Lettre une: regards et sensations

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Mon cher et tendre Aki,
Je m'apprête à t'expliquer ce que je ressens, même si c'est complètement débile parce que tu ne liras jamais cette lettre... cela doit être l'amour que je ressens pour toi.
Tout a commencé par un regard.
Un seul regard,
le tien,
dans le mien.
Un magnifique regard.
Une drôle de sensation s'est emparée de moi à ce moment là, comme si tes yeux m'aspiraient pour m'enfoncer dans le vert profond de tes iris.
Cet échange fut cependant bref;
On se trouvait dans le couloir du lycée.
Moi plongée dans mon livre et toi probablement dans tes pensées. Nos épaules se sont percutées, on s'est donc regardés pour s'excuser prestement.
Contrairement au rapide "excuse moi" prononcé, j'ai trouvé ce contact visuel éternellement long.
Puis tu as continué ta route, me laissant seule, les émotions en vrac, au milieu de ce couloir.

Je t'ai revu pendant la pause déjeuner, à la table à droite de la mienne, accompagné de tes potes.
J'essayais tant bien que mal de ne pas éterniser mon regard sur toi mais c'était peine perdue. Mes yeux cherchaient automatiquement les tiens afin de pouvoir s'y perdre à nouveau.
Mes amies ont remarqué mon attention à ton égard et c'est ainsi que j'ai pu faire ta connaissance sans que tu le saches : Aki Trivio, le nouveau de la classe.
À l'entente de ton nom, mon cerveau n'a pas arrêté de le répéter en boucle.
Aki, Aki, Aki...
Un magnifique prénom, aussi banal soit-il.

Une semaine que je n'arrivais plus à penser à autre chose qu'à toi, tes yeux, ton visage, ton être entier, ton nom.
Une semaine que j'entendais "mais Haru va lui parler !" ou "Oho? Ici la Terre, vous me recevez ?" ou encore "encore à contempler son Aki !".
Oui, je n'arrêtais pas de t'observer, de contempler tes faits et gestes si simples mais si authentiques à la fois. Tout ce que tu pouvais faire me fascinait d'une manière ou d'une autre. J'avais l'impression de devenir folle.

J'ai donc décidé d'aller te parler. Ou plutôt, j'en ai été forcée. Mes amies en avaient marre que je sois sur, je cite, "la planète Aki" et que je n'ouvrais la bouche que pour parler de toi. J'étais incapable de faire autrement tant tu occupais toutes mes pensées.
Je t'ai cherché partout pour enfin te trouver dans la bibliothèque. Même en lisant un livre dans le silence et le calme le plus complet comme les trois quarts des gens, tu accaparais toute mon attention par ta beauté incontestable. Je ne savais pas comment t'aborder. À chaque pas que je faisais et qui m'approchais de toi, mon cœur affolé battait de plus en plus vite, à en faire souffrir ma cage thoracique.
Arrivée près de toi, je ne sus quoi faire, alors je fis ce que je faisais depuis plus de deux semaines maintenant : te regarder. Mais cette contemplation prit vite fin, car mes yeux étaient à présent plongés dans les tiens. Mon cœur cessa de battre.
Je n'avais jamais eu autant de mal à prononcer des mots et former des phrases censées.
"Euh..salut...euh...je suis une fille de ta classe et je voulais te demander si tu pouvais me passer les cours d'hier s'il te plaît. Mes amies n'ont rien écrit...héhéhé..."
Voici ce que j'ai réussi à formuler malgré la panique présente dans mon cerveau et mon cœur. Tu m'as regardé un instant puis tu as sorti un cahier de ton sac.
"Tiens je te passe déjà le cours de maths. Je t'envoie le reste par message."
Ta voix ... je pense que jamais dans ma vie un aussi grand frisson n'a parcouru mon corps que lorsque ces mots ont traversé la barrière de tes lèvres.
J'ai pris le cahier en essayant de trembler le moins possible et je me suis assise en face de toi.
Durant toute l'heure, nous fumes plongés dans un semi-silence, meublé d'une part par le bruit de mon crayon glissant sur le papier et d'une autre part par celui de mon cœur qui battait beaucoup trop fort à mon goût.
Lorsque je t'ai rendu ton cahier, tu m'as tendu ta main et un stylo.
"Ici écrit ton numéro sur ma main"
Dès que mes doigts touchèrent le dos de ta main, une chaleur soudaine me prit et mes joues s'enflammèrent.
Ta peau était d'une douceur indescriptible.
Lorsque j'eus fini, tu regardas avec curiosité mes petites inscriptions.
"Très joli prénom. Alors à demain, Haru"
Tu t'es levé et tu es parti, me laissant seule avec, à présent, la certitude que j'étais éperdument tombée amoureuse de toi.

Lettres que tu ne liras jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant