Amazone - Chapitre 3

322 14 3
                                    


III


Bien que ce soit elle qui ai insisté pour qu'ils dorment un peu et attendent le lever du soleil pour quitter le camp, Madie n'arrivait pas à trouver le sommeil.

Pelotée dans sa couverture de survie, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à ce qu'ils s'apprêtaient à faire et à tout ce qui pouvait mal se passer.

Quelques heures plus tôt, ils s'étaient mis d'accords - plus ou moins facilement - pour tenter leur chance sur la rivière. Principalement parce que Ted ne pouvait pas marcher et que le porter au milieu de la jungle risquait de s'avérer trop compliquer. S'il était toujours vivant au petit matin...

Elle se gifla mentalement. Il ne fallait pas qu'elle pense comme ça.Pour le moment son collègue respirait toujours! Même si la fièvre qui s'était déclarée la nuit précédente - sans grande surprise, certaines de ses plaies s'étaient infectées - réduisait à quelques dizaines de minutes ses périodes de conscience... Et il n'avait rien mangé depuis la veille ce qui ne l'aidait pas.

Il faudrait à nouveau changer ses pansements avant de partir, mais elle avait peur de ce qu'elle trouverait dessous...


Elle n'aurait jamais pensé se retrouver un jour dans une situation où la vie de quelqu'un reposerait sur ses maigres compétences de secouriste. Et même si elle ne pouvait pas encadrer ce petit macho de Ted, elle ne voulait pas avoir un autre mort sur la conscience.

Une bouffée d'angoisse lui serra la gorge et elle sentit les larmes lui monter aux yeux. L'image du pilote sans vie s'imposa à elle pour la énième fois. Son corps froid qu'ils avaient enveloppés dans ses propres vêtements, Harrison, Tom et elle, avant de le laisser se faire emporter par la rivière.

Tom avait envoyé Jon et son frère ramasser du bois pour lui épargner la conversation improbable qu'ils avaient eu tout les trois pour décider quoi faire du mort. Pauvre homme...Sa famille allait devoir se passer de corps pour les funérailles. Mais ils n'avaient rien pour l'enterrer correctement et ils ne pouvaient pas se permettre de le garder près du camp au risque de voir elle ne savait quels charognards venir se servir...


Elle essaya d'étouffer ses sanglots. Harrison dû l'entendre car il posa une main réconfortante sur son épaule à travers sa couverture de survie – elle su que c'était lui car elle sentait le bandage qu'elle lui avait fait sur les coupures de sa paume. Mais les image se pressaient derrière ses paupières closes - le corps du pilote avalé par les flots, le cris pendant que l'avion piquait vers le sol, la main tressaillante du stewart - et les souvenirs se tordirent et se corrompirent et soudain c'était Harrison qui agonisait sous ses yeux.

Elle se redressa en sursaut, haletante.

Elle enfonça ses poings dans ses yeux et se força à calmer sa respiration. Penser à autre chose, elle devait penser à autre chose. Elle essaya de se concentrer sur les flammes, de compter les branches qui dépassaient du foyer. Elle récita le numéro de téléphone de sa mère puis les raccourcis d'appel du boulot - Jon en 1, le poste de sécurité en 2...


Quand elle fut calmée, elle se rendit compte que Harrison et Tom s'était assis eux aussi et la regardaient avec un air inquiet.

- Désolée de vous avoir réveillé, murmura-t-elle.

- Eh, lui dit doucement le premier, tu nous lâches pas hein.

Il s'approcha et passa un bras autour de ses épaules.

- Je fais que tes conneries quand tu me surveilles pas.

AmazoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant