je mets un jean et mon t-shirt rayé, avec mes baskets fav. Il fait plutôt bon ce soir normalement alors évite les gros pull et tout.
– Un short ça irait ?

Il hoche la tête.

– Mets ton t-shirt avec la phrase de ton chanteur préféré, tu sais, celui que j'aime bien, avec les manches longues, rayé jaune et blanc.

Je fouille dans mon placard, sort un short en jean et le haut en question. Je ferme les rideaux, enfile rapidement la tenue, rentre le t-shirt dans le bas et enfile une paire de baskets blanches. Je ré-ouvre les rideaux, il affiche un grand sourire et je serais prête à parier qu'une lueur brillante à traverser, pendant une demi-seconde, son regard. Il lève son pouce en l'air.

Je m'approche de la fenêtre, me met sur la pointe des pieds et me penche en avant.

– Passe ta clope.
– Hannah, je te jure que si tu la fais tomber comme la dernière fois, je te tue.

Je secoue la tête et il se penche à son tour. Nos doigts se frôlent, un frisson traverse mon corps. Il ne me quitte pas du regard. J'attrape rapidement la cigarette et fais un pas en arrière. Je chuchote un « merci » et il me répond par un clin d'œil. C'est fou à quel point on arrive à s'entendre, même en chuchotant. C'était franchement pratique à l'époque pour parler le soir alors qu'on était supposés dormir. C'était nos meilleurs moments.

Je tire plusieurs taffes, en la terminant tandis qu'il s'éloigne de la fenêtre pour à son tour fouiller dans son placard. Il s'est échappé derrière son mur alors je ne le vois plus. J'attends patiemment, la clope entre les lèvres et la tête en l'air. Quand j'entends à nouveau un semblant de bruit, je baisse mes yeux à sa hauteur. Il est torse-nu, les yeux rivés sur moi.

Mon coeur s'accélère dangereusement face à cette vue, sa peau légèrement caramel, sa taille fine, ses muscles saillants, ses épaules larges et son cou tendu. Je manque de lâcher la cigarette et la rattrape de justesse.

– Enfile ce fichu haut Elijah.

Je détourne les yeux et l'entends ricaner. Je tourne en rond dans ma chambre, en tentant de reprendre vainement mes esprits tourmentés. Lorsque mon regard retourne à la fenêtre, il boutonne son pantalon. Je lache un soupire rassuré mais ne peux m'empêcher de repenser à la vision précédente. Elijah est vraiment à tomber. Il est mon meilleur ami carrément canon.

Il s'assoit sur son lit et enfile ses chaussures et revient à la fenêtre, se penchant à nouveau, une main tendue dans ma direction.

– Tu me passes la clope ?
– Finie.

Je lui montre le mégot avant de le lâcher dans le vide. Elijah lève les yeux au ciel avant de me tourner le dos. Il revient, une cigarette neuve aux lèvres. Je soupire et me plains:

– On vient d'en finir une...
– Correction. Tu viens d'en finir une, moi je n'ai même pas eu le temps de la goûter.

Il me sourit tandis que je roule des yeux à mon tour. Stupide addiction.

Je m'apprête à fermer la fenêtre mais il m'interpelle.

– Tu fais quoi ?

Je le regarde et affiche un sourire narquois.

– Je vais finir de me préparer, je vais pas y aller les cheveux mouillés et le visage tout bouffi.

Il rit.

– Ton visage n'est pas bouffi. Tu es très belle sans une tonne de maquillage.

Je reste béatement devant lui. Il finit sa clope et relance:

– Je viens te chercher à 20 heures 30.

Puis il quitte sa chambre, le sourire aux lèvres.

un baiser en amène un autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant