Phase 4 : La présence cachée

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Depuis l'évènement qui m'a déboussolée, j'avais l'impression de la voir partout, malgré ce qu'elle m'avait fait subir, par son ignorance à mon égard. Et le pire dans tout ça, c'est que je ne savais même pas si elle s'était rendue compte qu'elle m'avait littéralement snobée, si elle l'avait voulue, si elle l'avait fait exprès ou si elle ne m'avait tout simplement pas vue. Et au fond de moi, - petite partie qui essaye de se faire une place devant cette jalousie croissante -, pouvait (ni voulait) lui en vouloir. Parce que je voulais me sentir plus forte que ça, plus forte que ce défaut dédaigneux et surtout me rendre plus digne face à moi-même.

Le soir, je ne pris pas le bus : je devais m'entraîner à conduire.  Et là, pendant que j'arrivais à un stop, je la vis débouler brusquement entre les phares de la voiture. Je pilla nette, juste avant de la renverser. Elle avait sa main tendue devant elle, ses doigts effleurant le capot. Ses yeux transmettèrent la frayeur qu'elle venait d'avoir. En oppposition à son sourire malicieux. Je resta bouche bée. Que venait-il de se passer ? Je me décida à lui poser la question alors qu'elle longea la voiture. Lorsqu'elle passa devant ma vitre passagère baissée, ses indéchiffrables paillettes dans son regard vinrent se loger dans mes yeux que je ne pouvais détacher des siens. Elle prit fin à ces quelques secondes intensives qui me parurent durer des heures en secouant la tête. Elle tourna les talons en fronçant les sourcils puis s'engouffrer dans un bosquet plus loin, son sourire mystérieux collé à ses lèvres. 

Je resta plusieurs minutes les mains agrippées sur mon volant, abassourdie, sans la moindre explication sur ce qu'il venait de se passer. Je ne savais même pas si j'avais rêvé ou si elle venait encore une fois de me fuir. M'avais-t-elle au moins reconnue ? Je n'étais sûre de rien.

Quand je rentra ce soir là, l'esprit encore tourmenté par ce qui m'était arrivée plus tôt sur la route, la seule chose à laquelle je pensais était des pupilles, ses pupilles. En y repensant, je me rendis compte qu'elles contenaient un je-ne-sais-quoi que je ne saurais expliquer, mélange subtil entre un brin d'humour, de finesse tendre et d'effroie palpable qui me hanta jusqu'au matin.

Il y avait cette filleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant