Tu es là.
Une boule se niche dans mon ventre comme si l'idée de recroiser ton regard m'angoissait profondément. Quand j'ouvre la porte je te vois, en train de cuisiner en dansant. Une cuillère en bois pleine de sauce tomate à la main, tu vas finir par en faire tomber, je souris à cette vision. Tu te retournes doucement vers moi, t'approche, attrape le sac que je tenais et le pose par terre avant de prendre ma main et de me faire danser.
Ta main.
Tu la lâches quand tu vois mon regard noir, mais tu m'attrapes par la taille. Le t-shirt sert de barrière entre ma peau et la tienne. Tout va bien. Je me sens un peu plus à l'aise et je me mets à danser avec toi, du moins je me laisse porter. Avec la lumière franche du salon je peux enfin t'observer, tes cheveux ont une couleur particulière un brun clair, épais et plutôt long par rapport aux autres hommes de ton âge. Tes yeux aussi ont leurs singularités, très clair ils sont teintés de vert/gris. Je ne peux pas dire que tu es le stéréotype de l'homme beau, non, tu es particulier. Tu as du charisme. Pourquoi tu souris tant ? Tu portes un t-shirt basique d'un bleu marine terne et un jeans. Lorsque la musique se termine tu t'écartes légèrement de moi.
-Je n'étais pas certain que tu reviennes. Je suis content que tu sois là, j'ai cuisiné.
Est-ce que tu attends une réponse ? Oui c'est évident... Je ne sais que dire... "ça sent bon.." dis-je peu assurée
-C'est la première fois que j'entends ta voix ! Dis-tu excité
En effet, je n'ai pas dit un mot depuis que je suis ici, la honte me monte aux joues. Je souris timidement, tu t'approches doucement et me tends ta main. Je la saisie et je fixe nos deux peaux soudainement liées. Dois-je me méfier ?
Oui, évidemment.
Tu me fais tourner doucement d'un air heureux, ton euphorie enfantine me fais sourire de plus belle.
La musique est entraînante, tu fermes les yeux, lâche ma main et toujours avec ta cuillère en bois à la main tu te mets à danser tout seul.
Tu es un drôle de garçon, je te regarde en riant.
-Cesse de rire et danse, promis je ferme les yeux !
J'ose difficilement, puis... je ferme les yeux... Je ne risque rien à danser. Je ne sais pas danser, tu vas me juger, je suis incapable, je vais te décevoir.
Je reste immobile comme terrorisée devant un immense dilemme, c'est ridicule.
Je t'observe, tu danses de plus en plus mal dans une suite de gestes sans sens particulier. Est-ce que tu fais exprès pour me mettre à l'aise ? C'est la dernière personne qui va me juger.
Je me mets doucement à danser les yeux fermés. Mon corps se laisse porter, j'adore cette situation je me sens bien. Quand j'ouvre les yeux tu es en cuisine en train de remuer la casserole. J'ai honte. Tu m'adresses un regard rassurant.
-Viens là, goûte ça !
Je mange l'entièreté de ta cuillère et je me délecte de ces saveurs exquises. Es-tu cuisinier ? Non impossible.
- c'est excellent... Tu tires une révérence.
-Hum, je t'ai acheté une petite chose
Tu te diriges avant même la fin de ma phrase vers le sac que j'ai amené. Tes yeux s'illuminent devant le vinyle que je t'ai déniché.
-J'ai vu ton lecteur alors...
-Trop bien je ne le connais pas du tout ! Dis-tu en le mettant en route. Est-ce que j'ai le droit de connaitre ton prénom ?
Je réfléchis un instant.
-Grace, je m'appelle Grace
Alors, mon cadeau te plaît, génial... ça pourra éventuellement rattraper mon dérangement... Tu as l'air d'apprécier la musique tu danses un petit peu en t'approchant de moi.
Ne me touche pas...
Tu me prends par la main et d'un coup de bras m'approche. Collée à toi en débutant un pas de danse, je m'éloigne et te repousse soudainement.
Ce contact me brûle, je tremble j'ai mal je m'enfuis en courant dans la salle de bain.
Un silence de mort s'abat sur l'appartement de mon cher hôte. Je ne sais décrire le sentiment qui me prend, j'ai honte d'avoir fuis ainsi mais j'ai peur je suis terrorisée par le contact physique. Pourtant, je sais que ma douleur soi-disant physique n'est que dans ma tête, ce jeune homme me rassure comme personne ne l'as fait et j'aimerais lui faire confiance mon dieu comme cela serait un repos incroyable.
Je me déshabille et entre dans la douche afin de me laver de toute la honte qui s'est déposé sur moi. Je dois être restée au moins 20 minutes sous l'eau en pleurant comme une enfant.
La porte s'ouvre, je te vois, tu me regardes, je baisse les yeux oubliant presque que je suis nue. Je ne cesse de pleurer, j'angoisse et ma respiration est difficile. Je t'en prie ne me parle pas.
Tu t'empares du gel douche, en met dans tes mains et les balades dénué d'arrières pensées sur mon corps tétanisé. Ce contact m'apaise, mes yeux toujours fermés j'analyse mes sensations. Tu ne me regardes pas, tu restes concentré sur ta tâche tout en prenant le soin de ne pas me brusquer. J'apprécie tant cela.
Tu es doux, tu passes l'eau sur moi, enlevant délicatement la mousse de mon corps. Le silence habille ma peur, je me sens presque en confiance. Lorsque tu arrêtes l'eau tu prends une serviette et m'enroule dedans. Puis tu me tournes vers toi.
-Ouvre les yeux,
Je t'écoute comme si ma confiance brouillait toute mon appréhension. Tu me regardes droit dans les yeux. Un regard intense. Je ne sais le déchiffrer et bordel c'est frustrant je sens que tu cherches à me transmettre quelque chose. Parle bon sang ! Mais tu n'en fis rien, au lieu de ça tu me portes jusqu'au canapé.
-Pardon d'être...bizarre ? -murmurais-je
-Bizarre ? Tu rigoles tu ressembles à une psychopathe ! Mais tu sais quoi, j'en suis un aussi.
-Toi ? -J'éclate de rire- Tu as un boulot, un appartement magnifique, regardes tu as même un canapé en cuir, tu écoutes de la musique sur vinyle et je suis sûr que tu as des amis fidèles et peut-être même une famille qui t'entourent, tout d'un psychopathe !
Tu restes un instant figé en regardant ma bouche avant de dire:
-Et bien tu es bavarde ce soir, -mon dieu ce sourire.
-Tu as une copine ? -Mes joues rosissent à ces mots renoncés sans réfléchir.
-Pourquoi me confirai-je à une inconnue ?
Je souris à mon tour, je meurs de froid dans cette serviette. Je me lève et me retrouve dans sa chambre, je fouille une nouvelle fois ces tiroirs et trouve un caleçon et un pull, son pull me fait une robe, on dirait un cliché de film romantique américain à la con, mais je m'en tape je suis arrivée dans sa vie trempée, par terre devant sa porte, je lui ai donné un faux nom et j'ai caché mes effets personnels, entre nous, il n'y a rien d'un film romantique joué par Julia Robert.
-Je ne travaille pas demain, j'ai pris un jour. On peut sortir si tu veux.
-Où ? -Dis-je un peu paniquée
-Balader, j'aimerais te montrer ma petite ville et apprendre à te connaitre je ne sais rien de toi et sincèrement j'adorerais remédier à ça..
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Subitement, tu es là
RomanceJe suis troublée, névrosée, seule, morte plusieurs fois, hypersensible, peureuse. Tu vas apprendre à me connaître parce qu'il est tard. Parce que j'ai froid et que je suis seule, dehors. Tu ne sais encore rien de moi. J'ai d'ailleurs changé d'identi...