Hubris

Chapitre 1

Wind était une dragonnette qui n'était vraiment pas née au bon endroit ; elle ne pouvait faire un geste sans que les autres dragonnets la regarde bizarrement.

De tous les dragonnets de son âge, elle était la seule dragonnette qui n'avait -vraiment- pas de parents. Elle n'était pas la seule orpheline du centre, mais ils avaient tous fini par trouver une famille. Pas elle. Tous les dragonnets se faisaient adopter vers 1 ans. Elle en avait le triple, à 3 ans, elle n'avais toujours pas de parents. Ils y avaient des dragonnets plus vieux dans la nurserie, mais ils étaient là que parce que celle-ci servait aussi de garderie. Et tous ceux-là se moquaient d'elle, et ne cessaient de lui rappeler qu'elle n'avait personne.

Mais pourquoi se moquaient-ils d'elle, pourquoi n'arrivait-elle pas à trouver de parents me diriez-vous. 

Et bien, disons qu'elle avait quelques particularités physiques. Ses écailles étaient plus claires et grises que la plupart des dragons de Feu. Bien que ceux-ci aient des écailles similaires, c'était un trait plutôt rare. Hélas ce qui les gênaient le plus, c'était sa queue. Ah ! sa queue. Elle la haïssait de toute son âme. Celle-ci étaient énorme, ronde, comme une gigantesque  pustule infâme. Elle avait essayé de la couper avec ses griffes, ses dents et les pierres, d'arracher la partie malade de son corps, ce monstre, ce parasite qui la rendait hideuse aux yeux de tous, malgré la douleur. Rien à faire. Son excroissance restait là, visible, énorme, et si hideux à ses jeunes yeux rouge rubis. Les autres dragonnets de son âge se moquait d'elle à cause de ça, elle n'avait personne à cause de ça. Pas de papa, pas de maman, personne n'aimait cette boursouflure, cette CHOSE qui pendait à sa queue. Personne ne l'accepterai. Pas de papa, pas de maman. Personne ne voudrait d'elle, TOUT CA A CAUSE DE CETTE ABOMINATION ! 

Elle ne pouvait quitter la nurserie sans parents, et commençait à en avoir assez. Assez de ces moqueries, de cet endroit qui rimait maintenant avec prison, abandon et haine. Les pièces du bâtiment lui paraissaient maintenant trop petite. Elle enrageait, prisonnière de sa peau, ses écailles. SA malformation. 

Pratiquement chaque nuit, elle pleurait dans son lit, le museau dans les couvertures, se demandant pourquoi elle était comme ça, pourquoi la Vie lui avait fait tant de torts, pourquoi on l'avait abandonné, pourquoi juste sa queue lui causait tant de problèmes. 

Elle aurait pu en vomir. En devenir folle, à force de ressasser cette idée. L'idée que sa queue, sa malformation la suivrait partout, comme un boulet attaché à sa frêle queue.

Dans ses rêves, parfois elle se voyait normale, heureuse, puis la vision changeait, sa queue grossissait, devenait énorme, hors de contrôle, et prenait toute la place. elle étouffait. Elle se réveillait alors en hurlant. Le rêve se répétait. Parfois même, sa queue devenait tellement lourde qu'elle ne pouvait plus bouger et elle restait là, seule, et agonisait pendant que les autres dragonnets l'agressait. Une nuit, elle avait vu son corps se couvrir d'autant d'excroissances, comme si sa maladie s'était propagée dans tout son corps. 

Les autres dragonnets et les parents l'avaient cru d'abord folle, quand elle poussait des crises nocturnes, qu'elle tentait d'expliquer à moitié endormie, rendant son discours encore plus incohérent. Puis on l'avait installée plus loin, dans un dortoir solitaire. "pour me faire comprendre que je suis seule, que PERSONNE ne m'aime et ne m'aimera JAMAIS" pensait-elle souvent.

Le jour, elle évitait les autres dragonnets. Les autres dragons en général, plutôt. Elle allait voir les petits au début, parce qu'ils étaient trop jeune pour vraiment se moquer, mais ils lui posaient trop de questions et souvent cela tombait sur quelque chose qu'elle préférais oublier, la blessant sans le faire exprès. Et la curiosité qu'ils avaient remuait toujours le couteau dans la plaie. Puis les petits dragonnets se moquaient d'elle de temps en temps, même si c'était rarement méchant. Ainsi elle les évitait.