Sasha

Ensemble

Driiing !

- Avant de vous laisser partir, je dois vous rendre vos contrôles de jeudi !

Je tremble ; j'attends cette note depuis cinq jours. Elle sera tout simplement déterminante de mes prochaines notes : si elle est bonne, je sais que je peux y arriver, sinon, je suis un cas désespéré.
Comme par hasard, le prof me rend ma copie dans les derniers.

- Alors ? me demande Marco.

Il attend quelques secondes que je lui réponde, mais je ne peux pas. Alors il se penche lui même pour voir :

- Wah, 17 ? Bien joué gros !
- Tu vois, que tu peux le faire.

Je lève les yeux pour apercevoir Ellie. Sa voix est douce et réconfortante. Elle m'adresse un dernier sourire d'espoir, puis me tourne le dos.

Je me liquéfie totalement de bonheur.

- Finalement, me chuchote Marco, elle est pas si terrible, Ellie ?
- Carrément pas mec... je réponds d'une voix un peu trop rêveuse. Elle est hyper sympa en vrai et puis, elle a encore plus de répartie que toi, finis je avec un clin d'œil.
- Impossible ! se brusque t-il d'une voix faussement vexée avant de rire.

_

- Je le sens pas, gros, je le sens pas...
- T'inquiètes, Marco, c'est pas si terrible ! Et t'es loin d'être con, tu vas l'avoir c'est sûr.
- C'est dans deux semaines et demi, et j'ai pas révisé !
- Mais qu'est ce que t'attends ?
- J'sais pas, j'ai déconné...

Alors qu'on arrive vers notre banc devant le collège, une personne l'occupe déjà. Une personne qui me donne l'impression de fondre rien qu'à sa vue.

- Salut, Sasha.

L'entendre prononcer mon prénom, c'est encore plus que du bonheur, c'est juste la meilleure sensation au monde.
Et j'en ai marre qu'elle me fasse ressentir des trucs comme ça ! Pourquoi ? Pourquoi elle ? Pourquoi moi ? Merde à la fin ! Je l'aime, moi ! Ouais, je l'aime, ouais. J'ai enfin compris que c'était débile de me le cacher à moi même. Alors ouais, je l'aime. Voilà. Et ça me saoule profondément de savoir que ce n'est pas réciproque.

Parce que c'est évident que ça ne l'est pas. Impossible qu'elle ne ressente plus que de l'amitié pour moi. Alors que moi, ça ne l'a jamais été. À la seconde près où je l'ai vue, à la rentrée, je l'ai immédiatement aimée.
Et BORDEL QUE C'EST CHIANT !

- Salut, Ellie.

Et voilà. Et elle recommence à sourire. Et y'a ces foutus papillons qui reviennent voler à mille à l'heure dans mon ventre. Si un jour je croise celui qui a eu cette stupide idée d'inventer l'amour, octogone direct.

- Ça va, Marco ?
- Hein ? Euh, ouais, ça va, répondit il sûrement un peu surpris qu'elle ne lui parle. Et... Toi ?
- Ça va, merci. Mais franchement, arrête.

Alors qu'il commençait à allumer sa cigarette, il lève les yeux vers elle d'un air assez énervé. Marco déteste qu'on lui donne des leçons, alors si en plus ce n'est pas un de ses potes...
Loin d'être déstabilisée, Ellie redresse son bandeau et commence :

- Je sais que tu penses que ça te détends, mais dedans il y a plus de quatre mille substances différentes, dont la nicotine, qui en plus de te rendre addict en moins de sept secondes te stresse bien plus que tu ne l'étais. C'est sur l'instant que tu te sens légèrement plus détendu, mais ça ne te rend que plus stressé par la suite.