Chapitre 2

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« Le manque de toi me vient par vagues

Ce soir je me noie »

-Hannah Taylor

Lorsque Bess ouvrit les yeux, elle était allongée par terre. Elle se redressa tant bien que mal et se rendit compte qu'elle était sur le bord de la plage. Que s'était-il passé ?

Elle se souvint de la sensation de son corps qui chutait dans le vide. Puis, elle avait heurté l'eau. Le choc l'avait aussitôt fait basculer dans l'inconscience. Néanmoins, pourquoi était-elle toujours en vie ? Elle ne se souvenait pas avoir nagé jusqu'à la rive.

Bess observa le roulement des puissantes vagues s'échouer sur le sable. Elle n'avait certainement pas pu se sauver elle-même. Mais qui l'avait aidée ? Était-ce un des membres du groupe de Jessie et de Paul ?

Elle leva la tête vers le haut de la falaise, qui était désert. Ils étaient sans doute partis, préférant la fuite. Dire qu'elle les avait crus !. Avaient-ils paniqué pour l'abandonner ainsi ? Probablement...

Bess était certes une excellente nageuse, mais apparemment pas assez. Pourtant, on l'avait déjà mis en garde contre l'endroit. Elle ne se souvenait pas précisément qui, mais elle aurait dû écouter l'avertissement.

La jeune fille se frotta les yeux, quelque peu déboussolée. Une image ne cessait de hanter son esprit.

Des yeux.

Hypnotisants. Ensorcelants. Un regard bienveillant qui semblait lire au plus profond de son âme. Les teintes de la mer dansant dans des iris dans lesquels Bess avait l'impression de se noyer une seconde fois.

Était-ce les yeux de celui ou celle qui l'avait aidée ? Personne de sa connaissance ne possédait des iris d'un tel éclat. Pourtant, ils lui semblaient si familiers...C'était déconcertant.

Bess se leva et grimaça en sentant ses membres douloureux ; elle avait l'impression qu'un train lui était passé sur le corps. Ce n'était pas très surprenant. Après tout, elle était tombée dans l'eau comme une pierre. C'était même une chance inouïe qu'elle n'ait rien de brisé.

Elle claudiqua jusque chez elle. Sa mère la questionna, mais elle préféra garder cette mésaventure secrète, ayant trop peur des représailles de ses « camarades ». Après tout, qui l'aurait cru ? C'était sa parole contre la leur.  Leur groupe ne l'avait jamais beaucoup appréciée et c'était sans doute à cause de la haine entre Sophie et Bess, qui remontait à très longtemps, alors que Bess venait d'emménager dans le coin. Elles avaient éprouvé de l'aversion l'une pour l'autre dès leur première rencontre, Sophie par jalousie, et Bess par dégoût du traitement qu'elle réservait aux élèves qu'elle n'aimait pas. Dès ce jour, Sophie avait fait de la vie scolaire de Bess un enfer. Or, celle-ci savait se montrer insensible à ses railleries, mais aussitôt que son ennemie mentionnait son père, ses résolutions de l'ignorer partaient en fumée. Sophie s'en rendait compte et se délectait de la rage qu'elle provoquait chez Bess.

Ce jour-là, Bess se rendit à l'école comme chaque matin. On lui avait annoncé la veille que sa correspondante, du nom de Célia, habitant Montréal, allait arriver dans les prochains jours. Bess s'était inscrite, quelques mois plus tôt, à un échange étudiant. Elle voulait découvrir le pays natal de sa mère, le Canada, où l'hiver était présentement installé, et l'idée d'apercevoir enfin les paysages enneigés et de vivre là-bas l'enthousiasmait. Elle était fascinée par la neige et avait très hâte de connaître les joies hivernales. Sa tante habitait sur la rive-sud de la ville de Québec et Bess voulait profiter de son voyage au pays pour lui rendre visite. Elle ignorait si la dame se souviendrait d'elle, mais souhaitait la rencontrer. Depuis quelques mois, Bess échangeait donc régulièrement des messages électroniques avec l'étudiante montréalaise, qui avait l'air très sympathique et avait hâte de la rencontrer. Célia viendrait pendant deux mois et, à son tour, Bess, irait chez elle deux autres mois.

La saga des Syrès : Origines ( Publié aux Éditions du Tulinois)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant