VII

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Actuellement je suffoque tellement j'ai chaud. Je sens que je rougis comme une gamine et je ne me suis jamais sentie aussi gênée que maintenant.

Tout le monde a les yeux rivés droit sur moi et j'ai une étrange envie d'être partout sauf ici. J'hésite sérieusement à fuir, quitte à me foutre la honte toute seule par ma lâcheté.
De la dizaine d'adolescents présents, il a fallu que le baiser se fasse entre Elijah et moi. S'il fallait voir le bon côté de la chose, je dirais qu'aucune autre fille n'embrassera Elijah.

Il se lève, soupire et s'approche de moi rapidement. J'écarquille les yeux. Il ne compte tout de même pas le faire. Je recule de quelques pas mais il attrape ma main.

– Tu fais quoi Elijah ?

Il jette un coup d'œil vers les autres.

– Ils ne nous lâcheront pas tant qu'on ne s'embrassera pas Hannah.

Il chuchote tout proche de moi. L'atmosphère est étouffante et j'ai vraiment trop chaud.

– Je ne sais pas comment faire... Tu devrais le savoir.
– Dans ce cas-là, laisse-moi faire.

Il s'approche, encore et encore. Ses mains incroyablement chaudes se posent sur mes joues. Mon coeur semble s'arrêter et plus son visage est proche du mien plus j'ai l'impression que je vais m'écrouler.

Je ferme les yeux et tout semble se passer comme dans un film. Je sens son souffle s'abattre sur mon visage et ses lèvres se poser sur les miennes. Tout mon corps réagit instantanément et je réponds à son doux baiser. J'accroche désespérément son t-shirt et savoure la douceur de ses lèvres épaisses, ses mains bouillantes, son corps contre le mien. C'est le plus doux moment de toute ma vie, et le plus précieux.

Je n'arrive pas à croire que j'embrasse Elijah.

– C'est bon, vous pouvez vous lâcher la bouche. Vous avez gagné. Hum... Ça devient gênant là.

Elijah écarte son visage et plonge ses yeux dans les miens, le sourire aux lèvres. Je fixe un instant ses lèvres, déboussolée. Je viens sérieusement d'échanger un baiser avec mon meilleur ami.

Je fais ce que j'aurais du faire depuis le début, fuir. Je ne sais même pas où je vais, ne connaissant pas la maison. Je monte les escaliers rapidement et ouvre la première porte qui se présente à moi. Je m'enferme dedans et colle le dos à la porte. Je me laisse glisser jusqu'à toucher le sol. J'essaye de reprendre difficilement ma respiration et pose une main sur mon coeur.

Je ne me suis jamais sentie aussi bien de toute ma vie en fait. J'ai embrassé Elijah et c'était incroyablement beau. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à ses lèvres et leur léger goût alcoolisé. Je ne sentais que lui, malgré le monde autour, je ne voyais que lui, n'entendais que lui. C'est donc ça, embrasser quelqu'un...

– Hannah ?

Une voix étouffée derrière la porte que je reconnais. Il toque.

– C'est Elijah, tu peux m'ouvrir ?

Je me lève et, à tâtons, trouve la poignée puis ouvre. Je n'avais même pas allumé la lumière, ce que je fais maintenant. Je me rend compte que la pièce ou je me trouve est une chambre. Je n'ose pas lever les yeux vers Elijah, je me tourne vers la chambre et l'examine, m'approche de la fenêtre et contemple la vue. C'est en fait une terrasse. J'ouvre les portes et l'air frais frappe mon visage. Un léger frisson traverse mon corps. J'entends les pas d'Elijah derrière moi puis un doux tissu se pose sur mes épaules. Elijah est tout proche de moi, le plaid qui était posé sur le lit dans les mains. Il m'offre un sourire et je détourne le regard. Le silence à l'extérieur est agréable, on entend que le vent circuler dans l'air et légèrement la musique en bas. Je m'accoude sur la barrière de protection et Elijah m'imite, juste à côté de moi. Du coin de l'œil, je le vois allumer une cigarette. La fumée passe devant mes yeux, suit le vent et je contemple ce spectacle. Il me tend la cigarette que je refuse d'un signe de la tête.

– Comment tu te sens ?

Sa voix résonne dans ma tête. Je hausse les épaules sans parler.

– Tu n'as pas aimé..?

Je me tourne vers lui et l'observe sous l'éclairage sombre de la lune. Sa peau caramel ressort sous n'importe quelle lumière, ses yeux brilliants aussi. Il ne sourit plus et son rictus me manque déjà. Ses lèvres pincées lui donnent un air inquiet.

J'aime tout chez Elijah, son visage, son corps, sa personnalité, n'importe quel détail physique ou psychologique me plaît. J'aime qui il est. Il est si gentil, ne veut et ne cherche jamais à blesser qui que ce soit. Il est honnête et incroyablement fidèle, protecteur et drôle. C'est souvent plus les autres qui lui font du mal plutôt que lui n'en fait. Il est beau dans tous les sens du terme.

— Bien sûr que j'ai aimé. Tu n'imagines pas à quel point mon coeur a failli lâcher.

Il sourit et ça fait du bien. Il a ce genre de sourire qui apaise même quand tout va mal.

– Je l'aurais rattrapé ton petit coeur.

Je le pousse de l'épaule et il rit légèrement.

– Tu me partages le plaid, j'ai un peu froid aussi ?

Il s'approche de moi encore, son épaule collée à  la mienne et s'enroule dans le plaid. Je ressers le peu de tissu devant moi, le vent frappant directement sur mon visage. Le plaid n'est pas assez grand pour nous deux.

Il termine sa cigarette, pivote vers moi et me tire vers lui pour me prendre dans ses bras. Il nous enroule dans le plaid et je pose ma tête sur son torse, continuant d'observer le ciel noir. Il dépose un baiser dans mes cheveux, un de plus et me sert contre lui. Je soupire, me sentant vraiment bien.

– Elijah ?
– Quoi ?

Je chuchote.

– Je t'aime.

Pendant un moment, il ne bouge plus et je commence à regretter mes mots. Je ne peux plus nier ce fait. Elijah est mon meilleur ami mais je l'aime bien plus que cela.

Il finit enfin par parler.

– C'est pas des paroles en l'air hein ?
– Jamais, c'est trop important...

Au même moment, nos téléphones sonnent.
On s'écarte l'un de l'autre et les extirpe de nos poches.

C'est un message groupé de Karol qui nous envoie la photo de nous deux, prise avant de partir.

– La honte.

Je marmonne, éteins mon téléphone et le range.

– Pas du tout, moi j'aime cette photo.

Je le vois la mettre en fond d'écran. Je roule des yeux, tout de même flattée. Il le range à son tour et passe une main derrière mon cou. Un frisson traverse mon dos, car sa main est glacée.

– Et j'aime du plus profond de mon coeur la fille sur cette photo. Hannah, je t'aime aussi.

Il pose directement se lèvres sur les miennes et j'enroule mes bras autour de son corps. Le baiser, qui n'était que pour un stupide jeu, en a finalement amené un beaucoup plus important.

Fin.

un baiser en amène un autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant