Prologue :

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Dans la nurserie du récent clan des Ailes de Feu, les brumes du songe avaient pénétrées et envahies le cerveau des dizaines de dragonnets et d'oeufs présents dans l'immense salle et au-delà, les ténèbres avalaient le monde extérieur, bien qu'on puisse avec beaucoup de facilité discerner les trois lunes dans le ciel.

Certains de ces bébés dragons dragon de feu s'étaient positionnés dans les longs et larges canaux de roches d'obscidienne qui serpentaient dans toute la salle noire et sombre, canaux remplis de lave lumineuse qui réchauffaient à la fois les dragonnets de feu et les œufs laissés dans la nurserie.

D'habitude, un, voir plusieurs dragons adultes surveillaient les jeunes dragonnets. Mais aujourd'hui - ou plutôt cette nuit - le seul adulte présent était un gros dragon paresseux qui préférait dormir que de s'occuper des dragonnets. Tous les parents, adoptifs ou non étaient partis, avec ou sans leurs dragonnets, la nurserie servant de surveillance pour les nouveaux nés, certains dragonnets et les orphelins, qui étaient souvent adoptés par des dragons qui voulaient avoir des enfants.

Tout était calme et paisible, tranquille, la lave rouge-orange et chaude circulait librement et tranquillement entre les petites îles créées des creux et bosses des différents canaux de roche noires et coupantes, polies pour que les dragonnets ne se blessent pas,  illuminant la grande salle d'une faible lueur flamboyante qui se mouvait en même temps que la lave qui se refroidissait légèrement, laissant voir des planques noires de roches flotter à la surface tel des iceberg dans une mer gelée.

Les lunes, immenses yeux d'un dragon millénaires, montèrent dans le ciel, la nuit entendant ses ailes noires au dessus de tous les royaumes, gardiennes des songes gaies ou tristes, sombre ou lumineux.

Dehors, les dernière lueurs des habitations du royaume avaient disparues, les derniers dragons s'étaient endormis, heureux, cette nuit étant l'Equinoxe d'Hiver, qui marquait le début de l'an nouveau. On disait d'ailleurs que les dragonnets nés cette nuit étaient très puissants, et possédant beaucoup de pouvoirs.

Les seules lueurs visibles étaient celles des lunes, et des volcans qui se découpaient sur le ciel, embrasaient le ventre de la nuit.

On pouvait maintenant voir trois boules lumineuses qui regardaient par la petite lucarne taillé dans la roche du mur les œufs en contrebas, de la même forme que ces trois globes. Elles se tenaient au dessus d'eux, menaçantes, comme pour surveiller les dragonnets d'un œil jaloux, la nuit les serrant dans ses ailes... Ou les emporter au fin-fond d'elle-même. Mais les lunes continuèrent leurs longues courses, comme si, dépitées de ne pouvoir les atteindre, elles préféraient essayer de passer par le toit percé de trous servant à laisser passer la fumée mortelle produite par la lave pour s'y glisser et transpercer les coquilles de ces œufs de ses multiples rayons blancs fantomatiques.

                                                               Darkness will come...

Un battement d'aile se fit entendre, d'abord lointain et a peine perceptible, comme si la nuit avait aspiré l'écho, puis un autre se fit entendre, légèrement plus proche, puis ils s'intensifièrent lentement, la nuit perdant son pouvoir sur les sons, le son se répercutant dans tout l'immensité de la nuit, écho lointain du mouvement de la nuit.

 Un dragon approchait.

Les trois lunes semblaient fixer le dragon, comme le suspectant de vouloir lui voler son précieux trésor inaccessible, essayant de le dévoiler au monde, pour le démasquer, bien qu'aucun de leurs rayons n'atteignit le voleur de nuit.

Il approcha au ralentit, le temps comme suspendu, de la salle aux trésors vivants, diamants étincelants de vie.

Il fini par atterrir devant l'entrée encore un peu éclairées par les lunes, les éclipsant totalement, et entra sans bruit apparant, quoique ses ailes aient créé un ouragan dans le silence de la nuit qui le surveillait, désapprobatrice.

Réveillés par le tumulte créé par les ailes du mystérieux dragon en question, plusieurs dragonnets se réveillèrent.

Ils levèrent lentement leurs minuscules têtes fines, les yeux endormis et brillants et levèrent ceux-ci au ralentit vers l'inconnu qui les toisait, d'un regard sombre, ombre parmi les ombres, ténèbres dans les ténèbres.

En entre-ouvrant leurs paupières fatiguées, ils virent deux grand et mince yeux rouges sang qui figèrent le leur dans leurs veines, les pétrifiant sur place de terreur, les yeux écarquillés par la peur. Yeux qui n'étaient rouges sang que par le jeu de lumière créé par la lave. Mais ce simple mirage suffit aux dragonnets mal réveillés pour les apeurer.

L'inconnu d'ébène, voyant leurs désarroi et leur terreurs, dévoila pleins de dents pointues et fines qui formaient un arc de cercle blanc éclatant, contrastant avec la nuit, sur le visage toujours invisible du grand dragon - où de la grande dragonne - ses écailles assombries par l'obscurité de la nuit, la lave ni les lunes ne lançaient même le moindre minuscule reflet sur ses écailles.

Cet inconnu effrayant leva une patte d'ombre vers les jeunes dragonnets, commençant à avancer vers eux, son grand sourire aux lèvres, effrayant, terrifiant de plus en plus les dragonnets, qui ouvraient leurs grands yeux tout rond, incapables de réagir, leurs minuscules serres enfoncées dans la roche friable.

Ondulantes comme des serpents noirs, les énormes pattes sombres et crochues se rapprochaient, inévitablement des bébés dragons trop effrayés pour pouvoir bouger, ne serait-ce qu'une écaille.

Apparemment, l'inconnu sembla apprécier cette frayeur et leurs visages déconfits, souriant de plus belle de son sourire terrifiant, horrible.

Il approcha, encore et encore, l'atmosphère de la salle, toujours calme et douce devenue pesante et électrique, tendue au point d'exploser en pleins d'éclairs de peur, foudroyants les dragonnets.

Soudain, alors que le terrifiant dragon n'était qu'à quelques pas des dragonnets, il leva  et tourna brusquement la tête, son regard plissé laissa paraître l'espace d'un instant une lueur de peur,  de tristesse et de colère mêlée, puis il ouvrit des ailes noires comme la nuit la plus sombre et partit, plus furtif qu'un coup de vent ou qu'une chouette effraie dans la nuit la plus profonde et complice.

Le surveillant se réveilla une fraction de seconde plus tard, sûrement alerté par un jeune moins effrayé.

Ils regarda autour de lui, méfiant, mais, ne voyant rien, il finit par se recoucher, baillant aux corneilles.

Devant les mines terrifiées des dragonnets, il ajouta, tranquillement, le plus calmement possible pour un dragon, sur le ton de la discution :

- Vous avez dû rêver.

Puis, peu de temps après avoir murmuré ces quelques mots :

- Bonne nuit.

Ajouta-t-il simplement à l'égard des bébés dragons avant de s'endormir.

Cependant, les jeunes restèrent les yeux rivés sur la porte, trop terrifiés pour s'endormir, puis, finalement, trop fatigués, puis convaincu que tout ceci avait été un rêve, ils s'endormirent, les uns après les autres.

                                                                       Darkness reborn.

Cependant, dans la salle désertée des regards curieux des dragonnets, dans un recoin sombre, un œuf doré, qui n'avait pas été placé là par un des adultes, miroitait dans les canaux de lave, remouant, tremblant tellement qu'il semblait éclore à tout moment, la salle renvoyant l'écho des bruits silencieux de l'œuf.

HubrisWhere stories live. Discover now